Une étude s’est penchée sur le problème. Il s’agit de Takeshita, T. (2011). Competitiveness, role, and impact of microalgal biodiesel in the global energy future. Applied Energy, 88(10), 3481-3491, qui est un étude de la possibilité économique de la production à l’échelle mondiale de biodiesel dérivé de micro-algues.
D’après l’étude, la compétitivité des biodiesels issus de micro-algues est affectée par deux points : un facteur économique (le coût initial des micro-algues et le coût de leur culture) et les émissions de CO2 (même si elles sont moins importantes que pour les carburants issus du pétrole, elles sont non négligeables au stade technologique actuel).
Or, pour lutter contre le réchauffement climatique, les autorités pourront envisager dans les prochaines années la stabilisation de la concentration atmosphérique en CO2 de 350 à 550 parties par million. Plusieurs scénarios sont envisagés par l’auteur. Les conclusions sont les suivantes :
- Si le seuil de CO2 toléré est de 550 ppm, les biocarburants issus de micro-algues connaîtront une croissance exponentielle. Si la contrainte sur les émissions de CO2 reste modérée, il est donc probable qu’ils constituent le carburant de demain, avec pour principaux producteurs les pays développés : »If the CO2 stabilization constraint is not imposed or remains moderate, the amount of CO2 used for microalgal production would become very large, The Middle East, North Africa, and Central America might become the leading producers and exporters of microalgal biodiesel. »
- Mais sil est juste inférieur, à 450 ppm, ils ne sont pas viables, car les émissions engendrées ne permettront pas de respecter ce seuil, ce qui va bloquer leur production.
Les autorités gouvernementales et internationales sont donc mis en avant comme des acteurs majeurs pour l’évolution future de la filière mondiale des biocarburants de troisième génération. Tels qu’ils sont aujourd’hui, ces carburants risquent de ne pas être viables si des normes strictes limitent le taux de CO2 atmosphérique dans les prochaines décennies. Dès lors se pose la question de l’intérêt de poursuivre la recherche dans ce domaine, ou tout du moins de l’axer dans une perspective de pérennité écologique plus que de rentabilité industrielle.
Citons quelques agences internationales, qui seront donc susceptibles de jouer un rôle majeur dans le développement de l’industrie des biocarburants :
- L’International Energy Agency (IEA Bioenergy), organisation internationale destinée à faciliter la coordination des politiques énergétiques des pays membres, c’est à dire l’Amérique du Nord, le Japon, l’Australie et plusieurs pays européens … Cette agence s’intéresse de près à la question des bioénergies, et notamment aux avancées dans la filière des bicarburants. Cependant, elle n’alloue qu’un budget très réduit aux énergies renouvelables.
- L’International Renewable Energy Agency (IRENA), qui est une organisation intergouvernementale fondée en 2009 dont la mission est plus spécifique : il s’agit de la promotion des énergies renouvelables à l’échelle mondiale. Près de 150 états sont membres de cette organisation, ce qui en fait une structure de premier plan.
Ce sont ces organisations qui fixeront les normes en termes d’énergies renouvelables. Reste à voir si des couplages industriels permettent d’envisager des productions en cycle carbone fermé (voir efficacité industrielle), ou si de nouvelles technologies permettront encore de réduire les émissions de cette filière, aussi lors de la production que lors de la consommation des biocarburants par l’utilisateur.
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