Une facette de la gestion multifonctionnelle est la position du bois-énergie dans la gestion de la forêt. Tandis que le FSC ne prend pas directement position sur la question tout en appelant à une gestion équilibrée de la forêt mais économiquement viable par l’article 5 de sa charte, le PEFC soutient fortement l’essor de la filière du bois-énergie[1]. Alors que M Puech et M Caullet l’envisagent comme la solution au déficit de la filière bois en France, le géographe M Arnould l’estime incapable de jouer ce rôle.
Nous pouvons rappeler le pôle relatif au bois-énergie issu de la cartographie établie au moyen de Gargantext.
Un marché du bois français déficitaire :
Au travers de la plupart des médias disponibles, les acteurs du marché du bois reconnaissent le déficit de la filièredu bois en France. Les différents rapports remis aux gouvernements, la presse généraliste et les experts en attestent. Selon La Croix, le déficit s’élève en 2014 à 5,6 milliards d’euros.
La presse généraliste, notamment Le Monde et l’Express, pense que ce déficit est dû au fait que le bois français est destiné à l’export, notamment vers la Chine, et ce à des prix de plus en plus bas. Elle pointe du doigt le manque d’industrialisation français dans ce domaine.
Le géographe Paul Arnould voit les mêmes causes au déficit français, ainsi que les différents rapports remis aux gouvernements.
Le bois-énergie pourra-t-il sauver la filière du bois en France ?
Si le PEFC comme le FSC labellisent des structures impliquées dans la production de bois-énergie, tous les acteurs ne voient pas le bois-énergie comme le sauveur de la filière du bois française.
Le rapport de M Jean Puech remis au président de la République en 2009 préconise le recours au bois-énergie pour redresser le marché du bois français.
A l’inverse, le rapport de M Jean-Yves Caullet remis au premier ministre en 2013 met l’accent sur la diversité des usages du bois. Il rappelle la nécessité de trouver un équilibre entre les différents usages potentiellement en compétition.
Le géographe Paul Arnould a également exprimé son désaccord avec M Jean Puech, estimant le bois-énergie non rentable du fait de son faible prix de vente. M Eric Lacombe considère lui que le bois-énergie peut être bénéfique au marché du bois tant qu’il ne surpasse pas les actuels usages majoritaires du bois en France, notamment le bois charpente qui présente également l’intérêt de l’aspect puis à carbone.
Dans leur article Optimizing forest biomass exploitation for energy supply at a regional level, publié dans la revue Biomass and Bioenergy, Davide Freppaz, Riccardo Minciardi, Michela Robba , Mauro Rovatti, Roberto Sacile et Angela Taramasso étudient la quantité de biomasse disponible sur une parcelle de terrain dans le but d’implanter une usine de production d’électricité à partir de la combustion de biomasse.
Ils concluent que l’exploitation de 14 % de la biomasse de la région couvrirait 10 % des besoins énergétiques de cette même région. De plus, une planification de gestion sur 20 ans serait nécessaire. Enfin, cette étude a lieu à un niveau régional, elle est difficile à extrapoler à l’échelle nationale.
Dans l’article Stimulating fuelwood consumption through public policies: An assessment of economic and resource impacts based on the French Forest Sector Model, publié dans la revue Energy Policy, Sylvain Caurla, Philippe Delacote, Franck Lecocq, Ahmed Barkaoui s’intéressent au bois de chauffage en France. En comparant différentes politiques de gestion possibles, ils concluent qu’aucune n’est satisfaisante pour redresser le marché du bois.
illustration : copeaux de bois agglomérés pour former des blocs de combustible. Source :fr.wikipedia
L’inquiétude des écologistes : l’aspect économique de la forêt va-t-il devenir l’unique préoccupation du gouvernement en matière de gestion des forêts ?
Les différentes associations écologistes craignent que le gouvernement soutienne une gestion des forêts principalement tournée vers l’économie. Un article publié dans News Press en Mars 2014 souligne l’inquiétude de l’association Humanité et Biodiversité l’égard d’un projet de loi jugé promouvoir une gestion trop économique des forêts. Cependant, les sources en sont souvent absentes et les arguments flous.
De plus, la métode d’exploitation du bois pour l’énergie présente un inconvénient pour la faune forestière. En effet, elle permet la valorisation de l’ensemble des produits des arbres et non seulement des troncs comme la coupe traditionnelle. De ce fait, les branches sont ramassées sur les sites de coupes. Le sol à l’issu de la coupe est donc « propre », ce qui nuit à la régénération de la couche d’humus. La couche d’humus sur le sol des forêts est issue de la décomposition de matière organique, notamment de bois mort, aussi le nettoyage des sites de coupe présente un problème pour sa régénération. Certains exploitants acceptent néanmoins de laisser un quota de branches sur le site dans l’optique de préservation de la biodiversité.
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[1]Le bois une énergie verte d’avenir, PEFC, 05/02/2015,http://www.pefc-france.org/articles/le-bois-une-energie-verte-d-avenir consulté le 16/04/2015