Compétition avec l’IA

Pour certains acteurs, la neuro-amélioration est intimement reliée au développement de l’intelligence artificielle. La compétition avec des machines de plus en plus performantes montre les faiblesses du cerveau humain et attise le désir d’en dépasser les limites.

Pourquoi craindre l’IA?

Selon de nombreuses personnalités, comme Ray Kurzweil de Google, nous nous rapprochons d’un “point de singularité” suite à la convergence des technologies dites “NBIC” dans les années 2000. Il est ici question de  l’émergence d’une “Intelligence Artificielle Forte”, c’est-à-dire consciente et capable de penser. Or le progrès de cette technologie ne manque pas de réveiller et d’actualiser notre peur d’être dépassé par les robots, thème dominant de multiples œuvres de science fiction comme le cycle d’Asimov, le roman Frankenstein et plus récemment la série Black Mirror. Pour justifier ces craintes, il suffit de se référer à Nick Böstrom, théoricien des “IA hostiles”, qui pense qu’il ne peut y avoir qu’une seule espèce d’intelligence dans une même région de l’Univers.

“Humans currently reign supreme on planet Earth, because we are the most powerful form of intelligence. So therefore, we decide who we eat, who we have as pets, who we allow to go extinct, who is saved, who is neutered, who can reproduce.” Bryan Johnson

Intelligence artificielle versus intelligence humaine?

L’hybridation homme-machine : notre seule chance de survie?

Dans ce contexte, l’hybridation avec la machine engage la survie de l’espèce humaine pour tous les défenseurs de puces intra-cérébrales et des IHM machines-cerveaux, de Bryan Johnson avec Kernel en 2003, à Elon Musk avec Neuralink et Larry Page avec son rachat d’Oculus. Cette hybridation avec la machine est alors présentée comme naturelle: “Nous sommes déjà tous des cyborg” dit Elon Musk en faisant référence aux smartphones et à la multitude d’objets connectés qui nous entourent déjà.

“Nous sommes déjà des cyborgs. Votre smartphone et votre ordinateur sont des extensions de vous-même, vous avez déjà une identité virtuelle sur Internet. La seule différence, c’est que la gestion de l’interface se fait avec vos doigts ou votre parole, ce qui est extrêmement lent [comparé à un ordinateur].” Elon Musk

Même au sein de la Silicon Valley, le développement de l’IA reste très controversé (Victor Garcia, 2017). Selon Elon Musk, les GAFA n’encadrent pas suffisamment leurs recherches et laisseront l’homme démuni face à l’émergence d’une IA forte, d’où la création de Neuralink. Ces idées sont relayées en France par le docteur Laurent Alexandre. Pour lui, la pression sociale née du développement de l’IA et de la suppression de tous les postes non “IA-compatibles” (routier, secrétaire…) va inciter tous les parents à doper le cerveau de leurs enfants pour rester compétitifs (Alexandre, 2015).

Couverture du livre de Laurent Alexandre “La guerre des intelligences”

 

Cependant, il convient de rappeler que le “point de singularité” est théorique. Cette idée et la peur qu’elle peut susciter restent vivement critiquées, notamment par Jean-Michel Ganascia expert en intelligence artificielle à Paris (Garcia, 2017) . En effet, l’IA reste différente d’une intelligence humaine. Cette peur profite aux transhumanistes qui y voient un moyen de diffuser efficacement leurs idées et d’accélérer l’accès à la neuro-amélioration.

Des sociétés en guerre : Un nouveau marché pour des surhommes