Émotions
La VAR a-t-elle un impact sur les émotions vécues par les différents acteurs d’un match de football (joueurs, spectateurs, entraineurs…) ? La question se pose, notamment après les différents débats mis à jour un peu plus tôt dans le récit de cette controverse.
La réduction du temps de jeu effectif : la peur de l’ennui.
Nous pouvons dans un premier temps reprendre les arguments concernant la fluidité du jeu, impacté par la mise en place de la VAR. Les différentes décisions, prises par l’IFAB dans le passé, avaient toujours pour but d’augmenter le temps de jeu effectif. Prenons l’exemple de la coupe du monde 1990 ; suite à de nombreux matchs hachés par de l’anti jeu, l’IFAB a décidé de réformer certaines règles : la limitation à 6 secondes de la prise à la main du ballon par le gardien de but ou l’obligation pour un joueur blessé de quitter le terrain pour se faire soigner [16]. Ainsi, le but de ces nouvelles lois était de limiter les temps d’interruption dans les matchs pour améliorer le spectacle offert aux spectateurs et limiter le côté ennuyeux des parties. La mise en place de la VAR va à l’encontre de cette logique. Ses détracteurs regrette alors la diminution du temps de jeu effectif et donc une augmentation potentielle de l’ennui ressenti par les spectateurs et téléspectateurs d’un match de football. Les défenseurs de la VAR remarquent au contraire qu’en moyenne, il n’y a que très peu d’interruptions dû la VAR dans un match : elle n’a donc que peu d’impact sur l’ennui supplémentaire que peut ressentir le spectateur [20].
Le temps de jeu virtuel : un problème pour les émotions ?
La question des émotions est également étroitement liée au temps de jeu virtuel, notion nouvelle apportée par la VAR. Le temps de jeu virtuel est le temps au cours duquel les actions ne seront pas comptabilisées à cause d’une faute réalisée en amont et non signalées par l’arbitre. Ce sont des situations qui sont une conséquence directe de l’assistance vidéo. Prenons deux exemples pour illustrer ces nouvelles situations. Comme dit précédemment, un arbitre assistant peut désormais laisser jouer une action s’il a un doute sur une position de hors jeu. Dans ce cas de figure, tout ce qui se passe après la décision de l’arbitre de laisser jouer peut être annulé par l’appel à la VAR. Les émotions vécues par les différents acteurs (joueurs, spectateurs, entraineurs) peuvent donc être considérées comme inutiles. Cette même situation peut se dérouler sur un but. Un but peut être annulé a posteriori. Ainsi, certaines situations amènent les joueurs à célébrer un but, à éprouver une grosse émotion, avant son annulation. Les détracteurs de la VAR craignent, à terme, la perte de spontanéité : les acteurs ne célébreront plus le but, ils attendront la confirmation de la part de l’arbitre. Les grandes organisations, telles que l’IFAB ou la FIFA, sont assez discrètes sur ce sujet et ramènent le besoin de justice pour se défendre face à ces arguments. D’autres défenseurs de la VAR parlent de double émotion : l’une éprouvée au moment de l’action (d’un but par exemple), l’autre après confirmation ou annulation de la décision par l’arbitrage vidéo. En ce sens, la vidéo n’enlève pas d’émotions mais en rajoute.
Ainsi la mise en place de l’assistance à l’arbitrage vidéo a un impact sur les émotions ressenties par les différents acteurs sur un terrain de foot. Certains parlent d’une perte des émotions à cause de cette technologie et d’une augmentation dangereuse de l’ennui ressenti par les spectateurs, d’autres au contraire affirme que la vidéo en rajoute. Les grandes institutions en général ne se prononcent que rarement sur ce sujet, préférant l’argument de la justice sur le terrain.