La plupart des personnes qui réfléchissent sur la neuro-amélioration considèrent qu’elle aurait, d’importantes conséquences sur la société dans laquelle nous vivons, si elle venait à être massivement répandue. L’une des possibilités, contre laquelle le Comité d’Ethique met en garde (CCNE, 2013) est l’apparition d’inégalités entre personnes qui auraient des capacités cérébrales améliorées et les individus ne pouvant ou ne voulant pas bénéficier de ces technologies.
Pour certains, améliorer son cerveau serait comparable au dopage dans le sport. La neuro-amélioration est d’ailleurs déjà imaginée comme un moyen d’augmenter les performances des sportifs, avec l’exemple du casque Halo Sport développé par la start-up californienne Halo Neuroscience (Preveraud, 2016). Cette technologie, déjà disponible sur le marché, a pour principe d’augmenter les stimulations neuronales vers les muscles, grâce à des impulsions électriques.
Dans le domaine académique, les smart drugs utilisées dans le cadre académique sont aussi controversées. Nuisent-elles au principe d’équité entre les candidats ou au contraire sont-elles un moyen normal de se préparer au mieux pour des examens difficiles ? Ce débat est d’autant plus important qu’il concerne une part significative des étudiants.
D’autre part, le marché de la neuro-amélioration intéresse fortement le secteur militaire. Les soldats pourraient utiliser des techniques de ce type pour être plus endurants, prendre plus vite des décisions… Des applications militaires sont donc en développement, ce qui peut susciter des inquiétudes de la part de certaines personnes.
Ensuite, dans un futur encore hypothétique où il serait possible d’augmenter très significativement ses capacités neuronales par rapport à la moyenne, certains craignent qu’une élite formée des personnes « neuro-améliorées » voient le jour. Cela pourrait avoir des conséquences majeures sur les organisations sociales. Cette catégorie aux capacités hors normes pourraient décider de se réserver l’accès aux études, ou à certaines responsabilités comme le droit de vote. Ces possibilités sont exprimés notamment par Laurent Alexandre (Tremolet de Villers, 2017).
“On ne sauvera pas la démocratie si nous ne réduisons pas les écarts de QI. Des gens augmentés disposant de 180 de QI ne demanderont pas plus mon avis qu’il ne me viendrait à l’idée de donner le droit de vote aux chimpanzés.” Laurent Alexandre
Enfin, un grand nombre de défenseurs de la neuro-amélioration anticipent l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans nos vies et en particulier ses conséquences sur le marché du travail. Pour eux, seuls les individus neuro-améliorés seront assez compétitifs par rapport à l’IA.
L’analyse du débat sur les conséquences sociétales de la neuro-amélioration peut être schématisé pour François Ansermet par une opposition entre les « technoprophètes » et les « technophobes ». Ceux appartenant au premier groupe sont particulièrement enthousiasmés par les technologies nouvelles, qui seraient pour eux des moyens de résoudre les problèmes de la société. Les membres du deuxième groupe ont tendance à se méfier de ce qui est nouveau et pourrait avoir des conséquences sociétales irrémédiables, ou préfèrent attendre d’avoir du recul pour se prononcer sur l’impact des technologies.