Un constat controversé ?

Oh non ! Ça aussi ça fait débat ?

Nous avons vu au travers du débat juridique que la France a, à ce jour, refusé de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires [1]. Ce refus montre une certaine réticence de la part du gouvernement français de reconnaître et de protéger les langues régionales en France (75 langues en France auraient pu être concernées par cette Charte [2]).

Tout d’abord, les chiffres avancés par tous les instituts concordent : le nombre de locuteurs des langues régionales est en train de diminuer. Mais, selon les acteurs, ces données sont plus ou moins inquiétantes : si, pour certains, toutes les langues régionales sont en danger, pour d’autres, le relatif regain d’intérêt qu’elles connaissent depuis quelques années écarte toute menace.

La place des langues régionales en France n’a, de plus, pas la même importance pour tous les acteurs. Certains parlementaires, comme le député du Morbihan Paul Molac, en ont fait l’une de leurs principales batailles. Grâce à des propositions de lois, il tente d’améliorer la reconnaissance officielle des langues régionales. Pour d’autres, le combat se joue sur un tout autre terrain : citons par exemple Yann-Ber Piriou, spécialiste des langues celtiques et de la littérature bretonne, connu pour ses poèmes écrits en breton et ses essais engagés contre les discriminations dont sont, ou ont été, victimes les langues régionales et leurs locuteurs. En revanche, pour une grande partie du gouvernement, et notamment le Ministère de l’Éducation Nationale, l’un des plus concernés par ce débat, il n’y a pas, ou plus, lieu de s’occuper des langues régionales. C’est ce que nous a expliqué le secrétaire général de la FLAREP, fédération regroupant les associations locales engagées pour le développement des enseignements de et en langues régionales :

«Le Ministère a tendance à croire que l’enseignement des langues régionales et le bilinguisme en langue régionale sont des questions au moins réglées, en tous cas qui ne posent pas de problème majeur. Pour eux, c’est une étape normalisée.»[3]

À l’international, les pays frontaliers (Angleterre, Allemagne, Espagne,…) sont en totale opposition avec la vision, imposée par le gouvernement, d’une France une et indivisible, avec une langue unique et uniforme sur tout son territoire. Ils ne comprennent pas la position de la France sur ce sujet et l’expriment à travers des articles, publiés dans leurs journaux, sans hésiter à user d’un ton parfois ironique, ou qui pose en victimes les utilisateurs des langues régionales [4], [5], [6].

La question qui se pose pour les défenseurs des langues régionales induit, elle aussi, un débat. En effet, la question de savoir comment on peut les promouvoir fait surgir différents combats dans l’Éducation, les média ou bien la signalétique. Ce débat converge vers la même problématique de sauvegarde et d’amélioration de la visibilité des langues régionales.

 

Allons voir de plus près les chiffres !


[1] Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, 1992

[2] Cerquiglini B. « LES LANGUES DE LA FRANCE », avril 1999

[3] Entretien avec Alà Baylac-Ferrer, 11/05/2017

[4] Okzitanisch – Die Sprache der Troubadoure verstummt, Deutsche Welle, 09/2009

[5] Frankreichs kaschierte Sprachenvielfalt, Neue Zürcher Zeitung, 01/2014

[6] How France stifles its regional languages, The Guardian, 03/2015