Entretien avec deux membres du collectif PULSE : Christine BOUTIN et Jean-Pierre HUGUET.
Le collectif PULSE, Pour Un Littoral Sans Eolienne, s’oppose aux projets d’éolien offshore en France. (http://stop.eolien.offshore.free.fr/),
Réalisé par Samy Adrien Akoum, Baptiste Garcia et Victoire Aurousseau.
Samy : « Le collectif Pulse a été créé quand ? Au moment des appels d’offre ? »
Catherine Boutin (CB) : « Oui. Au fil de l’eau. Progressivement. J’étais concerné car j’ai une maison au Tréport. Les promoteurs viennent en conquérant de Montpellier : « j’occupe votre littoral ». Il y a eu une réaction locale, le maire, les pêcheurs, les riverains…. Association locale a été créée.
Il faut admettre que les résidents secondaires qui se mobilisent Les locaux sont sous la pression des élus et économique => emplois alors que pour les résidences secondaires contraintes de beauté, calme…
Création du collectif PULSE : progressivement depuis les appels d’offres, organisations locales autour des projets avec des élus locaux, des résidents, des pêcheurs. Collectif regroupe tous les opposants des différents sites => PULSE permet de diffuser les informations à l’aide de leur site. C’est surtout des personnes ayant des résidences secondaires car les contraintes économiques persuadent les riverains qui voient ces projets comme des moyens de développement. Mais les créations d’emplois sont ridicules : « 130 emplois d’ici 2021, 2 milliards d’investissement et ça va couter 250 millions par an à la collectivité pour chaque site, pour 150 MW installés » La question du prix par emploi est soulevée.
Les chiffres donnés par les promoteurs sont eux aussi remis en cause :
« la maintenance locale, sur terre, c’est en moyenne une personne pour deux éoliennes. En mer, ça ne sera pas plus, ça sera même peut être moins car les moyens seront beaucoup plus sophistiqués».
Samy : « Nous aimerions nous pencher sur l’aspect économique de l’éolien et de la création d’une filière industrielle en France. Et à l’image d’Airbus, EADS qui ont réussi à fédérer la France et l’Allemagne pour pouvoir créer des avions de toute pièce »
Jean Pierre Huguet (JPH) : « La différence, c’est que la France n’est pas en avance sur l’éolien et que les territoires maritimes ne sont pas extensibles, vous n’allez pas mettre une éolienne tous les kilomètres, et le vent n’est pas toujours favorable d’un point de vue de la rentabilité. Donc le marché en France est très limité. Le marché mondial, les chinois et américains ne nous attendent pas. Et ils font appels çà des entreprises locales ». Le marché n’est pas comparable à celui de l’aviation.
Samy : Donc une filière nationale n’arrivera pas à s’implanter en France ?
JPH : Pas d’avantages compétitifs : retard, loin des projets futurs, pas d’exportation « ils savent faire et la main d’œuvre est moins cher ». Marché très fragile : Vestas licencie, une entreprise allemande a déposé le bilan. Marché subventionné : très problématique : « les subventions ça va et ça vient au grès des gouvernements, pas de création d’une filière avec des subventions »
CB : Question de l’intérêt et de la rentabilité de la création d’une filière sachant que l’éolien existe depuis 20 ans. Augmentation cout électricité. Question du rapport qualité prix
Baptiste : Mais volonté européenne et Française de varier énergie. Grosse part du nucléaire en France. Nucléaire est très efficace en France car volonté de la France de le développer.
JPH : Mais le monde est différent : concurrence. La France ne peut pas créer sa filière seule dans son coin. Autre problème : les programmes subventionnés sont souvent des échecs comme par exemple le minitel. Lorsque les subventions s’arrêtent, la concurrence prend le dessus et certains projets échouent. Pour le Mix énergétique, l’éolien peut être une solution intéressante mais dans des endroits très venteux, ou il n’y a personne et pas de réseaux électrique car il y a tout à faire. L’éolien en mer a plus de contraintes que l’éolien terrestre et la durée de vie d’une éolienne en mer est de 20 ans. Il vaut mieux consommer moins et isoler mieux.
Baptiste : Ce sont deux débats différents : produire varié et consommer moins. Nucléaire : traitement des déchets et démantèlement pas pris en compte alors que pour l’éolien si.
JPH : Si on diminue le consommation d’électricité ce qui arrive en ce moment mais c’est du à la crise, on rend les énergies plus efficace. Mais on a du renouvelable, on a 10 à 15% d’hydrauliques.
Baptiste : le but n’est pas de remplacer le nucléaire mais d’avoir un bouquet énergétique le plus varié possible.
JPH : Mais si vous diminuer le camembert en gardant a quantité d’hydraulique, vous diminuer le nucléaire vous pouvez fermer une centrale. On va se rendre compte qu’on y arrive très bien en fermant une centrale. Un problème, l’intensité énergétique, dans l’industrie, dans un produit, c’est de l’ordre de15%. Donc le grand dilemme c’est que le cout de l’électricité augmente en Europe de 30%, en quelques années, alors qu’il diminue par 2 aux Etats Unis à cause du gaz de schiste. Donc compétitivité va diminuer énormément. Il ne s’agit pas de faire du gaz, mais pas de prendre des énergies renouvelables si c’est non viable économiquement.
Samy : Barrage aussi : chère à construire + problème écologique. Mais aujourd’hui très important et accepté. Si à l’époque on avait dit on ne le fait pas car l’investissement est trop grand ?
CB : Avantage hydraulique : on ouvre le robinet lorsqu’on en a besoin. Eolien marche quand ça peut.
Baptiste : L’éolien interviendrait comme une base et l’hydraulique pour la pointe. Le nucléaire aussi c’est de la base. Ça ne s’allume pas dès qu’on en a besoin.
CB : Mais le nucléaire c’est du lourd. On nous ment ; on ne remplace pas du nucléaire par de l’éolien. C’est comme remplacer un parc de voitures par un parc à trottinettes.
JPH : Eolien pose problème alors on le met en mer avantage plus de vent. Mais les communes et les pécheurs sont arrosés… Oublie des considérations écologiques des projets, plus qu’emploi et argent. Car les maires vont recevoir de l’argent.
CB : production éolien terrestre en Haute Normandie, région une des plus venteuses a produit 22% en 2011.
« On est excédentaire de 10 à 15% d’énergie par an, on n’est pas en manque. »
JPH : Le chemin de l’Allemagne qui a beaucoup investit dans l’éolien rencontre des problèmes de coût, ce sont les citoyens et pas les entreprises qui compensent l’augmentation des prix et certains parcs ne sont pas raccordés aux réseaux.
Samy : « Donc selon vous la France ne peut pas être compétitive au niveau de l’export dans l’éolien ? ».
JPH : « Je ne vois pas les avantages compétitifs qu’on aurait »
Samy : « donc plus d’innovation en France possible ?
JPH : pas dans ce domaine. Il n’y a pas de marché à terme.
…
JPH: problème si on touche à la nature et à la mer, impact sur les poissons, les courants. Il n’y a pas d’essai et d’étude d’impact ou alors des études faites par les promoteurs.
Samy : Au moment de la création des centrales on ne savait pas non plus les dangers que ça pouvaient entrainer
JPH : Ce n’est pas une raison pour faire la même chose.
Samy : Certes mais les conséquences ne sont pas aussi graves.
CB : « Eolien = gadget surtout lorsqu’on en a pas besoin »
JPH : Problème sociétale des compteurs linky. On va vous dire comment vous devez vivre. Aujourd’hui il n’y a pas de vent, on coupe votre réfrigérateur. On vous ment pas omission, on vous dit par tout.
Samy : Mais si on résonne comme ça on va nulle part.
CB : Il y a la recherche.
JPH : Il y a le solaire aussi. Je ne suis pas spécialiste dans ce domaine mais il me semble qu’on avance beaucoup en ce moment.
Samy : Mais est ce que l’argent ne pourrai pas aller dans la recherche pour l’éolien ?
JPH : recherche éolien limité, pales rendement est bon, on ne va pas gagner beaucoup. On peut gagner un peu, on peut gagner en cout en standardisant mais comme ce n’est pas un marché de masse ce n’est pas intéressant de standardiser. A priori sur les panneaux solaire il y a beaucoup à faire. Et en travaillant sur l’isolation des maisons et sur la consommation.
[Discussion sur les panneaux solaires]
CB : Une chose que l’on n’évoque pas non plus. On est en train d’installer des usines partout en France. Il faut les raccorder au réseau alors qu’elles ne produisent rien. Ce sont les mêmes couts que ça produise beaucoup ou non.
Baptiste : raccordement prix en compte dans les calculs et dans les investissements.
JPH : Ce qui n’est pas pris en compte c’est la gestion intelligente des réseaux qui coutent très cher. Le problème c’est que l’éolien est intermittent. Ce n’est pas le cas du nucléaire. Le problème c’est lorsque l’on a trop d’énergie quand on en veut pas un pas assez quand en on a besoin.
Baptiste : L’éolien c’est intermittent mais si on regarde sur une journée la production est quasi constante.
JPH : Vous n’avez pas ça avec l’éolien offshore.
Baptiste : Le problème de la pointe
JPH : Contrainte de la demande connue. Mais éolien ça va pas, si décalage d’une heure entre le vent et la demande ça ne va pas. Il est impossible de prévoir le vent à une heure. Pas ce problème pour le thermique.
Baptiste : Le thermique c’est une catastrophe en terme économique et de pollution et c’est un combustible limité dans le temps. Ce n’est pas une solution viable.
JPH : « Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous. Je dirai même que l’éolien aggrave le thermique ». On sait dépolluer. Problème, quand les centrales thermiques ne fonctionnent pas mais sont allumées prêt à démarrer pour pouvoir palier un manque de production de l’éolien.Ca coute extrêmement chère et ca dégrade leur rendement.
CB : en Allemagne, problème centrales à gaz partent, car elles ne sont plus rentables car l’éolien est prioritaire. L’Allemagne va les subventionné pour pas qu’elles partent.
JPH : cet été excès de vent en Allemagne, renouvelable prioritaire, prix électricité négatif, « en Allemagne il a fallu payer pour ne pas produire ».
Baptiste : phénomène ponctuel à prendre en compte mais pas le principal.
JPH : Le problème c’est qu’on ne parle pas de toutes ces choses qui ne vont pas.
[Discussion sur la voiture électrique]