DSK, Macron, PenelopeGate… les médias face au piège de la connivence politique

« Le mot risque a déjà été prononcé 12 fois depuis le début de la conférence. Il n’y a pas un risque de connivence. Il existe une connivence certaine de tous les instants, tout le temps. Ce sujet est un marronnier depuis 20 ans ». Daniel Schneidermann, spécialiste de la critique des médias et fondateur d’arrêtsurimages.net

Une anecdote éclairante de Daniel Schneidermann : « En 1986 lors de la première cohabitation, on m’envoie aux quatre colonnes à l’Assemblée Nationale. Un jour je vois Giscard arriver avec un petit papier. Il parcourt l’attroupement des yeux demandant où est l’AFP. Puis il dicte un communiqué à l’AFP. A la fin il demande à la journaliste de l’AFP de relire à haute voix les notes prises en la corrigeant si le mot n’était pas exact. Je rentre au journal et je raconte la scène en me disant que j’ai un super papier. Le papier paraît le lendemain. Puis quand je reviens aux quatre colonnes le lendemain, dix paires d’yeux me suivaient. Les attachés de presse se disaient: « c’est lui ». J’étais grillé. J’avais transgressé un interdit dont personne ne m’avait informé. Il fallait travailler de manière différente de ce que je faisais d’habitude en ne disant pas et en ne racontant pas ce que j’avais entendu ». Un petit aspect de la connivence qui fait dire au journaliste que « ce métier ne serait jamais le mien ». La conférence commence par un tacle à la gorge de ses confrères spécialisés en politique.

  • Il y a une forme de surveillance et jugements entre journalistes

« Les médias en général se concentrent sur l’étrillage des responsables politiques. Cette critique est absurde, la presse n’est pas de connivence avec François Hollande par exemple. Les médias se sont imprégnés de la méfiance que les citoyens ont pour les politiques. Aujourd’hui, se présenter à une Présidentielle et arriver au bout sans critiques ou moqueries, c’est un exploit » Ségolène Royale

  • La plupart du temps, les journalistes fournissent les critiques du peuple.

« La transparence est totale dans la vie publique mais elle ne peut être que partielle dans la vie privée, juge Michèle Cotta, journaliste politique au Point. Si l’élément n’intervient pas sur la vie politique, il n’existe aucune raison d’en parler ».

  • Lorsqu’il y a une csq sur la vie politique, les éléments doivent être mentionnés.

« Pierre Favier journaliste de l’AFP et accrédité à l’Elysée me raconte alors la journée du Président et qu’à 18 heures il rentre dans sa deuxième famille quai Branly avec sa fille Mazarine et sa deuxième femme. C’était 7 ans avant sa révélation. Ce qui me fascine, rétrospectivement, c’est que je ne me suis même pas posé la question d’en parler dans le papier. Je me suis simplement dit que c’était la vie privée du Président. Aujourd’hui je me dit que le public aurait dû en avoir connaissance. »

  • Selon le journaliste, les journaux à scandales fonctionnent comme un système de blanchiment d’informations. Parfois c’est utile qu’ils diffusent une info qu’on pourra reprendre par la suite en lui donnant un sens politique et en la recontextualisant.

« Je ne crois pas au coup de téléphone de l’actionnaire au directeur du journal. Cela se passe de manière plus souple poursuit le fondateur d’arrêtsurimages.net. L’actionnaire nomme à la tête des rédactions, des journalistes qui n’ont pas une vision léniniste du monde. Ils nomment untel car ils pensent que c’est un bon journaliste car il est d’accord avec eux. Et par capillarité cela influence le débat économique. »

  • Influence économique indirecte mais présente

ET SUR LE OFF : « si un politique vous parle de manière vraiment très privée, car il a confiance en vous ou a trop bu, il vaut mieux respecter le off en signe de confiance. » Le journalisme politique serait pour Philippe Ridet « le contact puis la distance grâce à la séduction. Mais je n’ai jamais pensé que tout cela était autre chose qu’un jeu de rôle ». Un grand jeu de rôle alors avec 70 millions de spectateurs pour sa version française.

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