Ce que l’on constate en premier lieu lorsque l’on porte son regard sur trente ans de SIDA, c’est qu’il s’agit d’une maladie dont, aux premières heures de l’épidémie, on mourrait nécessairement et que l’on peut aujourd’hui guérir. Jamais dans l’histoire de la médecine, on n’avait trouvé si rapidement des solutions à un problème sanitaire de cette gravité. Pourquoi de tels résultats ?
On pourrait penser que c’est la virulence avec laquelle a surgi la maladie qui a frappé les esprits et ainsi mobilisé la communauté scientifique. Certes, de nombreux médecins se sont lancés très tôt dans le combat contre cette maladie, mais c’est surtout la véhémence des échanges entre différents groupes de praticiens de santé qui a fortement stimulé les évolutions. La concurrence a été profitable à tout point de vue. Les relations ont été encore attisées par les réactions des patients qui, pour la première fois, remettent en question les autorités scientifiques.
À court terme, l’apparition de nouvelles molécules ; à long terme, l’émergence de procédés de recherche qui concilient éthique et fiabilité scientifique. En définitive, le progrès est double : c’est ce qui rend le SIDA exemplaire et spectaculaire.
L’arrivée des tri-thérapies a réglé certaines questions liées aux traitements du SIDA. Le grand public a cru à l’apparition d’une recette magique, et les médias grand public se sont désintéressés de la maladie. Alors que le SIDA frappait très violemment les esprits dans les années 80, il est aujourd’hui banalisé ; nombreux sont ceux qui ne ressentent plus la menace, c’est pourquoi les polémiques semblent éteintes.
Cependant, les chercheurs sont maintenant confrontés à un autre problème, à savoir celui du vaccin. Nous sommes aujourd’hui au début d’une nouvelle phase de la lutte contre le SIDA. Les essais thérapeutiques n’ont donc pas fini de défrayer la chronique. En effet, il est aujourd’hui nécessaire de travailler à l’élaboration d’un produit d’un tout autre type (vaccin préventif et non plus traitement curatif), et il ne serait pas étonnant de voir naître des polémiques au sujet des campagnes de tests qui précéderont toute validation.