D’une question au départ seulement juridique et technique, le droit à l’oubli a pris une dimension économique avec la prise de conscience de la valeur de nos données personnelles.
La revue Computer Law & Security Review faisait remarquer en 2013 que l’utilisation des données personnelles rendait certains e-business très efficaces. On pense alors au stockage de données personnelles sur le Cloud, à la localisation des individus ainsi qu’à l’usage des informations collectées pour la publicité ciblée.
Les utilisateurs s’étant aperçus du grand potentiel économique de leurs données, ils serait logique qu’ils en récupèrent le contrôle et puissent les monnayer volontairement [4S].
Mais cette réappropriation de nos données impliquerait que nous repensions totalement notre utilisation d’Internet, car c’est bien grâce aux échanges de données personnelles que les très nombreux sites gratuits se rémunèrent. Nous savons que rien n’est gratuit, mais nous ne savons pas comment nous payons tout ce contenu librement accessible.
La protection de nos données personnelles serait-elle alors fondamentalement incompatible avec le modèle actuel d’Internet, et l’ensemble de l’économie numérique qui repose sur leur utilisation ? Il est important de ne pas bloquer le développement d’une multitude de PME basées sur le traitement de nos données, tout en prenant gare au type d’informations que nous souhaitons leurs fournir [5P].
[5P] C. Quéguiner, « Données personnelles : faut-il oublier « le droit à l’oubli numérique » ? » France Info, 30 mai 2013.
[4S] S. Corbett, « The retention of personal information online: A call for international regulation of privacy law », Computer Law and Security Review, Volume 29, Numéro 3, Pages 246-254, Juin 2013.