Sos Racisme

SOS Racisme, créée en 1984, a été inquiétée par les agissements du gouvernement pendant les émeutes dans les banlieues en octobre 2005, l'idée de statistique ethnique de la délinquance ayant fait surface. Un groupe d'extrême droite mené par le député Mariani a aussi tenté de lier de façon explicite délinquance et origine ethnique, culturelle, ou religieuse.
L'association énonce le principe républicain selon lequel tout Français est Français, sans distinction d'origine, de croyance, ou d'ethnie. Autoriser les statistiques ethniques reviendrait à remettre en cause ce principe. Ceci « constitue un retour à l'époque coloniale et à la statistique publique d'avant 1962 qui distinguait les Français musulmans ou juifs d'Algérie, les Français musulmans ou juifs ne venant pas d'Algérie et les catégories ethniques et politiques des harkis » déclare son Vice Président Samuel Thomas.
SOS Racisme s'oppose ainsi catégoriquement à tout établissement de statistique ethnique. Suite au projet de la Loi relative à l'immigration, et au projet de sondage TeO (Trajectoire et Origine : comprenant un champ où il est demandé de façon explicite « De quelle couleur de peau vous diriez-vous ? », « De quelle origine vous diriez-vous ? »), le Vice-Président Samuel Thomas a lancé une pétition, Fiche Pas Mon Pote ! , afin de dénoncer ces projets.
« Je refuse que quiconque me demande ma couleur de peau, mon origine et ma religion. Je refuse que l'on puisse faire de même avec mon conjoint, mes enfants, mes parents. Je refuse que mon identité soit réduite à des critères d'un autre temps, celui de la France coloniale, ou de Vichy. »
La réponse à ces deux projets a donc été claire. Les statistiques ethniques ne sont pas à l'ordre du jour, ne permettraient pas de lutter contre les discriminations, mais au contraire de les amplifier. Leur réalisation impliquerait nécessairement la construction d'un référentiel ethno-racial et donc une catégorisation très néfaste pour la lutte contre les discriminations.
L'opposition vigoureuse, entre autre de SOS Racisme, a conduit au retrait des questions relatives aux origines dans le questionnaire TeO. Il est important de souligner qu'un nombre important de représentants de la communauté scientifique condamnent l'intransigeance de l'association, estimant qu'un tel radicalisme tue le débat d'une part et que d'autre part, le fait de refuser la tentative de quantification de la discrimination sous prétexte d'une possible performativité des statistiques ethniques revient paradoxalement à une célébration du statut quo.


"Au lieu de s'engager dans une réflexion sérieuse sur la factualisation des discriminations et les moyens d'évaluation des politiques anti-discriminatoires, "SOS racisme" se mobilise donc, à grand fracas d'imprécations, contre les raisonnements statistiques en question. En refusant, sans argumentaire construit, tout débat sur les statistiques ; en refusant de considérer les expériences étrangères, en particulier européennes, dans la lutte anti-discriminatoire ; en assimilant les (très nombreux) chercheurs favorables à la mesure statistique des discriminations à des nostalgiques de la colonisation ou de Vichy, cette association rend un mauvais service aux personnes discriminées. Il est vrai que cela n'est sans doute pas sa préoccupation première."

Pap N'Diaye,enseignant-chercheur à l'EHESS

" J'avais, en 2005, "commis" un article plaidant prudemment pour l'expérimentation en matière dénombrement ethnique et racial et cela m'avait valu des critiques telles que je me suis demandé si les gardiens du temple n'allaient pas me prescrire une rééduquation (cet article a été publié dans Libération et la Revue Esprit de décambre 2005) "

Khalid Hamdani Chef d'entreprise, membre du HCI et du Comité Consultatif de la HALDE