Tout d’abord, le bilan environnemental n’est établi que de manière théorique dans les études, car les biocarburants n’en sont encore qu’au stade de la production en laboratoire. De plus, ce bilan dépend des processus spécifiques de production. Enfin, il dépend des critères qui sont pris en compte par les scientifiques auteurs de l’étude, ainsi que de leur hiérarchisation. C’est pourquoi on observe une diversité d’opinion parmi les nombreux acteurs de la controverse.
Par exemple, une plus grande consommation d’eau peut-elle être balancée par un meilleur bilan carbone ? Est ainsi soulignée la difficulté d’évaluer précisément le bilan des biocarburants de troisième génération : toute conclusion que l’on peut trouver dans les publications scientifiques, qu’elle soit positive ou négative, est à situer dans le contexte d’étude où s’est placé l’auteur de cette conclusion. Même l’Analyse du Cycle de Vie des biocarburants de 3ème génération le plus cité admet ses faiblesses à ce niveau (« There is to our knowledge no industrial facility producing biodiesel from microalgae. The studies undertaken on the subject have been restricted to lab and pilot scales.» Lardon, L., Hélias, A., Sialve, B., Steyer, J. P., & Bernard, O. (2009). Life-cycle assessment of biodiesel production from microalgae. Environmental Science and Technology, 43(17), 6475-6481.)
Plusieurs enjeux environnementaux sont liés au débat des biocarburants. Les critères généralement retenus par les scientifiques qui font débat sont :
- la surface et qualités des terres nécessaires à la production : compétition avec l’industrie agroalimentaire
- l’impact sur la biodiversité (surtout si utilisation d’OGM …)
- les émissions de CO2, mais qui semblent assez bonnes pour l’ensemble des chercheurs qui se sont penchés sur le sujet : “In comparison to oil fuel, biofuel can represent an improvement in terms of emission of fossil CO2.” (Lardon, L., Hélias, A., Sialve, B., Steyer, J. P., & Bernard, O. (2009). Life-cycle assessment of biodiesel production from microalgae. Environmental Science and Technology, 43(17), 6475-6481.)
- les émissions d’autres gaz nocifs, comme le dioxyde d’azote, qui ne sont pas pointées par tous les auteurs !
- la consommation de ressources (eaux, nutriments, énergie …)
En outre, non seulement la hiérarchisation des critères ci-dessus, mais même les méthodes de mesure ou d’évaluation de ces critères sont parfois discutées au sein de la communauté des chercheurs. Des groupes de chercheurs remettent en question la réalité des arguments avancés par d’autres groupes de chercheurs, dans la mesure où leurs conclusion seraient trop optimistes et établies sur des systèmes optimaux qui ne reflètent pas la réalité : “In our opinion, such grandiose forecasts are misleading because these estimates are based on extrapolation from bench-scale experiments performed under laboratory-controlled, optimal conditions.” (Clarens A. & Colosi, L. (2010), Putting algae’s promises into perspective, Biofuels, 1(6), 805–808.).
Les biocarburants ont clairement des avantages qui ne sont pas remis en question, par exemple un bilan carbone négatif en cycle fermé, ce qui est idéal. Cependant, beaucoup d’avancées technologiques sont encore nécessaires pour tirer plein profit de ces avantages. D’autres facteurs sont encore problématiques : l’émission de gaz comme les oxydes d’azote très nocifs, que les hydrocarbures ne dégagent pas, et la consommation importante en eau et en énergie.
Retour à l’efficacité écologique
Les biocarburants de troisième génération sont-ils si verts ?
Le problème des OGM
Comment expliquer l’enthousiasme de la presse pour ces biocarburants ?
Quels facteurs écologiques influenceraient une production à grande échelle ?