La beauté de l'erreur humaine
La mise en place subite de la VAR par la FIFA et les fédérations nationales répond à une demande croissante d’utiliser les outils à notre disposition pour réduire les erreurs d’arbitrage. Mais comment expliquer ce besoin soudain de justice alors que ces erreurs n’avaient jusque là pas été pénalisantes ?
L’origine de l’arbitrage
Le football tel qu’il a été créé par nos camarades Anglais au milieu du 19ème siècle reposait sur un idéal (utopique) de fair-play, si bien que les fautes étaient considérées comme accidentelle et qu’il n’y avait simplement pas d’arbitre [14]. Mais rapidement, les parties avaient tendance à dégénérer et il a naturellement fallu introduire des “umpires” afin de sanctionner les fautes en tout genre.
Et pendant quasiment deux siècles, personne n’a jamais contesté la présence des arbitres sur le terrain, sans qui la fluidité du jeu ne serait pas possible. Mais la technologie n’a pas manqué de se développer entre temps, faisant entrer le football dans une nouvelle ère avec sa diffusion à la télévision. Désormais, tout le monde pouvait voir et réagir à ce qui se passait sur le terrain, faisant ainsi un écho énorme à toutes les décisions qui pouvaient faire débat. Dans notre étude, un outil technique a changé la donne : le ralenti.
L’arrivée du ralenti
Depuis 15-20 ans, les chaînes de télévision usent et abusent des ralentis lors des matchs en revisionnant chaque décision arbitrale, comme nous le confiait le journaliste Jérôme Latta. Si bien que les consultants sont régulièrement amené à donner leur avis sur les décisions arbitrales durant le match, face à la pression du ralenti. Ces décisions arbitrales sont donc constamment vues et revues, et le football compte désormais autant d’arbitres qu’il y a de personnes devant la télévision !
La pression sur les arbitres s’est renforcée, et les instances du football ont vu l’attente de la VAR se faire insistante face à des erreurs qui étaient devenues insoutenables pour tous les acteurs du sport. La télévision nous a finalement trop bien habitués et a fait naître en beaucoup de supporters un désir de justice sur le terrain, parfois accru par des erreurs passées qui sont restées en mémoire. D’autres jugent que le football a très bien vécu sans la vidéo et que les erreurs d’arbitrage sont la part humaines d’un sport qui reste un jeu, un plaisir à jouer et à regarder sans modération. La vidéo peut apparaître comme une forme de déshumanisation du jeu, issue d’une volonté de le rendre lisse, trop au goût de certains.
Ce débat sur l’erreur humaine n’a pas de réponse absolue. D’un côté, on apprécie le football comme un jeu qui déchaîne les passions et dont les erreurs d’arbitrage sont au fond une part non négligeable des discussions de match qui font que l’on aime ce sport. De l’autre, il apparaît inconcevable de se priver d’un outil technique qui permet d’apporter plus d’égalité au jeu, quitte à renier l’origine de ce sport.