Comment mesure-t-on l'efficacité d'un vaccin ?

L’efficacité : un paramètre clé du développement d’un vaccin

L’efficacité d’un vaccin est un paramètre situé au cœur de la problématique vaccinale : c’est la condition même de son existence. Le développement d’un vaccin se fait en trois phases au cours desquelles son mode d’administration, la tolérance et bien sûr son efficacité sont testés à plusieurs échelles.

Lors de la phase 1, le vaccin est inoculé pour la première fois à un homme. Des tests ont déjà été pratiqués au préalable sur des animaux pour vérifier si la solution présente une toxicité anormale, des propriétés d’immunogénicité (capacité du vaccin à induire une réponse immunitaire spécifique de l’antigène vaccinal) et une certaine efficacité. L’objectif de cette première phase est d’observer la tolérance de l’homme au vaccin et les effets de ce dernier à cours terme (quelques mois). Si on ne détecte pas d’effet indésirable particulier et que l’effet biologique attendu est observé, on entre dans la deuxième phase du protocole.

La phase 2 a pour but de répondre à de nouveaux objectifs. D’une part, il s’agit de trouver la formulation optimale du vaccin. Cela revient à déterminer le taux d’antigènes contenu dans chaque dose de vaccin, mais aussi à choisir les adjuvants éventuels. D’autre part, il est important de déterminer le schéma vaccinal adapté. Ce dernier sert à fixer l’âge de vaccination, le nombre de doses par vaccination et l’intervalle de temps qui sépare deux inoculations. La question de la nécessité de piqûres de rappel est également traitée à ce stade. Cette phase donne donc accès à une évaluation précoce de l’efficacité du vaccin. Généralement, la protection immunitaire offerte par le vaccin est comparée à celle induite par l’infection initiale. Cette étape sert également à mettre en évidence un éventuel corrélat immunologique de protection. Si ce n’est pas le cas, l’évaluation de l’efficacité sera fondée sur un critère clinique précis.

La phase 3 permet d’effectuer des tests à plus grande échelle. Elle est encadrée par une méthodologie précise basée sur des essais prospectifs randomisés en double aveugle. Pour évaluer l’efficacité du vaccin, deux échantillons de population sont constitués. Pour que la randomisation soit effective, il faut que les deux groupes soient comparables ; il est important de contrôler les facteurs de risque pouvant amener à développer plus facilement la maladie étudiée. Le principe du test est simple : le premier échantillon reçoit le vaccin et le deuxième un placebo. Un essai randomisé permet ainsi de connaître l’efficacité effective du vaccin et d’établir une liste des effets secondaires observés. Une précaution supplémentaire est prise afin d’assurer la validité des résultats : l’expérience est réalisée en double-aveugle. Cela signifie que ni le sujet de l’étude, ni le médecin en charge du suivi médical ne savent si la dose injectée était active ou non. Ce procédé permet d’éviter une certaine subjectivité lors du diagnostic. L’efficacité est alors mesurée en comparant le taux de personnes atteintes par la maladie dans le groupe vacciné avec celui du groupe placebo. Si le vaccin testé est le premier dans son domaine, on parle d’efficacité absolue. Si ce n’est pas le cas, on compare l’efficacité du nouveau vaccin avec celle de l’ancien : on prend donc en considération une efficacité relative.

L’efficacité est donc un paramètre clé qui décide du développement éventuel d’un vaccin. Pourtant, bien qu’étant définie dans un cadre méthodologique précis, son évaluation peut s’avérer difficile, notamment à cause des incertitudes de diagnostic. En effet, les manifestations cliniques de la maladie sont parfois difficiles à détecter ou à interpréter. C’est pourquoi il est nécessaire de définir un critère d’évaluation de l’efficacité pertinent, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique.

Choix du critère d’évaluation de l’efficacité du vaccin contre le cancer du col de l’utérus

L’estimation de l’efficacité d’un médicament ou d’un vaccin est basée sur le choix d’un critère d’évaluation précis. Il en existe deux types : les critères intermédiaires et les critères finaux. Pour le vaccin Gardasil, le critère final serait de diminuer le taux de mortalité par cancer du col de l’utérus dans une population. Mais nous ne disposons pas de données suffisantes pour vérifier de dernier, notamment parce que le vaccin est très récent. C’est pourquoi le choix s’est porté sur un critère intermédiaire.

Pour qu’un tel critère soit valable, il faut donc qu’il soit défini précisément : chaque traitement doit répondre à un objectif particulier. Par exemple, le dépistage du cancer du colon a pour but de faire baisser le taux de mortalité dû au cancer du colon. Ce critère est effectivement vérifié. Pourtant, lorsqu’on compare deux populations, l’une dépistée et l’autre non, le taux de mortalité est identique. Comme l’explique Claude Béraud, ancien vice-président de l’Affsaps : « Les gens qui ne meurent pas du cancer du colon meurent d’autre chose. On n’a pas démontré que les gens dépistés avaient une durée de vie plus longue ». On comprend donc l’importance de définir le cadre exact de l’action d’un vaccin. Par ailleurs, toutes les Autorisations de Mise sur le Marché sont accordées en se basant sur des critères intermédiaires.

Dans le cas du vaccin contre le cancer du col de l’utérus, le critère clinique retenu est l’apparition d’une dysplasies de haut grade . En effet, si celles-ci ne sont pas traitées immédiatement, les chances pour qu’elles régressent spontanément sont très minces.



Le critère de base étant défini, quels sont les résultats mis en avant par les différentes études ?