Les alternatives à la politique de l'enfant unique

Une remise en question de la politique de l'enfant unique  

Quand il s'agit de faire le bilan de la politique de l’enfant unique, les résultats sont mitigés. D’une certaine façon, l’objectif initial a été atteint : la croissance démographique annuelle a radicalement baissé, elle est maintenant de 0,7%. Cependant, cela s’est fait au prix de conséquences graves : les ratios hommes-femmes sont clairement déséquilibrés, et le vieillissement de la population est indéniable (les plus de 65 ans représentent 8% de la population chinoise en 2002, et 22% en 2030 si les prévisions sont vérifiées), ce qui pose notamment le problème du paiement des retraites. Enfin, il faut également souligner la pression sociale et les violations des droits de l’homme qui ont été engendrés par cette politique. (voir « Chine : la fin de la politique de l’enfant unique », publié par HEC eurasia institute en Octobre 2004)

Il semblerait donc que le moment soit venu d’adopter une nouvelle politique vis-à-vis du contrôle des naissances. En effet, un changement de politique permettrait de limiter les conséquences sociales néfastes évoquées et d’alléger le fardeau du gouvernement chinois, mettant en œuvre une politique impopulaire. Ceci permettrait également aux nombreux couples chinois qui voudraient avoir deux enfants de voir leur désir s’accomplir, en toute légalité (voir “Can China Afford to Continue Its One-Child Policy?” par Wang Feng en Mars 2005 ). Néanmoins, en ce qui concerne le nombre moyen d’enfants désiré par couple, il est difficile d’établir des statistiques qui font l’unanimité. En effet, tandis que des études révèlent qu’une majorité des couples préférerait avoir deux enfants, d’autres stipulent que la politique de l’enfant unique est tellement ancrée dans les mentalités que les couples apprécient n’avoir qu’un enfant. Bien sûr, il faut tout de même prendre en compte des facteurs socio-économiques, qui jouent un rôle important sur la volonté de procréation des couples chinois, l’éducation ayant en Chine un coût non négligeable. Quoiqu’il en soit, le temps semble venu pour le gouvernement chinois de modifier la politique des contrôles des naissances en vigueur actuellement.

Quelles sont les alternatives possibles à la politique de l’enfant unique pour tenter de résoudre les problèmes de vieillissement de la population sans pour autant relancer de façon conséquente la croissance démographique ?

Fin du contrôle des naissances ou assouplissement de la politique de l'enfant unique ?

La première alternative qui vient à l’esprit consiste en un arrêt pur et simple de la politique de l’enfant unique. Ceci est un pari sur les mentalités des couples chinois : si la politique de l’enfant unique est parfaitement ancrée en eux, ou si des facteurs socio-économiques les empêchent d’avoir deux enfants, ceci n’aurait qu’un faible impact sur le taux de fécondité. Cette mesure semble néanmoins radicale, et pas réellement dans l’esprit du gouvernement chinois, qui tendrait davantage vers un assouplissement de la politique de l’enfant unique, plutôt que son abandon total.

Le gouvernement se penche davantage sur une politique autorisant tous les couples à avoir deux enfants, Ceci est déjà en application dans de nombreuses zones rurales, une nouvelle loi viserait à l’étendre aux villes. Bien sur le taux de natalité augmenterait, mais sur le long terme ceci permettrait de rééquilibrer la pyramide des âges, sans pour autant déclencher une crise démographique. 

Enfin, on pourrait envisager de changer la cible de la limitation en se tournant vers l'âge moyen à la première naissance et l'intervalle inter genesique. Combiner ceci avec un nombre limite de deux enfants par couple est encore plus efficace en terme de maintient du taux de fécondité. Cette politique semble offrir davantage de liberté aux couples, sans pour autant entrainer, sur le long terme, le dépassement des 1.2 milliards d'habitant en Chine, plafond fixé par le Parti Communiste Chinois lors de la mise en place de la politique de l'enfant unique. ( voir "An alternative to the One-Child-Policy in China" de John Bongaarts et Susan Greenhalgh)

Projections de la taille démographique de la Chine 1985-2050, selon la variante médiane des Nations Unies, la Politique de l’Enfant Unique, et les variantes d’une hypothétique politique d’arrêtez-vous-à-deux, en supposant un intervalle entre les deux naissances de 4 années.

Le démographe chinois Zeng Yi, étudie également en détail* 5 scénarios en ce qui concerne la politique de contrôle des naissances, et les conséquences démographiques qui en émaneraient. Tout d’abord, celui d’une politique inchangée, puis celui d’une politique autorisant les couples sont les deux membres sont enfants uniques à avoir deux enfants ; celui d’une politique autorisant les couples à avoir un deuxième enfant, à condition d’attendre un laps de temps après la naissance du premier ; celui où les couples donneraient naissance deux enfants, à un âge constant ; enfin celui où les couples donneraient naissance à deux enfants, l’âge moyen où les enfants naissent diminuant au fil des ans. Cette dernière solution est, selon l’étude de Zeng Yi, la plus efficace en termes de résolution des problèmes démographiques observés (lien vers « Options for Fertility Policy Transition in China », paru dans Population and Development Review, volume 33, n°2, Juin 2007).

Il existe donc plusieurs alternatives à la politique de l’enfant unique, dont les résultats pourraient s’avérer satisfaisants. Le gouvernement décidera-t-il, en vue des graves conséquences sociales engendrées par la politique de l’enfant unique, d’adapter cette dernière ?