Une remise en cause de l’élevage. Une réforme de l’élevage moderne implique une restructuration de notre société : quelle place tient actuellement l’élevage dans notre système ? Est-on même capables de s’affranchir de notre dépendance aux animaux pour produire ce que nous mangeons ? Comment faire passer une telle réforme en 2016 ? Quelles seraient les conséquences d’une telle réforme ? . L’évolution de l’élevage L’élevage des animaux désigne l’ensemble des activités humaines déployées dans le but d’assurer la multiplication des animaux, le plus souvent domestiques, dans un objectif d’usage par les humains. Il apparaît durant le néolithique (14 000 à 7 000 avant J.-C.), au moment où l’humain effectue sa transition de chasseur-cueilleur vers un statut d’agriculteur-éleveur. Par un souci de facilité, les premiers animaux domestiqués ont été les plus dociles : des chiens et porcs vivant aux alentours des maisons, puis des animaux vivant en troupeaux. L’utilisation des animaux d’élevage par les humains était à cette époque bien plus diversifiée que de nos jours : ils étaient surtout mis à contribution pour leur force physique (travail du sol), mais aussi pour leur production non-destructrice de nourriture (fromage), de tissu (laine). Cette activité restait tout de même limitée et n’avait pas une place primordiale dans l’économie. On parle d’élevage extensif. L’élevage devient intensif dans notre société après la Seconde Guerre Mondiale : c’est à cette période que la viande et le lait deviennent des produits piliers de notre économie. Afin d’optimiser la production de ressources, l’humain recourt à de nouvelles techniques : insémination artificielle (diminue le nombre de bestiaux à avoir et le risque d’infections), sélection génétique des animaux. Il est intéressant de noter que la mécanisation du travail enlève aux animaux leur statut de « travailleurs physiques » dans la société moderne occidentale. . L’élevage au 21ème siècle Avec l’augmentation importante de la demande en ressources animales durant les dernières décennies, il est utile de savoir quelle ampleur le phénomène d’élevage a pris au début de notre siècle. Entre 1970 et 2009, la consommation de viande est passée de 25kg par personne à 38kg, soit plus de 50% d’augmentation. Parallèlement, la population mondiale humaine est passée de 3,70 milliards à 6,80 milliards, soit 80% d’augmentation. Cela fait donc une hausse de la production de 170% en 40 ans. Cette augmentation de viande se traduit en chiffres par la mise à mort de plus de 60 milliards d’animaux par an (les poulets et animaux marins comptant pour plus de 90% d’entre eux), équivalent à 290 milliards de kilos de viande consommés chaque année. Passons maintenant aux ressources nécessaires pour produire cette quantité de nourriture, car les animaux ne se nourrissent pas tous seuls. La production d’un kilo de viande nécessite en moyenne : 7 kilos de céréales, 15.000 litres d’eau et 100m². L’élevage est aussi responsable d’entre 15 et 18% des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans le monde. . Plus de droits pour les animaux, moins pour les éleveurs ? La modification du code civil octroie un statut « plus humain » aux animaux domestiques et d’élevage. Il s’agit donc de savoir dans quelle mesure ces nouveaux droits vont impacter la façon de mener l’élevage ainsi que la profession des éleveurs. Selon les syndicats agricoles et certains partis politiques (majoritairement de droite), le fait d’octroyer de nouveaux droits aux animaux obligera les éleveurs à respecter de nombreuses nouvelles procédures, c’est-à-dire de nouvelles obligations – et donc contraintes – dans la réalisation de leur métier. Cela pourrait rendre très complexe leur activité, et ne leur donnant pas de véritable contrepartie. Toutefois, ces nouveaux droits peuvent se diriger vers une amélioration de la vie du bétail, sans forcément détériorer celle des éleveurs. Par exemple, les volailles se verront octroyer plus d’espace dans leur cage, ce qui impliquera une révision des installations qui, une fois réalisée, n’handicapera pas la vie quotidienne des éleveurs. . Abandonner l’élevage intensif Un tel système ancré profondément dans nos mœurs ne peut pas être abandonné stricto sensu, sinon de façon progressive. Il existe cependant une manière de réformer le système afin de le rendre plus durable. Notion forte de l’actualité, l’augmentation de la durabilité des sociétés humaines devient un enjeu majeur de notre futur. En effet, la surexploitation des ressources disponibles dépasse leur taux d’apparition, principalement en ce qui concerne les ressources fossiles. Il faut donc trouver une façon d’utiliser mieux ces ressources (afin de ralentir leur disparition), ou bien se rabattre vers des ressources renouvelables. Mais le terme de ressources ne concerne pas seulement l’énergie qui nous est si chère. En effet, une ressource est un élément utilisable ou ayant une valeur effective pour l’humanité. On peut donc inclure le cheptel mondial dans cette catégorie. C’est une ressource particulière, ayant un statut intermédiaire entre la ressource fossile et les ressources renouvelables au sens du vent ou bien de la lumière du Soleil. Ces deux dernières apparaissent de façon constante et indépendante de notre volonté, on ne peut donc qu’influer sur la façon de les consommer. Mais la ressource biologique n’est pas fossile, car se reproduit, mais ne peut non plus être qualifiée de renouvelable au sens où elle se régénère, et non se renouvelle. Ceci signifie que l’humain peut influer aussi bien sur son taux de régénération que sur la façon de la consommer. Pour conserver une production constante ou convenable tout en diminuant la vitesse de régénération (nombre de têtes), on peut augmenter le rendement d’une tête. Et ceci passe par différents moyens. En effet, pour optimiser le rendement d’une tête, la méthode la plus immédiate est d’augmenter la quantité ou qualité de la ressource fournie par une tête : c’est ce que la sélection génétique ou encore l’insémination artificielle permettent de faire. On peut également diminuer la quantité de ressource nécessaire à la production d’un kilo de viande. Certains animaux requièrent moins que d’autres : la viande blanche a un meilleur rendement calorique que la viande rouge. Ainsi, en transformant une partie de la production mondiale des bovins vers les ovins, on parvient à une amélioration en brut de la production. Une telle amélioration permet, à surface constante d’exploitation, de diminuer le nombre de têtes présentes, et donc d’améliorer la qualité de vie des animaux d’élevage. Afin d’augmenter encore le confort de ces animaux, une augmentation de la surface des élevages est possible, et dépend de la volonté des industriels. . Modifier la vie des animaux par une réforme sociétale Pour beaucoup de détracteurs du système d’élevage tel qu’il se présente aujourd’hui, comme les écologistes ou les associations de défense des animaux, il ne s’agit pas d’abandonner totalement ce système, mais plutôt le réformer afin de le rendre plus durable, et ce par une coopération de la part aussi bien des industriels que des politiques : on peut ainsi récompenser les industriels qui acceptent de changer leurs process tout comme l’on subventionne les agriculteurs. Il est alors impératif de renforcer les contrôles afin de s’assurer qu’un industriel respecte ou non les mesures décidées par le pouvoir politique en place. Ceci requiert une collaboration de la part de ces industriels, afin de faciliter les phases de contrôle et diminuer les fraudes. C’est donc la responsabilité personnelle qui est engagée. De plus, la volonté des industriels est influencée par celle du peuple. Même s’il est difficile pour un consommateur assis dans son canapé de concevoir pleinement les conditions de vie des animaux qu’il consomme, il n’en reste pas moins sensible dans une certaine mesure : le prix qu’il est prêt à payer pour consommer de la viande de meilleure qualité, obtenue de façon plus responsable et respectueuse. C’est donc la responsabilité civique de chacun et chacune qui est en jeu pour faire appliquer ces méthodes, à travers les moyens de pression à la disposition de tous. Consommateur, tu peux protester contre une certaine compagnie en la boycottant. Politique, tu peux appuyer des réformes plus agressives pour encourager une application partielle qui aurait déjà un impact important. Industriel, tu peux augmenter la qualité de tes produits en respectant plus les animaux que tu utilises. . . Références Wikipedia, Elevage, Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89levage Wikipedia, Ressource, Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ressource Planetoscope, Statistiques : nombre d’animaux tués pour fournir de la viande dans le monde, Disponible sur : http://www.planetoscope.com/elevage-viande/1172-nombre-d-animaux-tues-pour-fournir-de-la-viande-dans-le-monde.html Magdelaine Christophe, Manger autant de viande est une aberration pour l’environnement et la santé, Planète Info, 16/02/2016. Disponible sur : http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2202_surconsommation_viande.php INRA, Elevage de raison, in INRA Science & Impact, 2014. Disponible sur : http://www.inra.fr/Grand-public/Economie-et-societe/Toutes-les-actualites/Histoire-de-l-elevage-la-domestication-des-animaux-et-des-plantes (consulté le 25/05/2016) . . .