Les effets du vin sur les maladies cardiovasculaires
De nombreuses études soulignent les effets protecteurs du vin sur les maladies cardio-vasculaires. Il faut cependant rester prudent sur leurs conclusions car les mécanismes sont très complexes et un très grand nombre de paramètres doivent être pris en compte. De plus, si l'on explore les effets bénéfiques du vin sur les maladies cardiovasculaires, il ne faut pas oublier ses autres conséquences (sur les cancers par exemple).
Depuis une quinzaine d'années, il est assez largement admis que la consommation modérée de vin peut être considérée pour une partie de la population menacée par des accidents cardio- vasculaires comme une assurance vie.
Les maladies cardio-vasculaires sont les maladies qui concernent le cœur et la circulation sanguine. Dans les pays occidentaux, l'expression la plus courante est la maladie coronaire, responsable de l'angine de la poitrine ou encore des infarctus.
Premières études :
L'article Wine, alcohol, platelets, and the French paradox for coronary heart disease, juin 1992, est l'un des premiers articles soulignant les effets protecteurs du vin sur les MCV (maladies cardio-vasculaires). D'après ce document :
« Alcohol taken in moderation may be one of the most efficient drugs for protection from CHD (coronary heart disease).(…) This explanation of the protective effect of wine and its superiority over other alcoholic beverages awaits confirmation by experimental studies. »
Dans la même lignée, Moderate Daily Intake of Red Wine Inhibits Mural Thrombosis and Monocyte Tissue Factor Expression in an Experimental Porcine Model (American Hearth Association, juillet 2004) constate qu'une consommation modérée de vin rouge réduit les risques de thromboses sur les parois vasculaires.
La courbe en J :
D'après le rapport Alcool et risque de cancer (2007), certaines données épidémiologiques sont en faveur d'une « relation non-linéaire (courbe en J) entre la consommation d'alcool et le risque de MCV » (pour plus de précision sur ce rapport voir la section Cancer)
En effet la méta-analyse d'Holman et al (1996) a observé un « effet favorable d'une consommation modérée d'alcool sur la mortalité, notamment par MCV ». Certaines études ont aussi observé une supériorité du vin pour cet effet favorable par rapport aux autres boissons alcoolisées. L'alcool inhibait la cholestéryl ester transférase, enzyme qui assure le transfert de cholestérol des lipoprotéines de forte densité (HDL) vers les lipoprotéines de faible densité (LDL). Ainsi le taux de cholestérol HDL, communément appelé « bon cholestérol » serait maintenu à un taux satisfaisant. Par ailleurs, les différents polyphénols abondants dans le vin, notamment les catéchines, sont crédités de diverses propriétés bénéfiques à l'égard des MCV : pouvoir anti-oxydant et antiagrégant plaquettaire.
Should Red Wine Be Considered a Functional Food? (2010)
Un long rapport paru dans la revue ComprehensiveReviewsinFoodScienceandFoodSafety en 2010 liste des preuves sur les effets bénéfiques du vin :
« In this review, we present an overview of the accumulated evidence for the health benefits of wine—and its key phenolic components such as resveratrol, quercetin, catechin—and show that these alone are not enough to firmly establish wine as a functional food (as foods that have nutritional value) ».
Citons notamment :
- «There is now almost universal acceptance among the scientific community that alcohol, when consumed in moderation, is associated with a lower incidence of cardiovascular disease and generally better health outcomes (Lang and Melzer 2009; Lee and others 2009b). »
- «The results from many studies point to red wine having significant bioactivity, affecting short term biomarkers of health and disease, and being associated with better health outcomes over the longer term. »
- «Numerous epidemiological studies have demonstrated an association between moderate alcohol consumption and reduced risk of cardiovascular disease. »
- «With promising results from epidemiological studies, human intervention studies have further revealed the health benefits of wine in practical, applicable, and feasible doses. »
Le rapport souligne de plus que : « Wine is like any other food, it should be consumed sensibly and in amounts that are beneficial to health. Overindulgence of any kind does not promote good health. »
Deux études récentes de l'INSERM (2010) :
Deux études récentes (2010) ont montré les effets protecteurs du vin sur les maladies cardiovasculaires. Il s'agit de deux équipes de chercheurs de l'INSERM : celle de Ramaroson Andriantsitohaina et celle de Norbert Latruffe. Nous avons par ailleurs eu la chance d'avoir un entretien avec ce dernier.
L'étude de Ramaroson Andriantsitohaina dévoile que l'ensemble de ses résultats sur la pharmacologie des polyphénols fournit une base scientifique aux hypothèses issues d'études épidemiologiques sur les effets protecteurs vasculaires de la consommation modérée de vin et d'autres végétaux, probablement par leur capacité à activer le récepteur œstrogène ERα.
Les chercheurs de l'INSERM dirigés par le professeur Norbert Latruffe à Dijon en collaboration avec des chercheurs américains, ont étudié les propriétés anti-inflammatoire et anticancéreuse du resvératrol. Ces chercheurs sont les premiers à découvrir une nouvelle voie de signalisation montrant que ce phytophénol alimentaire notamment présent dans le vin rouge module l'expression de micro ARN impliqués dans la réponse inflammatoire et dans la naissance des cancers (voir, pour plus de détails, la section Cancer).
Le resvératrol est un polyphénol synthétisé de façon importante dans les grains de raisins et retrouvé dans le vin rouge. Sa présence dans le fruit provient d'une réaction de la vigne contre une infection commune due au champignon Botrytis cinerea. On trouve du resvératrol en quantité importante dans d'autres aliments et notamment dans certaines épices comme le curcuma. Des études épidémiologiques et expérimentales ont montré que le resvératrol agissait sur l'organisme comme un agent préventif des maladies cardio-vasculaires ainsi que de certains cancers. Toutefois les mécanismes qui expliqueraient ces propriétés particulières ne sont pas encore élucidés.
Nous l'avons vu, plusieurs études soulignent les effets protecteurs du vin sur les maladies cardio-vasculaires. Cependant les mécanismes sont très complexes et un très grand nombre de paramètres doivent être pris en compte. C'est pourquoi il faut rester très prudent sur les conclusions des différentes études et continuer les recherches.
N'oublions pas que le vin a d'autres effets sur la santé notamment sur les cancers. Si l'on explore un des effets du vin (sur les MCV par exemple), il ne faut donc jamais oublier ses autres conséquences (sur les cancers par exemple). L'impact global du vin sur la santé est donc encore loin d'être totalement élucidé.
- Quels sont les conséquences d'une consommation de vin sur les cancers ? -> Voir Les cancers
- Quels phénomènes peuvent être des facteurs de confusion pour l'action du vin sur les maladies cardiovasculaires ? -> Voir L'importance de l'hygiène de vie