Des langues perçues différemment

Alors comme ça tout le monde n’est pas aussi impliqué ?

La question des langues régionales n’est pas vécue de la même façon par tous nos acteurs. En effet, si certains, comme le député du Morbihan Paul Molac, sont très impliqués dans ce combat, d’autres au contraire se sentent moins concernés. C’est ce sentiment que nous traduit Paul Molac lors de notre entretien du 11 avril 2017.

«Évidemment, il y a les députés qui sont concernés par les langues régionales et ceux qui ne le sont pas. Dans ceux qui ne le sont pas, il y a deux écoles si je puis dire : une école qui est assez bienveillante parce qu’ils estiment que ça fait partie de la culture, de la glottodiversité et une autre qui est très arc-boutée sur une vision unitaire et unilingue de ce qu’est l’État.» [1]

Cette vision ne se cantonne pas à l’Assemblée Nationale. Les associations qui luttent pour la reconnaissance de leur langue régionale peuvent parfois se heurter à l’indifférence de l’administration, une forme de mépris, presque une violence symbolique. Le secrétaire de la FLAREP, pendant notre entretien du jeudi 11 mai 2017, nous a notamment parlé des freins omniprésents dans leur lutte pour la reconnaissance et l’enseignement des langues régionales.

« Il y a des recteurs ou des rectrices d’académie qui, si on utilise un euphémisme, on dirait qu’ils ne sont pas tellement favorables, donc sont franchement hostiles aux langues régionales, et feront tout ce qu’ils peuvent pour freiner, réduire, diminuer l’existant, d’où un manque des enseignements en langues régionales dans l’enseignement public. » [2]

Certains acteurs, bien que peu impliqués dans des questions de langues régionales, n’hésitent pas à exprimer ouvertement leur désaccord et à tout faire pour retarder les avancées. C’est par exemple le cas de Jean-Luc Mélenchon, comme révélé par Paul Molac :

« Par exemple, la seule fois que Jean-Luc Mélenchon a écrit aux députés de l’Assemblée Nationale, ce n’était pas pour leur dire de ne pas voter le budget, ce n’était pas pour leur dire de ne pas voter la loi El Khomri, ce n’était pas pour leur dire de ne pas voter la loi Macron, c’était pour leur dire de ne pas ratifier la Charte européenne des langues minoritaires.» [3]

De plus, d’après le ressenti de certains acteurs, comme le secrétaire de la FLAREP, la question des langues régionales ne devient prioritaire que lorsqu’elle se transforme en question politique.

«C’est-à-dire que quand la question de l’enseignement des langues régionales devient une question politique, qui peut aller très loin, […] le ministère traite ça effectivement comme une question, un problème politique, et on met les moyens et on se préoccupe sérieusement de répondre au problème, de trouver une solution au problème.» [4]

 

Alors en France tout le monde ne s’implique pas pour les langues régionales, certains font blocus, bref, ça patauge ! Et à l’étranger ils en pensent quoi ?


[1] , [3] Entretien avec Paul Molac, 11/04/2017

[2] , [4] Entretien avec Alà Baylac – Ferrer, 11/05/2017