L’avis
de l’OMS sur la question des antibiotiques facteurs de croissance
En
novembre 2002, l’OMS (Organisme Mondial de la Santé) a
convoqué un comité indépendant et international
d’experts afin de réviser les conséquences
potentielles de l’arrêt de l’utilisation des antibiotiques
comme facteur de croissance sur la santé de l’homme et de
l’animal, sur l’environnement, sur la production du bétail
et sur l’économie nationale. L’étude est basée
sur l’expérience du Danemark, où, depuis Février
1998, les antibiotiques facteurs de croissance pour les bovins, les
poulets de chaire et les cochons ont été retirés (voir l'exemple du Danemark).
L’objectif était d’évaluer les conséquences
de l’arrêt de l’utilisation des antibiotiques promoteurs de
croissance et de discuter des implications de cet arrêt pour
d’autres pays dont les pays développés.
Celle-ci
a montré que les conséquences de l’arrêt de
l’utilisation des antibiotiques facteurs de croissance sont : - la chute de
l’utilisation des antibiotiques à titre curatif ou autre - l’incidence de
résidus d’antibiotiques dans le corps humain n’a pas
changé. L’homme n’a donc pas été contaminé
par les résistances se trouvant dans la viande. - chez les bovins,
l’utilisation des antibiotiques contre les diarrhées a
largement augmenté après l’arrêt de
l’utilisation des promoteurs de croissance. Mais cette tendance
s’est arrêtée quelques temps après. - aucune répercussion
sur l’environnement : les effets des antibiotiques sur la
quantité d’azote dégagée sont négligeables. - la productivité
a diminué légèrement (en particulier celle des
sevrés). Les conséquences économiques seraient
variables et dépendent des coûts liés aux
systèmes de production pour améliorer la santé
du bétail, à la diminution de l’effet de la
nourriture (les animaux grossissent moins vite), à la
réduction du taux de croissance, au taux de mortalité
qui a augmenté chez les sevrés, à l’utilisation
des antibiotiques à usage thérapeutique.
Au niveau mondial, il y
a eu de nombreuses spéculations sur les effets des
antibiotiques facteurs de croissance concernant l’efficacité
de la production, la santé des animaux et les prix de
consommation. Ces soucis ont été étudiés
lors de l’expérience du Danemark et selon l’OMS il n’y a
pas de sérieux effets négatifs. Les effets positifs
constatés sont la réduction de la quantité
totale d’antibiotiques administrée, la réduction des
résistances dans les réservoirs de viandes et la
réduction des risques de contamination de l’homme.
Devant
l’intérêt grandissant pour connaître le réel
impact des antibiotiques utilisés chez les animaux et les
humains, l’OMS a publié en Juin 2000 Global Principles
for the Containment of Antibial Resistance in Animals Intended
for Food, dans lequel on trouve :
“Use of
antimicrobials for prevention of disease can only be justified where
it can be shown that a particular disease is present on the premises
or is likely to occur. The routine prophylactic use of antimicrobials
should never be
a substitute for good animal health management; Prophylactic use of
antimicrobials in control programmes
should be regularly assessed for effectiveness and whether use can be
reduced or stopped. Efforts to prevent disease should continuously be
in place aimed at reducing the need for the prophylactic use of
antimicrobials.”
L’OMS
appelle donc les gouvernements à adopter une approche active
pour réduire le besoin en antibiotiques chez les animaux et à
s’assurer d’une utilisation prudente des antibiotiques.
Ainsi
selon un communiqué de l’OMS, "L'utilisation abusive
et erronée des antimicrobiens chez ces animaux d’élevage
contribue à l'apparition de formes résistantes de
bactéries qui provoquent des maladies. Ces bactéries
résistantes peuvent être transmises des animaux
d'élevage à l'homme, essentiellement par les aliments
destinés à l’homme. Peuvent alors survenir des
infections difficiles à guérir, les bactéries
résistantes ne répondant pas au traitement par les
antimicrobiens."
Recommandations
de l’OMS sur l’utilisation des antibiotiques
L’OMS
émet 42 nouvelles recommandations "destinées aux
pouvoirs publics, aux services vétérinaires et à
diverses organisations professionnelles, ainsi qu'à
l'industrie et au milieu universitaire". Parmi ces "principes
mondiaux pour la limitation de la résistance aux
antimicrobiens résultant de l'utilisation de ces produits chez
les animaux d'élevage", les principales recommandations
sont :
prescriptions
obligatoires pour tous les antimicrobiens utilisés dans le
traitement des maladies des animaux d'élevage
arrêt
ou élimination rapide de l'emploi des antimicrobiens comme
facteur de croissance s'ils sont utilisés également
en médecine humaine, en l'absence d'évaluation de leur
innocuité pour la santé publique
création
de systèmes nationaux de suivi de l'utilisation des
antimicrobiens chez les animaux d'élevage
évaluation
de l'innocuité des antimicrobiens avant la mise sur le
marché, eu égard à une éventuelle
résistance vis-à-vis des antimicrobiens à usage
humain
suivi
des résistances pour identifier de nouveaux problèmes
de santé et prendre au plus vite des mesures correctives pour
protéger la santé humaine
conseils
à l'intention des vétérinaires afin de réduire
l'utilisation abusive et erronée des antimicrobiens chez les
animaux d'élevage.
L’usage
prudent des antibiotiques fait partie intégrante des Bonnes
Pratiques Vétérinaires, il faut choisir le bon
antibiotique d’après un diagnostic précis. L’utilisation
des antibiotiques doit faire suite à un examen clinique des
animaux par le praticien prescripteur et lorsque celui-ci juge qu’un
traitement antibiotique aura un effet bénéfique. Lorsqu’il
n’est pas possible de procéder à un examen clinique
direct, le diagnostic doit se baser sur l’expérience
acquise, la connaissance du statut épidémiologique de
l’élevage et sur des tests de sensibilité effectués
régulièrement. Les
antibiotiques ne devraient être utilisés qu’après
confirmation ou lors de forte suspicion de la présence d’un
agent infectieux sensible à l’antibiotique. Il
peut être judicieux de réaliser un antibiogramme.
Par
ailleurs, l’OMS, demande une meilleure connaissance des spécialités
autorisées par espèce et par indication. Aucun
médicament ne peut être mis sur le marché, si sa
qualité, sa sécurité et son efficacité
n’ont pas été démontrées.
L’OMS
demande enfin de prendre en compte le spectre d’activité
approprié. Le choix d’un antibiotique devrait prendre en
compte la sensibilité démontrée ou attendue du
germe pathogène, tout en visant une activité minimale
sur les autres microorganismes.
Le
risque de voir émerger une population de micro-organismes
résistants, tant au niveau d’un animal pris isolément
que de la population entière et le risque de voir cette
résistance transférée à d’autres
populations microbiennes doit être prise en compte. |