Liste des acteurs
ÉthiqueLe Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) est un organisme indépendant dont l’objectif est d’exprimer des avis sur les conséquences éthiques des techniques médicales. Il peut être saisi par le gouvernement pour soutenir les décisions législatives ou bien choisir lui-même ses sujets d’étude, lorsqu’il considère que cela est nécessaire. Dans les deux cas, les rapports produits contiennent un état des lieux des techniques et la formulation des questions que soulèvent les techniques. S’il recommande souvent la prudence pour les pratiques pratiques dont on ne connaît pas les effets secondaires, il exprime aussi des recommandations plus précises. Dans l’avis n° 122 rédigé en 2013 « Recours aux techniques biomédicales en vue de «neuro-amélioration» chez la personne non malade: enjeux éthiques » il prévoit l’apparition à très court terme de techniques de stimulation profonde et met en garde contre le développement des technologies récentes et l’utilisation des traitements médicaux dont les effets sont encore mal connus.
“ Le Comité Consultatif National d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé a pour mission de donner des avis sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines de la biologie, de la médecine et de la santé.” Loi n° 2004-800 du 6 août 2004
Source : (François Ansermet, 2018 – CCNE, 2013)
François Ansermet est un psychanalyste et pédopsychiatre suisse exerçant le poste de Professeur de psychiatrie à la Faculté de Médecine de Genève. Chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux hôpitaux de Genève, il est appelé en 2013 pour siéger au CCNE lors des débats sur la neuro-amélioration. Selon lui les technologies de neuro-amélioration évoluent plus vite que notre habileté à répondre aux questions éthiques qu’elles posent. Néanmoins, il est convaincu que les avancées qui seront faites en neurosciences permettront la construction d’un meilleur rapport avec la psychanalyse.
Source : (François Ansermet, 2018 – Davaris, 2013)
Ali Benmakhlouf est professeur agrégé de philosophie à l’Université de Paris Est. Il est président du comité consultatif de déontologie et d’éthique de l’institut de recherche pour le développement et a été rapporteur sur l’avis n° 112 du CCNE. De son point de vue, les utilisateurs de smarts-drugs seraient sujets à un effet placébo. Il s’oppose une vision informatisée du cerveau, que l’on pourrait modifier par un processus simplement mécanique ou algorithmique.
Sources : (France Culture – Rahmil 2017)
Hervé Chneiweiss est Docteur en neurologie, directeur de recherche au centre neurosciences du CNRS. Nommé à la présidence du comité d’éthique de l’INSERM en 2013, il continue d’exercer la médecine à la Pitié-Salpêtrière. Hervé Chneiweiss est également l’auteur de Bioéthique, avis de tempêtes (avec Jean-Yves Nau, Alvik, 2003), Neurosciences et neuroéthique : des cerveaux libres et heureux (Alvik 2006) et de l’Homme réparé (Plon 2012).
Source : INSERM, portrait d’Hervé Chneiweiss
Jean-Michel Besnier est un philosophe spécialiste des nouvelles technologies, professeur à la Sorbonne. En 2016, il publie avec Laurent Alexandre Les robots font-ils l’amour? Le transhumanisme en 12 questions. il critique les transhumanistes et leurs promesses d’Homme augmenté par les technologies. Selon lui, tout ce qui est rendu possible par les technologies ne doit pas être fait. Il encourage donc vivement le développement de comités d’éthiques pour combattre le “dogme” de l’innovation chez les politiques et les industriels.
Source: CNRS portrait de Jean-Michel Besnier, (Dutent, 2017)
Kevin Warwick, est professeur de cybernétique à l’Université de Coventry. Considéré comme “le premier cyborg” depuis 1998, sa notoriété provient du succès des expériences qu’il a conduites sur son propre corps. Lors de ces dernières, il a connecté des puces électroniques à son système nerveux, ce qui lui a permit de commander des objets à distance (comme un bras robotique) ainsi que de réaliser une forme télépathie avec sa femme. De ce fait, il considère que ses recherches pourront apporter des avancées majeures dans le traitement des patients dont le système nerveux serait endommagé, ainsi que sur le chemin de “l’homme augmenté”. Il aimerait pouvoir expérimenter des implants dans le cerveau même, mais cela est beaucoup plus difficile techniquement.
“Of course I was. I had never been so excited. When they got in, the surgeons grabbed hold of my nerves, and it felt like my hand was being electrocuted. The pain was brilliant!” (Harrell, 2011)
Source : (Roux, 2014 – Site de Technoprog)
Laurent Alexandre est chirurgien-urologue, énarque, entrepreneur et vulgarisateur des nouvelles technologies ainsi que créateur du site Doctissimo. Très actif dans le domaine du transhumanisme, il s’attache à soulever les questions sociales et éthiques liées au développement des technologies d’amélioration. Par exemple, il se préoccupe de la potentielle disparition d’emplois due à l’essor de l’intelligence artificielle, dont l’effet serait visible d’ici à 2030. Ainsi, cela justifie selon lui le recours à des techniques de neuro-amélioration pour rendre l’homme plus compétitif. D’autre part, il est très craintif vis à vis de la compétion internationale concernant le développement des technologies d’amélioration cognitive : c’est pour lui une question de sécurité nationale.
Source : (Alexandre, 2015, 2017 – Tremolet de Villers 2017)
Elon Musk : est un industriel très connu. Il est fondateur de PayPal, Tesla, SolarCity, Hyperloop, The Boring Company et SpaceX. Il prévoit la sortie de Neuralink avant 2022, qui proposerait des interfaces neuronales implantées pour nous transformer en cyborgs. Il craint toutefois le dépassement de l’humain par l’I.A. Alors, améliorer l’homme ou créer des robots dépassant leurs performance ? Cette question est fondamentale, et les risques soulevés par chacune des possibilités font débat.
Ray Kurzweil : directeur de l’ingénierie chez Google, il est reconnu pour des avancées majeures dans le domaine de l’intelligence artificielle. Il est l’auteur d’ouvrages dits de “futurologie”, où il prédit notamment que d’ici 2030,” des nano-robots circuleront dans notre corps” et qu’ils “connecteront nos cerveaux au Web”.
Source : (Dom Galeon, 2017)
Bryan Johnson est un entrepreneur accompli. Il est le fondateur de la société de paiement Braintree ainsi que de la start-up Kernel. Cette dernière se positionne sur la même longueur d’onde que la jeune pousse d’Elon Musk et prend part avec Facebook à la course au développement d’interface neuronales permettant le contact immatériel Homme-Machine.
Source : (Moutot, 2018)
Le mouvement des «body hackers» ou «grinders» (broyeurs), ainsi que la communauté techno punk de laquelle le premier découle, sont des personnes désirant se surpasser à travers la technologie. Les broyeurs sont des transhumanistes qui utilisant des technologies “open source” pour modifier leur corps et revendiquent l’accès aux implants pour augmenter l’humain et peut-être le rendre immortel.
“Je me modifie, donc je suis.” (Hubert Guillaud)
Source : (Guillaud, 2012)
Neurosciences
Alim-Louis Benabid est un neuro-chirurgien français. Il a centré ses recherches sur plusieurs pathologies et développé une technologie permettant de cibler très précisément certaines zones du cerveau. Celle-ci lui a permis de développer des soins pour les malades de Parkinson pour lesquels les médicaments étaient inefficaces. L’introduction d’électrodes dans le cerveau, technologie connue sous le nom de stimulation cérébrale profonde, mise au point sous sa direction et celle du professeur Pierre Pollak, “a été saluée par le monde scientifique international comme étant une découverte majeure” (INSERM). Finalement, sa position personnelle sur la question de la neuro-amélioration reste mitigée.
Source: INSERM, portrait d’Alim-Louis Benabid
François Berger est neuro-oncologue, il s’oppose aux démarches des transhumanistes, et souligne le danger de promouvoir les rêves idéalistes des ingénieurs par rapport aux besoins réels des patients. Il dirige une unité de recherche du CHU de Grenoble dont l’objectif est de développer des technologies innovantes dans le traitement des maladies du cerveau et des cancers, telles que les interfaces neuronales. Néanmoins, il insiste particulièrement sur la différence entre améliorer et réparer : si tout mettre en œuvre est pour lui un devoir dans le cadre d’un patient malade, il porte un regard inquisiteur sur l’utilisation des techniques médicales pour améliorer les personnes saines.
Source : (Berger, 2016)
Michel le Van Quyen : chercheur à Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) à la Salpêtrière et à l’INSERM. En 2015, il publie Les pouvoirs de l’esprit : Transformer son cerveau et améliorer ses capacités ?, où il propose un tour d’horizon des connaissances de thérapies complémentaires telles que la méditation ou le neurofeedback. Selon lui, notre pouvoir sur l’esprit devient d’autant plus important que notre compréhension de son fonctionnement s’affine, explique-t-il en 2017 dans son livre Améliorer son cerveau : oui mais pas n’importe comment !». Enfin, la neuro-amélioration s’apparente selon lui à une révolution en marche.
Source : Portrait de Michel Le Van Quyen sur FuturaSanté
Lionel Naccache est un chercheur en neurosciences cognitives à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière. Il est l’auteur du Nouvel Inconscient et de Perdons-nous connaissance.. En 2011, il est membre du Comité Consultatif National d’Éthique et participe à la réflexion précédant la rédaction de l’avis n° 122 : “Recours aux techniques biomédicales en vue de « neuro-amélioration » chez la personne non malade: enjeux éthiques.”
De son point de vue, l’utilisation de techniques d’amélioration n’est pas la bienvenue dans le monde médical. Il craint l’engouement pour les tendances transhumanistes et se refuse à exercer lui-même ces pratiques.
Source : (Naccache, 2015)
BrainGate Company a développé une interface neuronale permettant de surveiller l’activité cérébrale d’un patient ayant perdu le contrôle de certaines fonctions motrices (du fait par exemple d’une sclérose latérale ou d’une lésion de la moelle épinière), et de convertir l’intention de mouvement en commandes informatiques. En 2005, Matthew Nagle est la première personne tétraplégique à contrôler un bras robotisé et un curseur d’ordinateur à l’aide de l’interface BrainGate. La compagnie porte également sa recherche sur la compréhension d’autres lésions neurologiques : elle espère notamment pouvoir développer des technologies afin de prévenir les crises d’épilepsie, réduire leurs effets ou mêmes les arrêter.
Source : Site de BrainGate
Marie-Germaine Bousser est ancienne chef de service à l’hôpital Lariboisière et professeur de Neurologie à l’Université Denis Diderot. Surnommée “la reine de la neurologie” par le Monde, elle a démontré l’efficacité de l’aspirine dans la prévention d’infarctus cérébraux, a été membre de nombreux comités scientifiques et groupe de travail et écrit 4 livres et une centaine d’articles. Elle est rapporteur de l’avis du CCNE sur la neuro-amélioration en 2013. Elle mets en garde contre les effets indésirables encore mal connus et les risque de coercition implicite comme lorsque les étudiants se dopent pour réussir leur concours. Elle insiste sur le rôle du médecin: doit-il soigner ou améliorer?
“Ces techniques [ocytocine, Ritaline, “casque de l’intelligence”…] posent ainsi la question du rôle du médecin et de la médecine que nous voulons pour demain. Son rôle doit-il être, traditionnellement, celui de la prévention et du traitement des maladies ou doit-il répondre, aussi, à des injonctions sociétales ? C’est un peu les mêmes questions que pour la chirurgie esthétique par rapport à la chirurgie réparatrice. Il faudra que la société et les pouvoirs publics s’emparent de ce sujet qui va monter dans les prochaines années. »
Sources: CERVO portrait de Marie-Germaine Bousser, (Bousser, 2014)