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Le secret et l'anonymat du don : l'exemple israélien

Israël détient sans doute le record du nombre de fécondations in vitro par femme, avec environ 18 000 cycles par an. Le concept de famille y occupe une place beaucoup plus importante que dans la plupart des pays occidentaux. Par conséquent, les caisses maladies publiques couvrent totalement les frais médicaux dûs à l'infécondité jusqu'à 45 ans pour les femmes, y compris pour le deuxième enfant et pour les femmes seules. C'est un cas d'étude intéressant, de par la sensibilité du pays à la religion et de l'influence de ses communautés religieuses sur la société. Cela implique des jurisprudences particulières.

Le pays est très attaché à l'anonymat du don, et d'un point de vue général au secret qui doit y être lié. Cela lui permet d'être toléré par les communautés juives orthodoxes et accepté moralement dans le pays. Cependant un grand nombre de femmes bénéficiant d'un don sont seules et veulent que leur enfant puisse connaître son père biologique lorsqu'il grandit.

Secret et anonymat du don

Le don de sperme en Israël est organisé afin de garder un maximum « le secret ». Ainsi, les dossiers des demandeurs sont gardés dans des coffres-forts et seul un personnel très contrôlé peut y avoir accès. Les accoucheurs en particulier n'y ont pas accès. Les dossiers des donneurs et des demandeurs sont parfaitement séparés, et seul le directeur de la banque de sperme peut avoir accès à ces premiers.

Les couples eux-mêmes préservent le secret par tous les moyens en ne révélant l'existence du don à personne, ni à l'enfant, ni aux amis. Le système est souvent fait pour semer le doute par tous les moyens sur la paternité du père, des inséminations du sperme du demandeur étant souvent réaliséesen même temps que celui du don. Cela vient du fait que le pays est très imprégné par la religion et que l'assistance médicale à la procréation reste encore très mal vu par la grande majorité des communautés religieuses.

L'anonymat quant à lui est minimaliste : seul l'état civil du donneur est occulté. Les traits physiques, la profession, la personnalité, sont des données qui intéressent grandement les familles demandeuses.

Les donneurs en Israël

Le don de sperme est sommairement rémunéré en Israël. C'est sans doute pour cela que la plupart des donneurs réguliers (environ 40%) sont des étudiants, plutôt portés sur la modernité occidentale. Ils n'ont pas de contrainte particulière hormis de s'engager par écrit à ne rien cacher de leurs antécédents médicaux familiaux et personnels, et d'être décidé à préserver leur anonymat. La plupart des donneurs sont juifs, très peu d'arabes israéliens sont près à donner leur sperme.

Les femmes seules en désir d'enfant

Aujourd'hui, près de 80% des dons de sperme en Israël sont destinés à des femmes seules. Cette situation se retrouve dans d'autres pays comme les États-Unis, mais pas en France où seuls des couples liés dans une relation stable, sont autorisés à recevoir un don de sperme.

Il y a en fait deux raisons à cela. D'abord de nouvelles techniques d'assistance médicale à la procréation sont nées dans les années 1990 et ont permis à de nombreux hommes inféconds, dans les conditions naturelles, de devenir père sans user du don de sperme. Ensuite, le statut de la femme à considérablement augmenté dans la société israélienne à la fin des années 80, ce qui a poussé pas mal de femmes à se libérer.

En effet, ces femmes sont la plupart du temps indépendantes et volontaires, ayant préféré poursuivre leurs études et faire carrière, quitte à remettre leur désir de maternité à plus tard. Il est évident que pour elles, l'anonymat du don perd de son sens et ne constitue qu'un élément permettant de ne pas partager les droits parentaux avec une tierce personne. Ce sont principalement elles qui demandent une possibilité de lever l'anonymat.

Le problème de la levée de l'anonymat

Avec Israël, certains pays comme la Belgique autorisent les femmes seules et les couples de lesbiennes à pouvoir recourir à un don de sperme. Même si l'accès à l'identité du donneur semble avoir été exclu pour le moment, il continue à faire débat notamment à la demande des femmes seules et des lesbiennes. Celles-ci aimeraient avoir au moins accès à plus d'informations non identifiantes sur le donneur. Cette pression est d'autant plus forte que, suite à la mise au point de nouvelles techniques d'assistance médicale à la procréation, donnant aux couples hétérosexuels d'autres alternatives pour procréer, les femmes seules et les couples lesbiens constituent maintenant 80% des demandes de don.

Ce cas de figure se retrouve plus ou moins dans tous les pays ayant retiré l'obligation d'être en couple pour poser une demande.

Néanmoins, une levée de l'anonymat totale fait de nombreux réticents, surtout à cause de la baisse du nombre de donneurs que cela provoquerait (voir la problématique 2 à ce sujet). La chute serait estimée à 80% environ les premières années et pourraient se révéler dramatique. L'absence d'anonymat découragerait grandement les jeunes donneurs qui constituent la catégorie ayant un sperme de qualité optimale.

Cependant, dans des pays ou l'anonymat est levé comme la Suède, il a été constaté que les jeunes donneurs étaient peu à peu remplacé par des plus âgés, que cela ne dérange pas. Malgré la moins bonne qualité de leur sperme, ils ont permis là-bas une stabilisation du nombre de donneur.

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Se heurtant à l'impossibilité de découvrir l'identité de leur géniteur, certains enfants issus du don développent des troubles de construction identitaire. Mais la levée de l'anonymat pose le risque d'une tri-parentalité ou d'une déception de l'enfant.
Le nombre de donneurs en France est dans un état critique. La levée de l'anonymat entraînerait à court terme une pénurie encore plus forte, à moins d'envisager une rémunération des donneurs.