Efficacité

Approche scientifique et technologique

 

    En 2015, la FIFA a fait appel aux chercheurs du département de kinésiologie et du laboratoire de neuro-plasticité de l’université de Louvain afin d’étudier l’entraînement des capacités cognitives des arbitres lors d’action de hors jeu [2]. L’article analyse les résultats numériques de l’expérimentation et tente de prendre en compte plusieurs explications soulignant l’existence de plusieurs biais mentaux conduisant à des erreurs de jugement sur des situations de hors-jeu. Cette étude s’inscrit dans la volonté de la FIFA d’appuyer la mise en place de son nouveau dispositif sur des bases scientifiques solides.

Entraînement des capacités cognitives des arbitres

   Le premier biais évident introduit comme étant pertinent est la distorsion optique de la réalité qui dépend du placement physique des fonctionnaires lorsque l’événement incertain se produit. On pense que la notion de distance et la corrélation entre spatialité et temporalité sont affectées par de telles occurrences. Mais le comportement cognitif le plus important conduisant à une décision incorrecte pourrait être le FLE (effet de retard de flash) décrit comme un «décalage vers l’avant», qui est la tendance du cerveau humain à estimer une position spatiale un peu plus éloignée que celle réelle lorsque les passes sont déclenchées. Cela est dû au retard d’attention de l’arbitre lorsque son regard passe du passeur au receveur.

   Les résultats statistiques démontrent que la formation à la prise de décision en dehors du terrain augmente la similarité des réponses d’un arbitre à un autre  (ce qui révèle une certaine précision) . L’étude conclut que la maîtrise cognitive de soi-même, améliorée au cours des séances d’entraînement, permet aux arbitres d’affiner leur perception et de corriger artificiellement les biais commis par leur cerveau. Les arbitres assistants qualifiés expliquent leur amélioration par une capacité accrue à conserver dans leur mémoire à court terme l’image mentale exacte de la position des joueurs au moment de la transmission de la balle, ce qui déclenche la possible situation de hors-jeu.

   L’échantillon d’arbitre réuni demeure faible, et la question de la validité de cette étude reste posée. Cependant, le grand nombre de tests réalisés par chaque arbitre participant assure la fiabilité de ces résultats.

Influence du ralenti sur la perception des fautes

   L’UEFA n’est pas en reste dans cette approche scientifique de la VAR. L’instance européenne cherche également à mieux comprendre l’influence de la vidéo sur les arbitres pour améliorer le système et répondre à ses détracteurs. Le Dr. Jochim, le Professeur W. Helsen et des chercheurs de l’Université de Leuven (Belgique), ont ainsi étudié la réponse de 88 arbitres professionnels à des extraits de matchs montrant une faute ayant aboutie à un carton jaune., dans une étude financée par l’UEFA, et dont les résultats ont été publiés le 16 Mars 2018 [4].

   Pour étudier l’impact des vitesses de visionnage sur les décisions des arbitres, les auteurs ont montré à 88 arbitres de football d’élite de 5 pays européens 60 clips vidéo de situations litigieuses de matchs de football en temps réel ou au ralenti. Deux ex-arbitres internationaux indépendants exerçant actuellement des fonctions d’arbitrage ont déterminé les bonnes décisions comme point de référence, puis les arbitres ayant pris part à l’étude ont classé les fautes comme ils le feraient lors d’un match réel en leur attribuant un carton jaune, un carton rouge ou pas de carton. Les chercheurs n’ont trouvé aucune différence significative dans la précision de la décision de l’arbitre quant à savoir si une faute avait été commise ou non, avec des vidéos au ralenti (63% de précision) par rapport aux vidéos en temps réel (61% de précision). Cependant, le jugement d’intention ou de force derrière une faute diffère. Les arbitres ont donné davantage de cartons rouges après un visionnage au ralenti.

   Le Dr Spitz, co-auteur de l’étude, a déclaré : “Nos résultats suggèrent que le ralenti peut augmenter la sévérité d’un jugement d’intention, faisant la différence entre percevoir une action comme négligeable (sans carton), téméraire (carton jaune) ou avec un excès d’engagement (carton rouge). La conclusion selon laquelle les arbitres étaient plus susceptibles de prendre des décisions plus sévères à la suite de répétitions au ralenti est un élément important à prendre en compte lors de l’élaboration de directives pour la mise en œuvre du VAR dans les ligues de football du monde entier. “Les auteurs ont conclu que bien que la lecture au ralenti puisse être un outil utile pour évaluer certaines décisions, telles que le hors-jeu et la détermination de l’impact exact d’un contact, elle peut ne pas être le meilleur outil pour prendre des décisions impliquant de juger le comportement et l’intention de l’homme.

   Le Dr Spitz a expliqué : “Une vidéo au ralenti peut indiquer plus clairement qui est à l’origine de la faute, s’il y a eu contact ou non, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la surface de réparation. Cependant, juger une émotion humaine, comme une intention, est une toute autre histoire. c’est aussi la raison pour laquelle les séquences au ralenti ne peuvent plus être utilisées dans la salle d’audience au tribunal, car elles augmentent l’intention perçue. “