Tout d’abord, pourriez-vous nous détailler votre parcours, votre fonction et le rôle que vous avez tenu lors de la confection des fiches ?

Ces fiches ont été élaborées par moi-même mais avec un contrôle qui a été effectué par un comité de géologues, géologues qui connaissent bien la région ; c’est ce comité qui a donné les grandes directives. Ensuite c’est moi qui était chargé de mettre en place tout cela et de réaliser concrètement les fiches. A l’époque je travaillais dans un bureau d’étude, Calligée, que j’ai quitté l’an dernier.

D’accord et actuellement vous occupez quel poste ?

Pour l’instant je suis en recherche… je suis en train de créer ma propre structure personnelle, je donne des cours et j’interviens sur diverses opérations géologiques. Je fais des missions en dehors du bureau d’étude qui m’a produit précédemment.

Sinon, au niveau de la spécificité de la zone, qu’est ce qui caractérise cette zone de Brétignolles par rapport au reste de la côte, qu’est ce qu’il y a de particulier ici, d’un point de vue géologique ?

Du point de vu géologique, ce qui avait motivé qu’on fasse un petit peu un focus sur Brétignolles c’était au niveau de la côte rocheuse… on a dans cette côte rocheuse qui appartient à des terrains paléozoïques déformés, une grande diversité de faciès, de type de roches qui s’observent, et c’est aussi le seul endroit sur la côte où par exemple, les terrains paléozoïques sont fossilifères, c’est à dire qu’on y a trouvé des fossiles permettant de connaître l’âge d’une partie de ces terrains. Ce sont des terrains qui sont situés près du rocher Sainte Véronique si vous voyez un peu le site et qui ont donc livré des microfossiles, enfin des mezzo-fossiles qu’on appelle des conodontes.

D’accord, et on en trouve uniquement dans cette zone ?

On n’en trouve que dans cette zone, parce que géologiquement, la Vendée est découpée, en ce qui concerne les terrains anciens et hercyniens, en deux zones. On a une zone où se situe, toute la partie nord orientale du département dans laquelle on a quelques fossiles dans le paléozoïque. Et on a une zone qui comprend la côte et la moitié nord du département qui est composée de terrains également hercyniens mais dans lesquels on a jusqu’à présent qu’un seul site fossilifère connu.

D’accord, j’imagine que ce site fossilifère intéresse des universités, des Ecoles ?

Tout-à-fait, parce que quand j’étais moi-même étudiant, que j’étais à l’université de Poitiers, on venait tous les étés. Quand ont étaient en maitrise, en M1 et M2, on venait en stage de plusieurs jours à Brétignolles pour découvrir les roches qui se trouvent sur la cote, sur l’estran. Donc non seulement il y a les fossiles dont je vous ai parlé, mais aussi on a la chance d’avoir en très peu d’espace une grande variété de roche qui sont exposés : on a des roches d’origine volcaniques, et des roches d’origine sédimentaire. Au sein de ces roches sédimentaires, il y a plusieurs styles. C’est intéressant au niveau de la déformation, parce ce qu’on a des roches souvent très déformées, donc les stages de technique ce déroulent souvent à cet endroit-là.

Vous insinuez qu’il y a une tectonique très importante en ce lieu ?

Je n’insinue rien, c’est un fait. Mais c’est une tectonique ancienne, c’est une tectonique hercynienne, ce n’est pas une tectonique… Je ne dis pas qu’aujourd’hui c’est une zone mobile, il s’agit de choses très anciennes, mais qui sont d’un intérêt important, enfin facile à étudier pour les étudiants ; pour étudier comment les roches sont plissées, en fonction de leur lithologie. Tous les ans, à l’époque, on venait avec l’université de Poitiers, l’université de Rennes venait aussi faire des stages dans le même coin, sur la même coupe, pour faire des observations. Donc çà c’est l’aspect roches anciennes. Mais aussi l’intérêt particulier à Brétignolles, qui ne donne cependant pas lieu à des visites parce que ce sont des gisements qui sont masqués, ou que l’on ne peut observer que lors des grandes marées, ce sont des gisements, des tourbières anciennes du quaternaire, qui ont livré des restes d’éléphants antiques, qui ont livré aussi des restes d’industrie humaine. Ces tourbières se situent plus précisément dans la zone qui était projetée pour faire les aménagements portuaires.

Pensez-vous que cet attrait, et cette possibilité pour le grand public de découvrir ces aspects géologiques intéressants pourraient conduire à l’annulation des travaux ou être un frein à la construction du port ?

Tout dépend des objectifs des gens qui s’occupent de ce type d’aménagement. Enfin, je ne pense pas qu’en tant que telle, la géologie puisse être un obstacle. Bon ça risque de faire disparaître notamment les tourbières, ça c’est sûr. Bon pour les autres parties, je ne sais pas du tout comment s’organise le projet, moi j’en ai vu que quelques photos, mais après concrètement je ne sais pas trop si c’est un problème, enfin si ils vont détruire… je ne pense pas qu’ils vont détruire le rocher Sainte Véronique, qui est quand même un peu emblématique de la géologie de la Vendée. Concernant les tourbières, d’après ce que j’ai pu comprendre, elles seraient sans doute amenées à disparaître, donc c’est plus ennuyeux.

Cà serait très regrettable, j’imagine ?

C’est regrettable, oui, d’autant que ce sont des choses qu’on observe assez peu, dans des conditions qui ont révélé pas mal de choses sur l’évolution du niveau marin au Quaternaire, donc ce sont toujours des préoccupations actuelles puisque les évolutions du niveau marin sont sujets à des prospectives ; c’est bien de savoir ce qui s’est passé dans le passé assez récent pour savoir comment envisager la suite. Donc c’est toujours dommage de détruire des objets d’études, ou de compréhension.

D’accord. Pour la construction du port, il a été envisagé d’utiliser des matériaux issus de la carrière du Brétommé. Qu’est-ce que vous pensez de la qualité de ces matériaux ? Est-ce qu’on peut reprendre des matériaux pour en faire des remblais par exemple, ce genre de chose ?

A priori pourquoi pas, si c’est une carrière c’est que sans doute la roche était quand même de qualité. On n’installe pas des carrières aux endroits où les roches sont pourries ; aussi, si c’est pour avoir une carrière de sable… Je pense que c’était plutôt une carrière de roches dures. C’était de l’anderiolitte je pense. Ce sont des matériaux qui sont assez favorables, d’ailleurs y a plusieurs carrières d’anderiolittes dans la région qui donnent un bon matériau. Microgranitage aussi, ça peut s’appeler microgranite des fois.

[...]

Bien, écoutez, je vous remercie de nous avoir apporté ces éléments intéressants sur l’aspect géologique du milieu, qui n’est pas à négliger. Si vous avez des remarques, des questions ?

Non, enfin au niveau géologique, ce n’est pas des zones…enfin il y a plusieurs aspect : y a cet aspect patrimonial et cet intérêt esthétique de la cote, ou qui est lié à la géologie. Après il y a d’autres aspect qui sont plus des aspects géotechniques : est-ce que les roches en questions sont capables de supporter des aménagements, des digues. Bon apriori ont peu dire que oui, donc la géologie ne constitue pas un obstacle géotechnique au projet, c’est plutôt l’intérêt géologique du site, patrimonial qu’il faut faire ressortir et essayer de protéger.