VOUS AVEZ DIT ANTIBIOTIQUE...?
Un
antibiotique est une
substance qui agit contre des bactéries suivant plusieurs
modes d’action, que cette bactérie soit pathogène ou
non.
Précisons
dès
maintenant qu’une bactérie est un organisme vivant
unicellulaire : qui n’a qu’une seule cellule et qui a la
caractéristique d’être procaryote : il n’y a
pas de véritable noyau dans la cellule. L’ADN se trouve dans
le cytoplasme. Les bactéries se reproduisent en se dédoublant.
Les deux bactéries filles sont identiques à la bactérie
mère.
Les
antibiotiques ont été
découverts par Fleming en 1928 par la découverte de la
pénicilline comme agent anti-biotique. Cette molécule
n’a été utilisée à titre thérapeutique
qu’à partir de 1941. De nombreuses familles d’antibiotiques
ont été découvertes (tétracyclines,
sulfamides, béta-lactamines, macrolides pour ne citer que les
plus connues). Notons que la pénicilline fait partie de la
famille des béta-lactamines. Mais depuis une vingtaine
d’années, peu de recherches ont été faites
pour découvrir de nouvelles molécules antibiotiques.
L’explication des différents phénomènes a été
volontairement simplifiée pour permettre au lecteur de
comprendre ce qu’il se passe sans entrer dans les détails,
inutiles pour notre étude, de façon trop précise.
Modes d’action des
antibiotiques
Les
antibiotiques ont
chacun un mode d’action spécifique sur la bactérie.
Nous ne citerons que les antibiotiques les plus répandus et
nous ne parlerons que brièvement de trois modes d’action :
sur la paroi bactérienne, sur la synthèse protéique
et sur la synthèse des acides nucléiques.
1.
Action sur la paroi
bactérienne
La
paroi bactérienne
sert au maintien de la forme de la cellule bactérienne et la
protège. Les béta-lactamines, glycopeptides et autres
antibiotiques de la même famille inhibent la synthèse du
peptidoglycane qui est la protéine qui compose la paroi
bactérienne. L’absence de cette protéine provoque la
destruction de la cellule bactérienne.
2.
Action sur la synthèse
protéique
Toutes
les cellules
vivantes ont besoin de créer des protéines. Bien que
cette synthèse soit universelle, elle est suffisamment
différente pour les cellules eucaryotes et procaryotes pour
que l’inhibition de la synthèse protéique des
bactéries ne provoque pas de danger pour l’homme. Ce sont
des antibiotiques comme les aminosides, les tétracyclines, les
macrolides ou les lincosamides qui limitent cette synthèse. La
bactérie n’est alors plus en mesure de produire les
protéines indispensables à sa survie et meurt.
3.
Action sur la synthèse
des acides nucléiques
Les
acides nucléiques
sont présents principalement à deux endroits dans les
cellules : dans l’ADN et l’ARN. L’ADN (acide
désoxyribonucléique) porte l’information génétique
alors que l’ARN (acide ribonucléique) n’est qu’un
support temporaire mais indispensable de l’information génétique.
Les
sulfamides, entre
autres, empêchent la synthèse des nucléotides.
Les quinolones agissent sur la synthèse des protéines
qui permettent la production d’ARN à partir de l’ADN. Le
matériel génétique des bactéries n’est
plus renouvelé, ce qui conduit à la destruction de la
bactérie.
Résistance et
transmission de la résistance
Une
résistance à un antibiotique se développe par
deux moyens principaux : une mutation génétique ou
bien l’acquisition d’un gène de résistance. En
effet, les protéines et enzymes sont codées par un gène
(élément d’information génétique
contenu dans l’ADN). La mutation génétique ou
l’acquisition d’un gène de résistance donne à
la bactérie la possibilité de produire une protéine
ou une enzyme permettant de résister à un antibiotique.
Comme
elles sont procaryotes, les bactéries n’ont pas trop de
difficultés à s’échanger des gènes. Ces
échanges se font par plusieurs moyens : la transduction
(des virus transfèrent des gènes résistants), la
conjugaison (une bactérie donneuse qui possède un
plasmide, morceau d’ADN autoreproducteur séparé des
chromosomes, se conjugue à une bactérie receveuse qui
obtient ainsi une copie du plasmide), la transposition (des éléments
d’ADN s’intègrent ou se transposent dans les chromosomes).
D’autre part, le fait que les bactéries se reproduisent en
se dupliquant implique que toute résistance est forcément
transmise aux générations suivantes. Ces phénomènes
de mutation génétique ou d’acquisition d’un nouveau
gène sont très courants. Les bactéries
résistantes ne sont visibles que lorsque l’antibiotique
décime le reste de la population bactérienne non
résistante.
Les
mécanismes de résistances induits par ces
transformations génétiques sont :
-
l’inactivation
enzymatique : certaines enzymes (des protéines qui sont
des catalyseurs biologiques) sont connues pour inactiver les
antibiotiques. Elles peuvent détruire la molécule
antibiotique. Ainsi, la résistance aux béta-lactamines
est due à l’enzyme appelée béta-lactamase qui
les sectionne.
-
la modification des
cibles des antibiotiques
-
la diminution de la
concentration intracellulaire de l’antibiotique : Modification
de la structure de la membrane de la bactérie pour ralentir le
flux d’antibiotique entrant dans la bactérie ou bien
destruction de l’antibiotique.
Les grandes familles
d’antibiotiques
Famille d’antibiotique
|
Mode d’action
|
Premières
utilisations thérapeutiques
|
Premières résistances
identifiées
|
Béta-lactamines
|
Action sur la paroi
bactérienne
|
1943
|
1940
|
Tétracyclines
|
Action sur la
synthèse protéique
|
1952
|
1956
|
Sulfamides
|
Action sur les enzymes
|
1945
|
/
|
Macrolides
|
Actions sur la
synthèse des nucléotides
|
~1950
|
/
|
Quinolones
|
Action sur la
synthèse de l’ADN
|
1982
|
1985
|
Sources
EMEA (Agence
Européenne des Médicaments) et document sur
L’Utilisation des antibiotiques dans l’élevage
porcin
de l’Université de Brest
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