Suite à la tempête Xynthia, une tempête dévastatrice qui eut lieu entre le 26 février et le 1er mars 2010, la résistance du port fut remise en cause. Il y a d’un côté BRL qui nous assure que le port aurait résisté et de l’autre la Vigie qui juge que le port aurait été détruit. Il juge également que les affirmations de BRL ne sont fondées que sur des suppositions car la durée entre la tempête et la publication d’une brochure annonçant la résistance du port ne dépassa pas un mois ce qui leur laisse supposer que BRL s’est contenté d’inclure Xynthia dans leur projet sans faire d’étude plus poussée.
BRL
Pour assurer la résistance du port face à des conditions de mer agitées, BRL a prévu des aménagements intérieurs et extérieurs.
Les ouvrages extérieurs
Les récifs brise-lames de protection sont destinés à limiter l’agitation dans la zone du chenal extérieur, sur une longueur globale de trait de côte de l’ordre de 500 m et sur une largeur de l’ordre de 300 m. Les ouvrages ont été dimensionnés et positionnés en prenant en compte les critères nécessaires pour éviter les risques de création de tombolos par la sédimentation. L’agitation résiduelle lors des tempêtes d’Ouest contribue également à éviter ce risque.
Les ouvrages intérieurs
Les ouvrages intérieurs (talus du chenal et atténuateur de houle) sont destinés à limiter l’agitation dans le bassin et dans le chenal intérieur. Ils n’ont en plus pas d’impact sur l’agitation du plan d’eau extérieur.
Suite à des modélisations des courants et du paysage, BRL publie les effets de ces aménagements sur la houle. Dans le premier cas, la houle avance beaucoup plus que dans le deuxième cas. Grâce aux modélisations des différents paramètres, BRL obtient un modèle qui démontre que le port résisterait à des « conditions extrêmes » et que les aménagements permettraient de protéger le port.A gauche : Condition de houle morphogène d’ouest (conditions jugées comme extrêmes par BRL)
Champ de courant sans aménagement (Etude d’impact de BRL mars 2010)
A droite :Condition de houle morphogène d’ouest (les mêmes que sur le schéma précédent)
Champ de courant avec aménagement
(Etude d’impact de BRL mars 2010)
Effet virtuel de la tempête Xynthia sur le port de Brétignolles sur mer
Avec des vagues atteignant plusieurs mètres, la tempête Xynthia a généré des niveaux proches de la côte minimale des quais du port de la Normandelière.
Mais la conjonction des protections en enrochements appliquées sur les talus et du caractère encaissé du bassin portuaire, réalisé dans une cuvette, protègent intégralement l’arrière port et la ville de Brétignolles sur Mer de toute intrusion marine suite à un événement exceptionnel du type de la tempête Xynthia. Ainsi, dans leur dimensionnement actuel, les ouvrages du port de Brétignolles apparaissent comme satisfaisantes. De plus, la forme du port, qui se trouve dans une cuvette topographique, ce qui lui donne le caractère d’aber, lui permet de contenir toute submersion, même exceptionnelle, sans dommage sur les infrastructures portuaires.
Ainsi, selon les études de BRL, le port aurait résisté à la tempête Xynthia.
La vigie
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la tempête Xynthia a causé la mort de 53 personnes et traumatisé la France entière.
Conséquences de la tempête Xynthia à La rochelle (photo prise par TF1)
Un an après cette catastrophe, le plan national « submersions rapides » vient d’être validé par le Premier Ministre, après une large concertation conduite de juillet 2010 à début février 2011. Véritable feuille de route de l’Etat en matière de prévention des risques d’inondation, ce plan, doté d’un budget de 500 M€, comprend plus de 60 actions concrètes. Ce dispositif complet vise à mieux maîtriser l’urbanisation dans les zones dangereuses, améliorer la vigilance météo et l’alerte des populations et renforcer la fiabilité des digues.
Suite à une tempête aussi ravageuse et à des mesures prises aussi importantes, la Vigie reste sceptique sur les affirmations de BRL.
De plus lors de la tempête Xynthia, les quais de Saint Gilles Croix de Vie ont été inondés et son port de plaisance endommagé ; comment peut-on alors affirmer que celui de Brétignolles ne l’aurait pas été ? Le port expérimental serait-il plus performant que les ports traditionnels ?
Selon Christophe Chabot, maire de Brétignolles sur Mer, ce serait le cas. Il a annoncé en effet le 17 mars 2010, en Conseil Municipal, que son projet de port de plaisance créant un nouvel estuaire artificiel à la Normandelière, et faisant pénétrer la mer dans un bassin fermé jusqu’au centre de la commune, était bouclé et qu’il allait le transmettre au Préfet de la Vendée. Il déclara que le Port de Brétignolles n’aurait pas été touché par Xynthia et que la population aurait été à l’abri des inondations. Il assura que le port était dimensionné pour de telles catastrophes, et ceci bien que la société BRL ingénierie n’ait eu que 15 jours pour corriger l’étude d’impact.
Conséquences de Xynthia à Saint Gilles Croix de Vie. (Charline-io.over-blog.com)
Selon la Vigie, pour que le dossier d’études de Port Brétignolles soit recevable pour une enquête publique, il devrait être accompagné de vues en trois dimensions montrant la hauteur des digues protégeant les zones habitées (et non pas des vues paysagistes comme actuellement), d’études des risques de submersions des zones habitées voisines du chenal et du bassin portuaire, et d’études des plans de prévention de ces risques.
« Ne serait-ce pas la moindre des choses dans le contexte d’aujourd’hui ? N’est-ce pas la Ministre Nathalie Kosciusko-Morizet qui a dit : “Dans notre façon d’appréhender le risque d’inondation, il y a désormais un avant et un après Xynthia …” » (Jean Yves Bourcereau, membre de la Vigie).
Le projet de port suppose la création d’un bassin fermé au centre de la commune donc dans le cas de forte tempête avec raz de marée, toute la partie intérieure du bassin portuaire serait détruite. Accepter aujourd’hui de créer des bassins portuaires fermés en plein centre ville, c’est accepter que tous les aménagements internes soient détruits dans le cas de fortes tempêtes. Est-ce financièrement bien raisonnable pour la collectivité ?
De plus comme le chantier de Port Brétignolles durerait 2 à 3 ans, que se passerait-il si une tempête de type Xynthia se produisait pendant cette période ? La population serait-elle protégée ? Le dossier ne devrait-il pas aussi apporter des réponses sur ce point ?
En conclusion, selon la Vigie, les études réalisées pour montrer que le port pourrait résister à des conditions de mer telles que celle de Xynthia sont très insuffisantes. Ce manque d’information dénote, selon eux, une incompétence de BRL et de la mairie. Et comment peut-on confier un projet de port à de tels individus ?