Démarche : J'ai tout d'abord tenté de lancer un Issue Crawler avec toutes les URL des sites que l'on avait utilisés pour la collecte d'informations des journalistes, sans rien ajouter, et en enlevant certains que je jugeais trop éloignés des acteurs importants.
Résultat :
Analyse du résultat :
Cette tentative est clairement un échec d'un point de vue de mise en évidence des réseaux. Le peu de points présents et surtout la pertinence des liens (un site de vente au centre d'un site d'archéologie et de nsf.com) marquent un harvest très peu significatif. Il s'agit donc de déterminer pourquoi. Les sites pris en origine dans l'Issue Crawler sont les sites qui ont été utilisés pour réaliser ce site. Ce sont donc, pour beaucoup, des sites situés en queue de processus, là où les informations fournies par la chaîne amont des acteurs scientifiques sont juste comparées. On retrouve cette caractéristiques dans le fait que ces sites sont peu connectés avec des acteurs d'envergure : il n'y a notamment pas de trace d'institut d'océanographie (pourtant directement reliés à la controverse propre à la théorie de la Mer Noire).
Cela révèle que l'information la plus accessible sur la controverse se trouve sur les sites d'opinion, et qu'il est au premier abord difficile de déterminer les acteurs principaux de la controverse.
Démarche : Cette carte a été réalisée en retenant les leçons de l'essai précédent, et en intégrant aux sites étudiés les noeuds les plus intéressants mis en évidence par la carte précédente : nfs.gov, archeology.org et geosociety.org.
Résultat :
Analyse du résultat :
Cette carte, débarrassée de quelques sites parasites tels que family.org (ces sites ne sont reliés de plus à aucun autre du réseau mis en évidence), est nettement plus significative. Elle met notamment en évidence l'importance d'un fort réseau d'acteurs scientifiques tels que les sites d'études océanographiques (worldoceannetwork ou oceano.org) ou paléontologiques (paleoportal.org).
En haut, on peut remarquer le trio formé de chritech.com, chick.com et wespreadtheword.net, qui sont trois sites chrétiens prosélytes. Cette carte a donc permis de bien visualiser les différents acteurs de cette controverse. Même si le nombre de points est clairement faible, les deux blocs sont présents, le manque de communication entre la communauté chrétienne radicale et le corps scientifique « dur » est bien visible, ainsi que la plus grande interconnection des sites scientifiques : on a donc une carte significative.
Que nous révèle cette analyse première sur la controverse ?
Il s'avère que cela vérifie l'évolution historique de la controverse : au cours du temps suivant la séparation entre la géologie et la religion, la distance entre les deux n'a cessé d'augmenter. Ces dernières années, les positions des deux camps se sont radicalisées avec l'émergence du créationnisme en tant qu'entité scientifique, qui permet au camp « traditionaliste » d'avoir une position et un réseau propre. Si les travaux de Woolley ont directement été mis en perspective avec la religion, il n'en est pas de même pour ceux de Mallowan, et encore moins pour ceux de Ryan et Pitman : la visite des blogs d'opinions et autres ne fait que confirmer ce fait, la théorie de la Mer Noire est celle qui se trouve le plus en opposition avec la position des créationnistes, alors que la théorie de l'inondation catastrophique bénéficie d'une plus grande acceptation.
Démarche :
Cette carte a été réalisée avec exactement les mêmes liens que la précédente, mais cette fois avec une « profondeur » de 3, ce qui signifie que Issue Crawler va chercher encore plus loin les liens entre les sites.
Résultat :
Analyse du résultat :
On observe deux différences majeures avec la précédente, qui sont liées. Il y a à la fois moins de points (6 de moins), et des réseaux plus évidents (beaucoup plus de flèches, et des sites plus proches sur la carte). En effet, la grande majorité des points isolés a disparu, ainsi que les trois sites appartenant au camp chrétien radical : l'effet « boîte noire » d'Issue Crawler ne me permet pas de m'expliquer cette disparition, intéressante du point de vue de la rigueur : sans la présence des autres cartes, cet acteur aurait été écarté de l'étude.
Cependant cette perte est compensée par la venue de sites appartenant au camp chrétien modéré. En allant sur les sites désignés par l'Issue Crawler, on trouve en effet que asa3.org et talkorigins.org sont deux sites de communautés de chrétiens scientifiques au discours moins rigoriste que les précédents. Cela se traduit aussi sur l'Issue Crawler : ces sites sont en lien, surtout talkorigins.org, avec la communauté scientifique « dure » formée des géologues et des paléontologues. On constate de plus la position centrale sur cet Issue Crawler des géosciences via le site geosociety.org qui est lié à la majorité des autres acteurs de la controverse. Ceci correspond à la réalité des théories : tant d'un point de vue créationniste où elles couvrent un domaine de débat entre les Ecritures et la science (l'âge de la Terre, la création...) que d'un point de vue scientifique où elles constituent le point commun entre toutes les théories portant sur le Déluge, les géosciences sont utilisées ou critiquées par les acteurs de la controverse.
En conclusion, cette étude de l'Issue Crawler a permis de situer les acteurs les uns par rapport aux autres. On a donc une séparation en deux du camp tenant du créationnisme : le camp radical qui n'a aucun lien direct avec les acteurs scientifiques, et le camp modéré, qui interagit avec ce dernier. De plus, l'étude a aussi montré l'existence d'un réseau scientifique très resserré et sur lequel la question fait interagir des domaines différents, tels que l'océanographie, les géosciences ou la paléontologie.