Parallèlement aux progrès technologiques, les recherches dans les domaines tels que les neurosciences se sont fortement développées. Depuis une trentaine d’années, de nombreux chercheurs s’intéressent aux sciences de l’éducation et étudient les processus d’apprentissage, de la lecture y compris. Ainsi, grâce notamment aux techniques d’imagerie cérébrale, on a pu mettre en évidence les aires du cerveau sollicitées lors de telle ou telle activité cognitive, ce qui a permis une meilleure compréhension de ces processus. Des protocoles expérimentaux ont donc été mis au point pour étudier le comportement cérébral lors de différentes activités de lecture.
Mais dans le domaine de l’apprentissage de la lecture, le cadre de recherche ne se restreint pas aux neurosciences pures, avec l’imagerie médicale. Elle s’étend en effet à d’autres domaines, pour ou moins interdépendants, tels que la neuropsychologie, ou encore la psychologie cognitive. Les recherches qui y sont menées concernent essentiellement une mesure d’impact sur les apprentissages des élèves de variables pédagogiques. Il s’agit donc d’observer les pratiques pédagogiques des enseignants, et d’évaluer les élèves avant et après l’enseignement (éventuellement aussi pendant), pour estimer la contribution de méthodes pédagogiques, en menant par exemple des études comparatives.
C’est essentiellement sur ce type d’études que s’est appuyé le ministre de Robien pour étayer sa thèse. Mais il faut savoir qu’en langue française, on dispose de très peu de résultats de ce genre, considérés valides par la communauté scientifique. (Franck Ramus considère qu’il n’y a que deux travaux relativement solides, dont l’un est celui Roland Goigoux). Le ministre a donc essentiellement fait appel à des études anglophones, pour la majorité nord américaines.
Pour différents aspects, les études neuroscientifiques, au sens le plus général du terme (englobant donc la psychologie cognitive etc…) sont parfois critiquées. Certains allèguent que les processus observés ne peuvent pas correspondre à la réalité, et ce d’autant plus qu’il s’agit de processus cognitifs, donc soumis aux émotions, faussés par un protocole expérimental. A cela, les chercheurs en psychologie cognitive répondent que les études comparatives sont menées dans un cadre parfaitement habituel, à savoir une salle de classe, avec un enseignant qui poursuit normalement son cours. La seule différence est liée aux évaluations.
D’autres s’inquiètent du fait que les élèves seraient transformés en « cobayes ». Il faut néanmoins savoir qu’il n’y a aucune étude comparative mettant en jeu des pratiques pédagogiques qui ne sont pas de toute façon appliquées par certains enseignants.
La communauté scientifique est unanime sur le fait que la France a besoin de créer des connaissances en sciences de l’éducation, donc de mener des recherches, d’autant plus dans une période où les sciences deviennent une caution pour des déclarations politiques. Pour le moment, cette dernière est trop morcelée pour être véritablement utilisable. Les scientifiques en appellent à l’Etat pour faire des appels d’offres, financer et piloter une grande politique de recherche dans les sciences de l’éducation.
Les limites d’une approche idéovisuelle : étude menée par Roland Goigoux, qui réfute les hypothèses avancées par les défenseurs de la méthode idéovisuelle. Cette recherche est l’une des rares menées en langue française et considérée comme valide par la communauté scientifique, nous l’avons donc particulièrement détaillée.
Importance de la conscience phonémique : étude anglo saxonne représentative des multiples recherches concluant à l’importance du travail sur les phonèmes lors de l’apprentissage de la lecture.
Interconnexion des traitements orthographiques et phonologiques : fait intervenir la technique d’imagerie médicale, et étudie les aires cérébrales activées lors de différentes sollicitations.
Une étude controversée: cette étude menée par les chercheurs belges Content et Leybaert a conduit à un résultat surprenant… et controversé.