La connivence permet-elle une meilleure connaissance du politique ?

Ce thème fait encore débat parmi les journalistes. Regardons par exemple ce que dit Daniel Schneidermann à ce sujet dans l’Obs, le 27 février 2017.

Daniel Schneidermann est un journaliste français, spécialiste de la critique des médias, puisque son émission, Arrêt sur Images, avait déjà comme principe de critiquer la télévision à la télévision. Il poursuit cette émission sur internet après la fin de la diffusion de celle-ci en 2007. A l’occasion d’une conférence sur le nouveau livre du politiste Alexis Lévrier : « Le contact et la distance », à laquelle plusieurs journalistes connus participent, le thème de la connivence refait évidemment surface: Quelles sont les barrières qui s’opposent à pleine liberté d’investigation des journalistes ? Les positions au sein du monde journalistique semblent diverger. L’auteur prend un exemple personnel : Lui-même avait été au courant de l’existence de la seconde famille de Mitterrand sept ans avant la divulgation de ce scoop dans la presse. Mais à l’époque, ce qui révélait de la vie privée ne semblait avoir aucun intérêt.

Raphaëlle Bacqué et Philippe Ridet, deux journalistes du Monde prétendent quant à eux que les barrières sont désormais abolies, renversées, et que toutes les informations peuvent être révélées. Cela semble donc augmenter l’intérêt pour un journaliste d’être connivent avec les hommes politiques. En effet, il semble donc tout à l’avantage du journaliste de traîner dans l’entourage proche de l’homme politique pour acquérir le maximum d’informations. C’est notamment le cas de Franz-Olivier Giesbert qui revendique complètement: « Moi, je couche avec le pouvoir ». En effet, ils prétendent que cela leur permet de mieux cerner le personnage, de mieux comprendre ses idées, et d’avoir des informations susceptible de plaire aux lecteurs plus vite et de meilleure qualité, surtout quand elles sont « croustillantes ».

Pourtant, il existe encore un exemple troublant : le manque d’intérêt pour les missions de la compagne de Benoît Hamon chez LVMH, malgré le refus du candidat socialiste de participer à l’émission : Ambition intime, notamment parce qu’il était gêné par le poste occupé par sa femme. Seul Challenges, un journal pro-macron, révèle qu’elle occupe un poste important qui pourrait même l’amener à s’opposer à la mairie de Paris, à propos du futur grand magasin LVMH à la Samaritaine. La question se pose de savoir si elle était aussi responsable de délocalisations du groupe LVMH, surtout quand on sait que LVMH est la cible du désormais césarisé documentaire « Merci Patron ! ».

Raphaëlle Bacqué et Philippe Ridet ne semblent pas au courant de cet article de Challenges.

En conclusion, il semble que les barrières ne se soient pas si abolies que cela. Elles sont même rentrées dans une forme de tabou. D’après Daniel Schneidermann, on ne révélait pas la seconde famille de Mitterrand car cela n’avait aucun intérêt politique. En revanche, on cache le rôle de la femme d’Hamon, car cela pourrait l’embarrasser,  au nom d’un principe qui paraît ringard, celui d’après lequel un couple possède une unité d’idées, de mœurs, de pratiques.

Sources:

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *