Dans le cadre de la médecine et de la recherche, les questions soulevées sont d’abord celles qui, de part leur ampleur, se posent à l’introduction de toute nouvelle technique médicale. Ainsi, médecin, ingénieurs et bénéficiaires s’interrogent sur le rapport entre bénéfice – risque apporté par l’innovation en question, qui dans ce contexte précis peut affecter aussi bien les aspects physiques que psychologiques (Naccache 2015). En effet, cette question est centrale dans le développement de tout matériel médical, car l’objectif principal des médecins étant de soigner, il est essentiel de connaître et limiter les effets secondaires. Néanmoins, la réponse à cette question est encore très insuffisante puisque les effets secondaires sont très mal connus et les points de vue divergent sur l’ampleur de ces effets ainsi que sur le seuil d’acceptabilité des risques à prendre. Notamment, pour ce qui est des solutions médicamenteuses, il est encore difficile d’établir l’état réel des effets face au risque d’addiction (Cerveau «augmenté»: Faut-Il Craindre Les «surhommes»? 2014). De plus, il est tout aussi important d’identifier les bénéfices et les risques qu’il est essentiel de distinguer des bénéfices escomptés des fantasmes des ingénieurs qui, sont parfois trop éloignés de la réalité des besoins cliniques des patients.
“Ces innovations doivent être faites en fonction des besoins des patients, pas des rêves des ingénieurs.” (Berger 2016)
Par la suite, des problèmes plus complexes sont soulevés par les études d’Alexandre Luria des années 1950. Ces-dernières suscitent chez les médecins des inquiétudes concernant l’équilibre psychologique des personnes dont les capacités neuronales seraient augmentées. Dans les faits, le risque est de passer de l’amélioration au pathologique sans pouvoir évaluer les bénéfices des avancées techniques (Chneiweiss 2017). Ainsi, cela soulève une question qui se rapporte à la définition même de la figure du médecin. Face à tous les risques et inconnues des procédés actuels, quel est son rôle ? En effet, si les médecins sont favorables au développement de techniques permettant de soigner les patients, modulées par les risques inhérents à chaque intervention, le principe du primum non nocere leur est très cher et empêche bon nombre d’entre eux d’envisager l’application de ces techniques à des personnes saines. (Berger 2016) Ainsi, ce refus de prendre des risques superflus implique aussi de définir la limite entre la « réparation » et l’ « amélioration », indispensable pour prendre la décision d’agir, ou non (Chneiweiss 2017). Enfin, il subsiste un certain nombre de questions liées au monde de la recherche, la principale étant de savoir quelle liberté il faut accorder aux équipes de recherche. En effet, les avancées techniques rapides peuvent susciter la crainte de la part du public concernant l’aspect éthique de leur utilisation future.