Si dans les années 1990 l'implantation d'un nouveau réacteur aurait provoqué des levées en masse, la situation semble s'être modifiée dans les années 2000. C'est dans ce contexte qu'arrive l'EPR, non seulement pour assurer l'indépendance énergétique de la France, mais également pour entretenir la position de tête qu'occupe la France dans le domaine du nucléaire 8.1. Cet enjeu est présenté de façon national, et pourtant les populations qui vivent aux alentours des centrales sont concernées d'une manière bien plus réelle et saisissable à la réalité d'une centrale sur le terrain. Si certains effets dépassent largement les quelques kilomètres entourant le lieu de production, d'autres ne sont ressentis que sur place.
Quelles sont les conséquences d'un EPR sur l'environnement local ? Comment est perçu la perspective d'accueillir un EPR ? Comment se passe, le cas échéant, la préparation à la réception de ce nouveau réacteur ?
Ceci correspond à quelques enjeux concernant les activités alentours, mais qui ont de réels impacts à une échelle nationale, voire au-delà, sur des décisions prises par d'autres acteurs.
Commençons par la partie la plus visible de l'iceberg. Le choix du site de Flamanville pour la construction de la tête de série en octobre 2004 (position dans la chronologie) a donné lieu à de nombreux articles de presses. (Rappelons que les centrales de Flamanville, Penly et de Tricastin étaient candidates). Le site de Flamanville comprend actuellement deux réacteurs et des places sont encore libres sur lesquelles sera construit le nouvel EPR. Les articles permettent de constater que les élus de Basse-Normandie apprennent la nouvelle avec une grande satisfaction. Un « extraordinaire consensus » des élus est évoqué par les élus eux-mêmes 13.17 et est également repris par EDF qui présente ce consensus des élus et des acteurs économiques locaux comme un « élément déterminant dans le choix du site » 19.2.1.
Le consensus dont nous venons de parler est expliqué par Jean-François Le Grand, président UMP du conseil général de la Manche en 2004 lors d'une conférence de presse à Saint Lô faisant suite à l'annonce du choix du site de Flamanville :
Ce consensus a existé parce que le Cotentin est en situation économique difficile, qu'il est en quelque sorte en état d'insuffisance respiratoire et que l'EPR pour nous c'est une bouffée d'oxygène. Le projet va se traduire par 3 milliards d'euros d'investissements, qui se feront au bénéfice des entreprises locales.
Nous voyons apparaître l'enjeu économique comme un critère influant sur l'acceptabilité locale (des élus tout du moins).
D'autres sources de presse plus locale 7.1 parlent également de l'EPR comme un moyen pour relancer l'économie locale qu'ils souhaitent voir se diversifier. L'EPR est alors réduit à un simple aspect économique.
Après le début du chantier sur le site de Flamanville, des estimations chiffrées plus précises sont avancées du point de vue des infrastructures autant que du point de vue de l'emploi 24 :
Deux milles personnes travaillent sur le chantier en ce moment pour le montage des bâtiments et un pic à deux mille cinq cent est prévu sur 2010 avec le lancement de la partie électro-mécanique. Ils travaillent, mais vivent aussi sur place
d'après Lucien Lecanu, adjoint au maire au Développement économique de la ville de Dieppe.
Il y aura possibilité de bénéficier de financements pour les infrastructures, la construction de logements, d'hébergements, d'équipements publics. Et il ne faut pas perdre de vue que ces équipements resteront après le chantier. A Diélette par exemple, ils ont réhabilité en hébergements d'anciens locaux d'extraction de minerai de fer.
Selon l'article il est donc également probable que la population de la région augmente de façon sensible dans la région.
Les aspects économiques sont omniprésent, mais ne sont ni les seuls, ni isolés. Même si les impacts environnementaux sont évoqués de manière moins systématique, ils demeurent. Sur le site de Flamanville le projet aura ainsi de nouvelles conséquences : construction d’une nouvelle ligne très haute tension entre autre, creuser les fondations, galerie de rejet d’eau en mer.
Pour apporter une touche de vert, précisons d’après notre expérience que la position de la centrale préserve la vue. La centrale de Flamanville possède la particularité d’être construite en contrebas du plateau ce qui la rend invisible à l’œil du promeneur. Un unique point de vue permet d’observer les deux réacteurs actuellement présent et qui attende le troisième réacteur de type EPR "Flamanville 3".