Le Tandem Vaccin-Frottis
Quelques chiffres comparatifs:
Comparons le nombres de femmes vaccinées par rapport au nombre de femmes dépistées. A l’heure actuelle en France, 40% des femmes se sont faites vaccinées. Selon la HAS, 57% des femmes sont dépistées. L’objectif de la loi de santé publique du 9 août 2004 pour le cancer du col fixe à 80% la couverture de dépistage des femmes. Environ 50% des femmes sont peu ou pas dépistées. Environ 40% des femmes sont dépistées trop fréquemment, 10 % seulement des femmes bénéficient d’un dépistage dans l’intervalle recommandé.
Y a-t-il eu des répercussions sur les courbes de mortalité? Les résultats pour la vaccination ne seront disponibles que dans des années. Quant à lui, le frottis a cassé les courbes de mortalité de manière significative depuis son utilisation et ce de manière indéniable.« En 30 ans, nous sommes passés de 7 000 à moins de 4 000 cas annuels d’incidence du cancer du col, ramenant cette incidence de 18 pour 100 000 à 10 pour 100 000, avec une diminution régulière de 1,8 % par an », peut-on lire sur le site de Doctissimo.
Pourquoi a-t-on une cohabitation entre le vaccin et le frottis?
Le frottis existe depuis les années 80. Depuis, on assiste à une baisse régulière du nombre de nouveaux cas et de la mortalité liée à cette infection. Le frottis ne serait-il pas en apparence suffisant ?
Selon Catherine Riva, s’il y a eu un intérêt pour la vaccination contre le cancer du col, c’est que le frottis n’a pas pu se suffire à lui-même. Cependant, s’il y a eu un intérêt soudain pour cette vaccination en 2006, alors même que le cancer du col était presque inconnu jusque-là, c’est aussi pour des raisons d’intérêts financiers.
Selon Isabelle Bourgault, le frottis et le vaccin ne s’adressent pas au même public. Le frottis est certes remboursé par l’assurance maladie, mais ce ne sont pas toutes les femmes qui vont consulter un médecin. C’est le coût de cette consultation qui les fait fuir. Le vaccin ne concerne pas les femmes riches qui peuvent se permettre de faire un frottis, il s’adresse à celles qui n’en ont pas les moyens. Si le pays avait de l’argent pour effectuer et traiter les frottis de toutes les femmes, ce serait idéal. Hélas, ce n’est pas le cas, du coup le vaccin serait en théorie une solution pour protéger toutes les femmes à moindre coût, et en économisant la quantité de traitements.
Selon Anne Chiffoleau, le dépistage n’est pas un moyen de prévention efficace. En effet, le dépistage permet de voir ce qu'il se passe à un instant t seulement, et si on le fait bien régulièrement, on peut considérer que peut-être le virus ne se développe pas beaucoup en un an, le temps du prochain dépistage. Le vaccin, lui, permet en théorie de prévenir le cancer à coup sûr moyennant quelques injections de rappel. Par exemple : « dans le cancer du sein, si on fait une mammographie, peut-être que dans 15 jours ce qui n'est pas lisible aujourd'hui le sera. Le problème est que l’on ne refera la mammographie que dans un an. Le cancer aura eu tranquillement un an pour se développer et il sera peut-être devenu métastasique à ce moment-là. Donc c'est pareil pour le ancer du col : vous n'allez pas le voir le jour du prélèvement parce qu'il n'est pas assez développé pour qu'on voie quelque chose. Vous direz il y a du virus mais il n'y a pas de cancer. Et vous faites quoi une fois que vous avez du virus mais pas de cancer ? On ne va pas traiter les gens alors qu'il n'y a rien du tout. On dira vous revenez me voir dans 6 mois et entre temps il peut s'être développé. La politique de santé en France s'est d'éviter ce développement du cancer qui est coûteux en terme de soins ».
Lequel est le plus coûteux ?
En parlant de coût, on ne peut s’empêcher de s’exclamer « le vaccin contre le cancer du col, c’est le vaccin le plus coûteux de tous les temps ! Peut-on réellement parler d’économies »? En effet, trois injections coûtent environ 300€.
Selon Anne Chiffoleau, il est peut-être plus coûteux de dépister tout le monde tous les ans que de vacciner les gens une ou deux fois. La politique de santé en France est d'éviter également les traitements suite à un dépistage positif, qui sont coûteux.
Selon Isabelle Bourgault, il n’y a pas raison de se scandaliser autant pour un tel prix. Le vaccin est remboursé à 65% par l’Etat. De plus, les traitements effectués en cas de dépistage positif de lésions cancéreuses lors du frottis sont à prendre en compte ! En effet, environ 200000 cônisations pour 30000 euros seraient prévues en plus, si la portion des femmes françaises vaccinées (à savoir 40% des femmes françaises) avait décidé de suivre uniquement le dépistage. En récidive, la conisation, l’avortement, l’accouchement prématuré… Tout cela a un coût et se compte. Il s’agit quand même d’un vaccin contre le cancer. Le cancer fait l’objet de beaucoup de recherches dans les laboratoires, qui doivent être subventionnées elles aussi ! A titre de comparaison, un traitement pour le mélanome malin métastatique va coûter 8 0000 euros par malade ! A côté, le vaccin contre le cancer du col n’est pas cher. Dans dix ans, le Gardasil tombera dans le marché public, il y aura probablement des médicaments génériques qui vont coûter moins cher.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu de campagne pour le frottis ?
Les personnes atteintes par le cancer du col sont : celles qui ne sont pas dépistées, celles qui sont mal dépistées ! Le frottis peut être mal fait, mal lu. Les chiffres selon Isabelle Bourgault: 1000 morts en France par an. Les 1000 morts dus au frottis non fait, mal fait ou mal lu, correspondent à environ de 15 à 20 pourcents des frottis effectués. C’est pourquoi l’on fait deux fois un frottis à un an d’intervalle avant de passer à une fois tous les trois ans. Deux frottis à un an d’intervalle car il y a moins de risque d’avoir deux frottis mal faits. Néanmoins, des recommandations en faveur d’un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus ont été faites en décembre 2010 par la HAS. Peut-être que le frottis n’a pas fait l’objet d’une campagne, mais en revanche, selon Catherine Riva, le Gardasil a fait l’objet d’une campagne de publicité extraordinaire et démesurée : Merck a déployé tous les moyens pour créer de la demande et donner une image de messie au Gardasil, sans même avoir prouvé son efficacité.
En terme d’efficacité, lequel entre le vaccin et le frottis prend-il l’avantage ? Doit-on faire les deux ? Opter pour le vaccin seulement ?
Le protocole du frottis s’étale sur toute une vie et nécessite une discipline de la part de la patiente qui n’est pas toujours au rendez-vous :
Selon Anne Chiffoleau, une bonne attitude de la patiente est nécessaire pour mener à bien le dépistage. En France, « les gens ne sont pas très rigoureux et ne suivent pas toujours très bien leur traitement, ils vont venir une fois, pas la fois d'après, et ainsi de suite. Peut-être que les Finlandais sont disciplinés et y vont sagement tous les ans ! »Par conséquent, on est plus sûr en faisant une vaccination que la personne est protégée. On n’en sait rien pour l’instant sur l’efficacité du vaccin et de sa durée, mais si la patiente est réellement protégée par le vaccin le dépistage aura naturellement moins d'intérêt.
Certaines femmes ne sont pas réceptives au vaccin :
Le vaccin protège, le frottis détecte. Aujourd’hui, il faut continuer le dépistage car les femmes ayant eu des rapports sexuels avant de s’être fait vacciner ou même avant l’apparition du vaccin en 2006, ne possèdent que le dépistage comme unique stratégie de protection. La plupart des autorités de santé insiste sur le maintien du frottis, malgré l’existence du vaccin. Ainsi la HAS, souligne que « la vaccination et le dépistage sont deux stratégies complémentaires de prévention. La vaccination ne doit pas conduire à relâcher l’effort de dépistage. La disponibilité des vaccins doit s’accompagner d’un renforcement du dépistage pour l’ensemble des femmes ».
Le vaccin ne protège pas contre tous les types de HPV :
Le vaccin ne dispense PAS le frottis puisque les cancers restent possibles, en raison d’autres virus contre lesquels on ne peut vacciner, en tout cas au jour d’aujourd’hui. Le vaccin protège contre 70% des cancers en France, car il vise deux HPV (16, 18) et 70% des HPV portés par les françaises sont des HPV 16 et 18. Les 30% de cancers restants sont dus à des HPV contre lesquels le vaccin ne protège pas. D’où la nécessité du frottis.
Le taux d’échec du frottis est non négligeable
Les directives de consensus publiées dans l' American Journal of Obstetrics & Gynecology (AJOG) rapportent que le taux d'échec du traitement de la dysplasie est généralement de 5 à 15 %. Le « Collège national des gynécologues et obstétriciens français » (CNGOF) parle d'un taux d'échec de 5 à 10 % en France.
Mais le taux d’échec du vaccin est méconnu.
On dispose d'une certaine visibilité sur le frottis :
même si elle n'a jamais été prouvée au sens scientifique du terme. On le fait et on voit que le nombre de cas du cancer du col diminue. Les pays où le risque de développer le cancer du col est le plus grand ne sont pas les pays développés. Les pays concernés sont ceux où il n’y a pas de dépistage, donc principalement dans les pays en voie de développement. Dans derniers, le cancer du col est la deuxième cause de mortalité des femmes, c’est un vrai fléau dans les pays du Tiers Monde, en revanche dans les pays industrialisés, le cancer du col est au quinzième rang. Par exemple en Finlande il n’y a quasiment plus de cas du cancer du col.
Mais pas de visibilité sur le vaccin…
Les résultats à long terme de l’efficacité des vaccins sur le nombre de cancers ne sont pas encore connus.
Mais des questions restent ouvertes
Le frottis détecte les cancers qui se développent lentement, mais si le cancer se développe trop rapidement, le frottis ne le détectera pas forcément à temps. Est-ce que la victime en question aurait dû se faire vacciner ? (Isabelle Bourgault)
Le potentiel d’amélioration du frottis est important, et peut-être qu’il faudrait concentrer nos recherches sur l’amélioration du frottis pour garantir son efficacité, au lieu de s’investir dans un vaccin, dont les effets prendront très longtemps à diagnostiquer ? (Catherine Riva)