Surveillance mutuelle

La surveillance mutuelle ou latérale, désigne l’ensemble des comportements intrusifs des utilisateurs les uns envers les autres.

Lorsqu’un utilisateur utilise un réseau social, il s’adresse a un public ciblé – en général des contacts triés en amont, et reçoit en retour les publications de ces mêmes personnes, comprises dans un “cercle d’amis” plus ou moins fermé. Ces interactions mutuelles peuvent aisément engendrer des comportements déviants, provoquant des modifications des rapports normalement établis.

La surveillance latérale se nourrit et entretient les mécanismes de mise en scène de soi. Une personne qui se montre sur un réseau social choisit de se présenter d’une façon particulière : il projette l’image qu’il aimerait que les autres aient de lui, en sélectionnant différents éléments de sa personne. C’est donc une sorte de jeu de rôle qui se joue, où certaines émotions sont tabous, d’autres mises en exergue, et cette mise en scène est exacerbée par le sentiment du regard de l’autre, vu à la fois comme connaissance et comme inconnu scrutateur.

Très souvent, la sphère d’ “amis” qui ont accès à ces informations est difficile à contrôler. Par exemple, l’algorithme qu’utilise Facebook pour afficher le Newsfeed est secret, les utilisateurs ne sachant pas exactement qui va pouvoir lire les informations qu’ils postent. Cette ambiguïté dans la visibilité, envisagée sous le nom de clair-obscur par certains sociologues spécialistes[1] du web 2.0,

Le problème qui ressort de ce genre de surveillance n’est pas celui de la fuite d’informations “sensibles”, mais plutôt celui de la propagation de données personnelles vers un cercle dont le contrôle est limité : c’est le vice de l’espionnage banal de la vie personnelle d’autrui qui est ici à l’origine d’une éventuelle modification de la notion de privé.

Les avis divergent sur la gravité de cette surveillance : pour Danah Boyd[2] par exemple, sociologue américaine spécialisée dans ce domaine, ce genre de violation et d’espionnage est très grave et il y a une certaine vulnérabilité et innocence des usagers, alors que pour Dominique Cardon, il ne faut pas céder à une panique morale sur ce point: les utilisateurs sont beaucoup plus avertis qu’on n’aurait tendance à le croire, et ne se laissent pas duper. Ils savent quelles sont les informations qui circulent sur eux, arrivent même à bien en contrôler le flux, et réciproquement savent analyser les informations qu’ils reçoivent sur les autres, sans être crédules.

[1] internatactu.net CARDON, Dominique. “Design de la visibilité : un essai de typologie du web 2.0

[2] BOYD, Danah. “Social Network Sites : Public, Private, or What ?Knowledge Tree, 13

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