Quel équilibre entre PEFC et FSC en France et à l’international ?

cartographie3_version2

A l’international, le FSC est le label le plus répandu selon les acteurs scientifiques comme écologistes, mais à l’inverse en France, le PEFC domine. L’ensemble des forêts domaniales, gérées par l’ONF (Office National des Forêts), est labellisé PEFC.

Natura-sciences estime que

«début 2014, près de 253 millions d’hectares étaient certifiés PEFC dans le monde, ce qui en fait la certification leader en termes de surfaces certifiées. En février 2014, près de 181,2 millions d’hectares étaient certifiés FSC à travers le monde. »

Cependant, il faut noter que l’ONF ne gère qu’un quart de la forêt française qui est majoritairement privée. M Eric Lacombe considère qu’en France, le PEFC domine en partie car pour beaucoup de propriétaires, la certification de leur forêt résulte d’une démarche plus souvent économique qu’écologique, ce qui les pousse à choisir le PEFC, plus en lien avec l’industrie du bois que le FSC.

Ces figures extraites de l’article de Anne Mione de l’université de Nice et Maya Leroy d’AgroParistech[1] montrent certaines différences entre PEFC et FSC.

La première représente l’aire de forêts certifiées PEFC et FSC en traits pleins et de chaînes de contrôle de certification sur l’ensemble de la filière bois en pointillés à l’échelle mondiale en fonction du temps.

graphe1_article_agro

La seconde représente l’aire de forêts certifiées PEFC et FSC en traits pleins et de chaînes de contrôle de certification sur l’ensemble de la filière bois en pointillés à l’échelle française en fonction du temps. Nous constatons bien que le PEFC prime sur le FSC à l’échelle française.

graphe2_agro

L’application du traitement du logiciel Gargantext au corpus formé sur la base de données Web of Science à partir de l’équation de recherche « Forest certification management » donne la cartographie suivante. Elle permet de mettre en valeur les éléments développés dans cette partie.

Carto

Nous y voyons un centre se dessiner en violet en bas de l’image autour du terme « forest certification » et cinq pôles de taille variable graviter autour. Chaque pôle est très fortement lié au centre et peu à ses voisins.

Dégageons ici les thèmes de chaque pôle. L’agrandissement de chacun des pôles est disponible à la page quantification.

Le centre se forme autour des problématiques de gestion de la forêt soulevées par les organismes de certification.

Le pôle rouge correspond à la planification à l’échelle régionale et fait écho à notre page L’échelle européenne.

Le pôle jaune est relatif aux différentes approches écologiques et aux responsabilités des propriétaires de la forêt.

Le pôle vert correspond à la gestion à l’échelle mondiale et est à mettre en relation avec notre page L’échelle mondiale.

Le pôle turquoise s’intéresse à la question du bois-énergie dans un contexte de développement durable, que nous pouvons mettre en lien avec l’exemple du bois-énergie développé par la suite.

Le pôle bleu s’intéresse à la diversification des usages de la forêt et à la certification de tous les types de produits issus de l’exploitation de la forêt.

Le PEFC est controversé sur Internet, notamment à cause des exploitants qu’il a accepté de labelliser malgré des pratiques défavorables pour l’environnement.

De nombreux blogs écologistes critiquent cet organisme suite à sa politique de contrôle peu scrupuleuse et son laxisme quant aux exigences vis à vis des exploitants des forêts labellisées.

Beaucoup de militants reprochent au PEFC de n’être qu’une « marque commerciale » qui permet aux produits « certifiés » une plus value économique considérable, en dépit d’un vrai label.

Ce phénomène est baptisé « Green-Washing ». Preuve irréfutable de la polémique qui l’entoure, il n’est pas soutenu par un certain nombre d’organisations non gouvernementales (ONG) comme Greenpeace, WWF ou les Amis de la Terre. Elles reprochent au label PEFC des critères sociaux flous, une consultation insuffisante, mais surtout des certifications particulièrement abusives.

En effet, PEFC aurait accordé son label à une entreprise malaysienne soupçonnée d’exploitation illégale de bois et de violation du droit des peuples forestiers, et à une autre firme qui détruisait les forêts primaires de Tasmanie au napalm pour y planter des arbres à croissance rapide comme l’eucalyptus…

Dans leur article « Décisions stratégiques dans la rivalité entre standards de qualité : le cas de la certification forestière  »[1], Anne Mione de l’université de Nice et Maya Leroy d’AgroParistech, les deux chercheuses notent la virulence des critiques déclenchées par la publication de l’article « L’incroyable certification : la destruction des forêts de Tasmanie reçoit le label PEFC »[2] (30/10/2006), déclenchant une pétition contre le PEFC[3].

Elles relèvent ensuite la réponse du PEFC[4] et indiquent que les tensions continuent jusqu’en octobre 2011.

Selon elles, le FSC critique le PEFC sur son manque de professionnalisme. Celui-ci tente alors de réfuter ces allégations en avançant un argument contre chaque point d’accusation.

Le journal écologiste télé millevache avance même le fait que l’organisation PEFC ne soit même pas reconnue par le gouvernement français comme label selon, une information que démentent les documents officiels.

Les labels officiels français sont des décisions par lesquelles une autorité reconnaît qu’une personne, un site, un territoire ou un produit possèdent un certain nombre de qualités énumérées et définies dans un acte législatif ou réglementaire. Ces décisions, qui sont nominatives et individuelles, sont publiées au Journal Officiel.

Actuellement, il n’existerait en France que deux types de labels officiels : ceux qui sont décernés par l’État et ceux qui sont décernés par des organismes internationaux 12. Ce n’est pas le cas de PEFC qui n’apparaîtrait dans aucune liste des labels officiels.

À l’inverse, le FSC a, dès sa création en 1993, laissé voir son objectif en se focalisant très rapidement sur les forêts tropicales où une situation d’urgence se faisait sentir, à savoir la déforestation. Peu implanté en France (moins de 15 000 hectares sur 16 millions, selon Marie Vallée, directrice executive de FSC France) où le PEFC a la mainmise sur la majorité des forêts françaises .

Selon le FSC, la distinction avec PEFC se fait dans l’organisation même de l’architecture décisionnelle du Label.

« A FSC, la Chambre économique, la Chambre sociale et la Chambre environnementale votent chacune à parts égales » selon Marie Vallée, Directrice exécutive de FSC France. En revanche, « au sein de PEFC il y a trois collèges : les producteurs de bois, les transformateurs de bois et les utilisateurs de la forêt. C’est seulement dans ce dernier collège que l’on retrouve les ONG, aux côtés des randonneurs et des chasseurs » .

Le poids accordé aux différentes fonctions de la forêt n’est donc pas le même selon le Label.

 

L’analyse quantitative de la presse généraliste et scientifique confirme que le FSC est beaucoup plus populaire que le PEFC. En effet, on obtient presque cinq fois plus de résultats pour l’équation de recherche « Multifunction* AND forest AND FSC » que pour « Multifunction* AND forest AND PEFC » dans les différentes bases de données.

graphe_Anas2

Le caractère international du FSC est confirmé par notre analyse quantitative également puisque lorsqu’on cherche « Pan European Forest Certification, Forest Stewardship Council » sur le corpus anglais de Google Ngram, le nombre d’apparitions de Forest Stewardship Council dans les livres écrase de loin le nombre d’apparition de Pan European Forest Certification.

  graphe_Anas1

Le recours a Google NGram pour l’équation de recherche « Pan European Forest Certification, Forest Stewardship Council » sur le corpus donne le résultat suivant :

 graphe_Anas3

La cartographie ainsi enrichie devient :

cartographie3_PEFC_FSCUne illustration : la question du bois-énergie>

_______________________________________________________________________

[1] Décisions stratégiques dans la rivalité entre standards de qualité : le cas de la certification forestière, Anne Mione, Maya Leroy, 2013 http://www.agroparistech.fr/geeft/Downloads/Pub/Mione_Leroy_2013_Manag_Int_Decisions_strategiques.pdf,consulté le 16/04/2015

[2]Pétition contre le FSC, consommerdurable.com, belinunda, 08/11/2006, http://www.consommerdurable.com/2006/11/deforestation-en-tasmanie-cyberpetition-contre-l-incroyable-certification-2/ (consulté le 16/04/2015)

[3]Lettre du PEFC en réponse aux accusations de certification d’une entreprise aux méthodes peu écologiques en Tasmanie, Michael Berry, 30/03/2012, http://www.pefcasia.org/japan/about_council/statements/2012_04_03_letter_to_Michael_Berry_NCS_Intl.pdf (consulté le 16/04/2015) (Il ne s’agit pas de la lettre originale puisque la date ne correspond pas mais d’une réponse similaire à la même accusation)

< a href = "#top" >Retour en haut