L’économie collaborative : projet social ou libéralisme ?

L’économie collaborative : projet social ou libéralisme ?

L’économie collaborative a plusieurs facettes : l’économie sociale et solidaire qui prône un projet commun sans échange marchand, les plateformes de coopération entre particuliers comme AirBnb et Blablacar ou des plateformes mettant en scène des auto-entrepreneurs comme Uber. Chaque acteur voit ainsi l’économie collaborative comme une réponse à une vision différente de la société. Comment définir la notion de collaboration ?

L’économie sociale et solidaire pour une société plus humaine

L’objectif de l’économie collaborative, en tant qu’économie sociale et solidaire est, selon Eric Dupas-Laigot, conseiller chargé de l’économie sociale et solidaire au ministère de l’économie, de mettre en place des systèmes locaux – à l’échelle d’un quartier – qui permettent la création d’un projet commun aux acteurs. Il s’agit d’un projet non lucratif où chacun s’investit selon ses disponibilités et récolte le fruit du travail selon ses besoins. Il s’agit donc de projets avec une grande dimension sociale où la dimension économique reste faible.

Une autre forme d’économie sociale et solidaire et la mise en place de coopératives, et notamment la mise en commun des outils de production pour réduire les coûts. Les acteurs s’associent alors autour de différents projets, chacun ayant un intérêt propre mais en permettant également aux autres de mener à bien leur projet.

Comme l’indique Le ministère de l’économie, cette forme d’économie collaborative n’a pas vocation à remplacer l’économie de marché et n’ouvre donc pas à un changement de régime sociétal marquant, cependant ces projets favorisent des projets sociaux, et permettent également le développements d’entreprises participant à la richesse nationale.

Ces acteurs sont alors pour une collaboration dans l’effort pour obtenir chacun un résultat individuel qui serait impossible sans les autres.

La mise en commun de la clientèle

L’économie collaborative se traduit souvent par un contact direct – souvent par le biais d’une plateforme internet-entre la personne qui propose le service et celle qu’il l’utilise. Il n’y a aucun intermédiaire physique, pas d’agent immobilier, pas de loueurs de voitures… Les acteurs proposant une activité se regroupent autour d’un événement (brocante, vide-grenier…) ou d’une plateforme (leboncoin.fr…) pour regrouper leurs offres et ainsi attirer un plus grande nombre de clients. Il n’est ici pas question de mettre en place le moyen de production, mais bien la clientèle. Ce phénomène s’est fortement développé grâce à internet puisqu’il est possible avec une plateforme de toucher l’ensemble de la population nationale. Une plateforme est d’autant plus efficace qu’il y a d’utilisateurs.

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Évolution du nombre de chauffeurs Uber aux États-Unis

L’économie collaborative se traduit donc également par la volonté d’étendre la portée de ses actions et de ses offres, de favoriser l’interaction entre le client et le fournisseur de service.

Les petits extras

L’avènement de la plateforme numérique, c’est aussi l’occasion d’ajouter de nouveaux acteurs dans l’économie. En effet, certaines plateformes comme Blablacar ou AirBnB ont permis de généraliser le covoiturage et la location entre particuliers. Tout individu peut maintenant proposer un service, vendre un bien… et sans conditions particulières. C’est aussi un facteur de développement de l’économie collaborative, puisque l’acteur peut exercer une activité rémunérée, simplement en fonction de ses besoins et avec un cadre réglementaire très souple. En effet, comme précisé dans nos différents entretiens, il est toujours question de seuil et les revenus issus de l’économie collaborative dans cette optique sont rarement taxés (car rarement déclarés et rarement recherchés par l’administration).

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Evolution de Kang, une plateforme de mise en relation de particulier pour des services

L’économie collaborative est donc également un moyen pour le particulier ou pour l’auto-entrepreneur d’avoir un complément de revenu dans un cadre flexible.

L’importance de la note

Le salariat a pour habitude d’avoir des évaluations de compétence ou d’efficacité effectué par la hiérarchie. Dans l’économie collaborative c’est le client qui note le service, et parfois même le prestataire qui note le client. C’est donc un système qui fonctionne grâce à des communautés. Il s’agit de faire confiances aux autres utilisateurs d’avoir donné un avis à l’image du service, un avis négatif pouvant être catastrophique pour le prestataire est l’exclure du marché. C’est une autre échelle de collaboration ou la parole est donné au client qui peut exprimer son opinion sur le service, un opinion qui aura forcément des conséquences au près de la communauté.

Un grand pas vers le libéralisme

Cependant, ce qui est particulièrement ressorti lors de la réunion du club parlementaire, c’est que l’économie collaborative représente également la fin de l’interventionnisme de l’état. En effet, cette forme d’économie ne fait pas appelle au salariat mais au statut d’auto-entrepreneur voir de particulier. Les revenus sont donc peu chargés et ne participent que très peu au régime général de la sécurité sociale. En contrepartie, les auto-entrepreneurs ne bénéficient pas des protections générales comme l’assurance chômage ou des garanties des contrats de travail comme les congés payés ou les protections contre le licenciement. Une des questions soulevées par le club parlementaire de la protection sociale est justement : « comment adapter le régime sociale actuelle à ce nouveau statut ? ». Évidemment, la généralisation de cette forme d’activité peut constituer une baisse significative des cotisations sociales.

Une solution possible est la mutuelle, où chaque catégorie s’assure en fonction de son risque propre. Il ne s’agit donc plus vraiment d’économie collaborative, puisque justement il n’y a plus collaboration dans le financement des prestations sociales.

Une économie collaborative  à mille facettes

Finalement, l’économie collaborative peut se traduire par un projet de cohésion sociale ou un refus de participer au régime général, un travail d’équipe ou l’utilisation d’une plateforme, la mise en place de moyens pour sauver l’emploi ou la fin du salariat. Chaque acteur y voit cependant un intérêt propre, qu’il soit économique ou moral, les plateformes ayant permis d’accentuer le phénomène en le rendant accessible à l’ensemble de la population.