Efficacité

Réponse aux attentes

   La mise en place de la VAR a été un processus mené conjointement par l’IFAB et la FIFA, qui sont parfois critiquées pour ne pas avoir assez écoutées les autres acteurs du jeu. Alors que pensent-ils des premiers pas de ce système qui doit faire disparaître les erreurs arbitrales des terrains ? Et en sont-ils satisfaits ?

   L’arrivée de la VAR sur les terrains de football a créé un nouvel engouement autour des premiers matchs de la saison. Les spectateurs sont devenus curieux de découvrir un outil que les instances du football ont peut-être trop vendues comme permettant de corriger toutes erreurs arbitrales. Car s’ils ne l’ont pas dit ainsi, c’est bien comme ça que les supporters et les média l’ont compris, forçant les fédérations nationales, la France en tête, à rappeler que “la philosophie n’est pas de corriger toutes les erreurs, mais de rendre le football plus juste”, selon Pascal Garibian, directeur de la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA) [11].

Remise en question des règles

   Ce dernier est à l’origine de l’apparition d’un débat que les principales instances du football n’avaient peut-être pas anticipées : une rediscussion des règles du football ! Il faut bien avoir en tête qu’avant l’introduction de la VAR, les éternels débats sur l’intentionnalité d’une main ou un pénalty se faisait après le match sur les plateaux télés ou au travail, mais chacun gardant à l’esprit que la décision était passée et que son avis ne comptait pas vraiment. Désormais, nous pouvons revoir le fait de jeu avec l’arbitre et tout d’un coup on a l’impression que chacun a la bonne décision ! Alors, lorsque l’arbitre, malgré les images, persiste dans un choix qui ne fait pas unanimité, cela décuple le sentiment d’injustice et amène à questionner la façon dont les règles ont été écrites. Pour étayer ces propos, citons un exemple ayant directement impactés le résultat d’un match de phase finale de Ligue des Champions 2018/2019. En Février dernier, Paris est mené 2-1 par Manchester United et un troisième but de l’équipe anglaise la qualifierait pour le tour suivant. A la 89ème minute, un joueur parisien contre du bras, légèrement décollé du corps, dans la surface une frappe d’un joueur mancunien, qui ne semblait pas cadrée. Faisant appel à la VAR, l’arbitre accorde un pénalty qui entraîne l’élimination du club parisien. Cette séquence a été largement commenté, de manière assez virulente parfois, comme Neymar qui a déclaré en zone mixte après le match : “Ils mettent quatre mecs qui ne comprennent rien au foot pour regarder un tir au ralenti devant la télé”. L’entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, s’est montré plus mesuré en conférence de presse : “Je suis un grand supporter de la VAR, et je le reste. Pour moi, le tir de Dalot allait bien au-dessus de la barre transversale. Et j’étais étonné en premier lieu que l’arbitre siffle corner, car je n’avais vu la déviation de la balle. Nous savions que si l’arbitre allait consulter l’écran de la VAR, il allait changer son avis. Siffler un penalty sur main, c’est très compliqué, ça prête à débat.”

La réponse de l’IFAB

   Face à ce flou, l’IFAB a donc dû réagir afin d’éclaircir certaines règles, comme cette notion d’intentionnalité d’une main, afin de renforcer la position des arbitres dans leur prise de décision. Début Mars 2019, elle publie ainsi un appendice des règles ayant été changées en justifiant à chaque fois le point de vue adopté. Il ressort deux évolutions majeures qui ont un impact direct sur l’utilisation de la VAR par les arbitres : la notion d’intentionnalité d’une main disparaît quasiment complètement et tout but marqué suite à une possession de balle favorisée par la main (de manière accidentelle ou non) sera refusé [26]. Cela implique notamment que n’importe quelle main dans la surface de réparation peut désormais être sifflé, rendant légitime la décision de l’arbitre lors du match Paris – Manchester United évoqué précédemment.

   Il demeure néanmoins que la VAR réduit les erreurs arbitrales et aide les arbitres dans leur tâche d’après les statistiques données par la DAT aux clubs de Ligue 1 [15]. Les acteurs extérieurs du football n’y sont pas insensibles et reconnaissent volontiers que l’équité du jeu en sort renforcé, mais ils regrettent le manque de dialogue de la part des instances dirigeantes du football, et une promotion parfois trop lobbyiste de leur nouvelle technologie.