Gouvernance du football
La mise en place progressive de l’assistance vidéo à l’arbitrage dans les différentes compétitions nationales et internationales illustre parfaitement la gouvernance régissant les interactions entre les différentes institutions. Cette gouvernance comporte plusieurs échelles : nationale, continentale et mondiale.
Des problèmes de représentations
En matière de règle du jeu, une seule institution fait fois, et pour le monde entier : l’IFAB pour International Football Association Board. Elle est garante des règles du football et actualise régulièrement le règlement afin de s’adapter aux évolutions du sport et des ses acteurs (dernière révision le 1er juin 2019). Si l’organisme se veut indépendant, elle compte dans ses rangs des membres de la FIFA et reste très liée à la fédération internationale, ceci conférant un certain pouvoir à la FIFA.
Elle est réputée plutôt conservatrice mais a su dans le passé proposer des règles innovantes au bénéfice du jeu. Prenant le contre-pied, c’est elle qui est à l’initiative de la mise en place de la vidéo assistance à l’arbitrage dans le football mondial. Dans ce dossier, c’est plutôt sa précipitation et son manque de concertation qui lui ai reproché. Bien que l’organisme puisse compter sur d’anciens arbitres parmis ses membres, pouvant faire bénéficier de leurs expertises, ont lui reproche de ne pas être assez être à l’écoute des différents acteurs du jeu. “Ils [les membres de l’IFAB] pourraient plus consulter, mais ce n’est pas dans la culture actuelle”, nous affirme un membre du SAFE (Syndicat Arbitre Football Elite), syndicat chargé de défendre les intérêts des arbitres français [24].
Les arbitres peuvent bien établir des retours à destination de l’IFAB par le biais de l’organisme chargé de la technique au sein de leurs fédérations (Direction Technique de l’Arbitrage en France) mais ce levier est en réalité très peu utilisé.
Cela ne veut pas dire que les décisions sont mauvaises, le SAFE est de son côté “globalement satisfait” de la mise en place de VAR, mais c’est plutôt un manque de représentations des acteurs du jeu qui est reproché.
Ce sentiment de décision unilatérale est aussi exprimer de la part des associations de représentants des joueurs, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Philippe Piat, président de la FIFPro (Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels) affirme : “Comment comprendre que les footballeurs soient ainsi toujours tenus à l’écart de l’organisme qui gère les règles de notre jeu, alors qu’ils en subissent, les premiers, les conséquences directes ? “ (dans un entretien au journal L’Equipe) [23]. Ce dernier réagissait à la lettre ouverte de M. Platini (préparant éventuellement un retour sur le devant de la scène à l’issu de sa suspension) à la FIFPro invitant les joueurs à “pousser la porte du board”.
C’est donc une majorité des acteurs du jeu qui réclament une meilleure représentation au sein de la gouvernance mondiale. Ils veulent faire entendre leurs voix jusqu’à l’IFAB, garante des règles du jeu. Pour l’heure, l’International Board reste sous le giron de la FIFA, tant d’un point de vue électoral (plus de la moitié des votants au sein de l’IFAB sont issus de la FIFA), que par l’aura de la fédération international.
UEFA – FIFA : d’accord sur la VAR
Les fédérations européenne (UEFA) et mondiale (FIFA) se trouvent souvent en désaccord, chaque organisme usant de son pouvoir pour satisfaire ses principaux soutiens.
En témoignent leurs récentes décisions à la limite de l’antagonisme : réforme de la ligue des champions pour l’UEFA contre proposition d’élargissement de la coupe du monde des clubs pour la FIFA ou potentiel rivalité entre la nouvelle Ligue des Nations européenne et la futur Ligue mondiale de la FIFA. De plus, les deux organismes doivent composer avec deux dirigeants qui ne semblent pas réellement faits pour s’entendre (Aleksander ČEFERIN pour l’UEFA et Gianni INFANTINO pour la FIFA). Ces derniers devront tout de même poursuivre leur collaboration puisque Gianni INFANTINO a été réélu, en juin 2019, pour 4 ans à la tête de la FIFA.
En ce qui concerne la VAR, la FIFA s’est montrée plutôt avant-gardiste en adoptant, de manière précipitée selon certains observateurs, le dispositif pour la Coupe du monde en Russie à l’été 2018. L’UEFA, de son côté, s’était montré plus frileuse, en annonçant l’instauration du dispositif pour ses compétitions pour la saison 2019-2020, se laissant encore une année réflexion. Mais face au succès de la VAR dans trois des cinq grands championnats européens, les hommes de ČEFERIN annonce l’adoption du dispositif dès les 8ème de finale de l’UEFA Champion League 2019 et pour la finale seulement de l’UEFA Europa League (la mise en place du système sur tous les terrains de la compétition semblaient trop complexe).