Peut-on imputer la dangerosité de la cigarette électronique à un mésusage ?

Vapoter une cigarette électronique n’est pas si évident que cela parait. Nombreuses sont les complications pouvant entrer en jeu. En effet, il est fréquent que la cartouche du flacon se retrouve vide et c’est dans ces conditions que la dangerosité de la cigarette électronique apparaît.

 

 

 Plusieurs associations dénoncent ce type de mésusage, notamment 60 Millions de Consommateurs. En effet, lorsque le consommateur aspire, le dispositif électromécanique active un atomiseur qui mélange le liquide avec l’air inspiré (une simple résistance avec orifices pour l’air). Ce mélange est envoyé sous forme de vapeur et est inhalé par l’utilisateur. Lors de l’expiration, l’évaporation du glycol donne une impression visuelle de véritable fumée produite par une cigarette, tandis qu’une diode lumineuse située à l’extrémité simule une combustion. L’appareil ne simule pas seulement l’acte de fumer mais délivre le mélange vaporisé à une température de 50-60°C, (comparable à celle de la fumée d’une cigarette classique) [1]. C’est dans ces conditions que des substances cancérigènes comme l’acroléine ont été détectées.

Comment fonctionne une cigarette électronique ?

  

Mais de nombreuses personnes relativisent la fréquence de ces mésusages comme Sébastien Bouniol, vice président de l’AIDUCE : « On a dénoncé cet article, je crois que 60 Millions de consommateurs a fait son mea-culpa sous une forme atténuée mais on en attendait pas moins de la part de cet organisme .Oui il y a ces substances dans la cigarette électronique mais dans les mêmes proportions que dans les patchs et les patchs ne sont pas des produits du tabac mais des médicaments. Il peut y avoir d’autres substances dangereuses mais qui viennent d’un parfait mésusage de la cigarette électronique. C’est un dry it, vous avez alors une sensation ignoble en gorge, vous allez tousser et évidemment vous n’allez pas utiliser votre cigarette électronique. Donc les machines à fumer qui ont été utilisées pour ce test ne sont pas adaptées et ont pu générer des exemples parfaits de mésusage, et dans ces conditions ont pu révéler des polluants : ça n’a aucun sens. En général on reste entre 60 et 100°C et on n’a pas de polluants particuliers et les cancérigènes qui peuvent exister sont en doses admissibles. Les études menées pour le moment montrent bien qu’il n’y a pas de danger particulier » [2].

Enfin c’est l’étiquetage des flacons qui pose le principal problème et est source de la majorité des cas de mésusage. On rappelle que la nicotine est classée comme substance « très dangereuse » par l’OMS et que la réglementation du médicament situe l’utilisation de produits de substitution nicotinique par une exposition à la nicotine limitée et contrôlée. Les solutions de recharge « e-liquides » contiennent des quantités de nicotine assez importantes et même pour les concentrations inférieures à 20 mg/ml, elles peuvent conduire à des effets nocifs, notamment  chez les enfants, en cas d’exposition cutanée ou orale. En voie de conséquence, l’étiquetage doit préciser les précautions d’emploi et de mises en garde, ainsi qu’une lisibilité accrue comme le requiert la réglementation européenne pour les substances dangereuses. C’est d’ailleurs ce que réclame le docteur Dautzenberg, président de l’OFT : « Le problème est que les étiquettes sur les flacons doivent rester lisibles. Il y a aussi le problème de l’apparence des flacons, qui ressemblent trop à ceux de collyre qui peuvent tromper les enfants… »[3]. Par ailleurs Les solutions sont vendues en différentes concentrations de nicotine, de zéro nicotine jusqu’à des doses élevées et très élevées (16-18 mg/ml et 24-36 mg/ml), en passant par faibles et moyennes doses (6-8 mg/ml et 10-14 mg/ml, respectivement). Les concentrations sont normalement indiquées sur le flacon de liquide ou la cartouche, mais avec l’abréviation «mg», au lieu de «mg/ml», ce qui entraîne une mauvaise compréhension de la part de l’acheteur. Ainsi, plus dangereux qu’un mésusage possible de la cigarette électronique, c’est une mauvaise information sur les produits que les différents acteurs de la controverse combattent vigoureusement.

 

Bibliographie:

[1] Magazine « 60 millions de consommateurs », numéro 485, publié en septembre 2013

[2] Interview de Stéphane Bouniol, Vice-président de l’AIDUCE

[3] Interview de Bertrand Dautzenberg, président de l’OFT