L’économie est un aspect majeur de la controverse portant sur le port de Brétignolles sur Mer. Le tourisme constitue un des principaux revenus de cette commune. Victime de son succès, la ville ne cesse de s’étendre à cause de la construction de résidences secondaires.
Depuis une trentaine d’années, la commune a trouvé la source de son développement dans le tourisme de masse. Ce développement s’est tout d’abord traduit par l’implantation sur Brétignolles de nombreux campings (13 aujourd’hui). Face à l’évolution des attentes des consommateurs, ce développement s’est poursuivi par la construction de nombreuses résidences secondaires, avec une extension très marquée de l’urbanisation, menée au détriment des espaces naturels. Enfin plus récemment, de grands ensembles immobiliers (MERLIN, FERINEL et GEORGES V en 2000) se sont implantés, tranchant avec l’habitat relativement diffus qui caractérisait Brétignolles sur Mer auparavant. Ainsi, selon l’INSEE, avec l’entrée en vigueur du nouveau plan d’occupation des sols en 1998, entre 1999 et 2004, plus de 500 nouvelles résidences secondaires ont été construites sur la commune.
Brétignolles sur Mer compte désormais plus de 6300 résidences secondaires tandis que le nombre de résidences principales n’excède pas 1500 unités. La population de la commune varie donc du tout au tout entre les mois d’hivers et de Mai à Aout.
A ce phénomène de tourisme de masse se rajoute le problème d’une population vieillissante. Ce sujet ne concerne pas uniquement Brétignolles sur Mer mais toute la Vendée.
La Mairie :
En 2001, la commune a décidé de rompre avec ce modèle de développement. Il a été décidé d’engager un programme d’actions global, destiné à :
- réparer les dégâts du développement urbain anarchique de la commune,
- retrouver une mixité des générations et ralentir le vieillissement de la population, accueillir de nouvelles entreprises et développer l’emploi,
- étaler la fréquentation touristique en valorisant l’attractivité de la commune, tout au long de l’année.
Différentes mesures ont déjà été mises en œuvre pour arriver à ces fins : réalisation d’une ceinture verte pour empêcher l’urbanisation croissante, développement de « lotissements communaux réservés à des jeunes ménages primo-accédants », etc.
Ainsi du point de vue de la mairie, le port est sensé fortifier cette politique. En effet, le port est sensé participer à la mise en valeur du patrimoine naturel de la commune, créer, directement et indirectement, de nouveaux emplois permanents sur la commune et à générer des richesses pour l’économie locale.
Le port en plus de favoriser la politique du maire serait aussi une source de revenu pour la commune. En effet, selon le rapport de BRL, la demande d’anneau pour les plaisanciers est très important sur le littoral français et en particulier sur en Vendée.
Nous allons ici retranscrire les affirmations du rapport de BRL en ce qui concerne la rentabilité du port.
Le cout total du projet a été chiffré à environs 45 millions d’euros hors taxes après 2007. Les recettes, quant à elle, seraient issues des 1000 anneaux du port. Selon BRL, la totalité des revenus seraient effectifs dès l’ouverture du port. En effet, à ce jour, 1254 pré-réservations émanent de personnes disposant d’une résidence principale ou secondaire sur la commune. 364 autres demandes émanent de personnes implantées en Vendée. Les autres demandes proviennent de particuliers habitant un département limitrophe ou qui ont l’intention de s’implanter à court ou moyen terme dans la commune (par cette préinscription, ils prennent rang pour l’éventuelle attribution d’un anneau).
Le plan de financement prévisionnel de l’opération s’établit donc comme suit :
Investissement :
A noter que les coûts des bâtiments n’entrent pas dans le budget du port car ces locaux ont vocation à être loués ou cédés au prix du marché. Leur exploitation permettra donc leur autofinancement d’après le rapport de BRL.
Fonctionnement :
La conclusion que porte BRL sur ce bilan financier sur le projet est : « Le compte prévisionnel d’exploitation prévoit un montant de dépenses s’élevant à 485 000 € environ (charges à caractère général, charges de personnel, entretien courant, etc.). En prenant en compte une recette annuelle de plus de 1,7 M€ (location des 785 anneaux et recettes diverses), l’exploitation génère un excédent de près de 1,3 M€ qui permet d’amortir aisément l’emprunt contracté. » Et la durée estimée pour le remboursement total du projet est de 30 ans. Et alors, le port générerait des revenus équivalents aux revenus générés par 4427 habitations.
A ces revenus directs, le projet de port apporterait de nombreux emplois à la commune. Voilà un tableau crée par BRL :
Avec la création du port viendrait également un nouvel afflux de touristes générant encore d’autres revenus.
Maintenant passons aux opposants à ce projet : La vigie.
La Vigie :
La Vigie apporte sur ce point de tension un autre point de vue sur l’aspect financier du port. En effet, sans se placer comme un expert en la matière, ses remarques restent judicieuses.
Tout d’abord, la Vigie critique les dépenses prévues pour le port. Selon elle, elles se répercutent directement sur les habitants. De plus, selon eux, en se basant sur l’observation d’autres constructions, on peut facilement noter que le prix final correspond rarement au coût d’estimation. Mais ce n’est pas l’argument majeur. La Vigie prévoit de nouveau travaux à faire pour pallier aux défauts qui existent dans le projet tel qu’il est aujourd’hui envisagé. Par exemple, ils citent le fait que le rapport de BRL ayant été rendu début février –c’est à dire avant la tempête Xinthya- il est tout à fait surprenant que le dossier remis finalement aux autorités date de mars et prenne en compte Xinthya. Cela laisse à penser que le projet n’a pas encore pallié à tous les aléas possibles et imaginables qui nécessiteraient des travaux supplémentaires, et cela aux frais des brétignollais.
La seconde critique qu’apporte BRL sur l’aspect financier est qu’en apportant un nouveau type de touriste plus riche pour bénéficier de leur argent, le port va bouleverser toute la vie de la commune. Selon Jean Yves Bourcereau, la population qui fréquente actuellement Brétgnolles sur Mer, est une population qui profite des plaisirs simples que la ville et son site lui procure. Il n’est en aucun cas nécessaire de passer d’une population simple à de riches touristes qui vont changer totalement le mode de vie des brétignollais.
Enfin, la Vigie ne se contente pas de refuser le projet de port. Elle propose aussi une alternative pour continuer à rapporter des revenus à la commune. Selon eux, l’urbanisation progressive du site n’est pas un problème et il reste encore de grands espaces disponibles pour une expansion de la ville. Ainsi, le projet de port n’est pas nécessaire.