Une dilatation temporelle de l’existence sociale ?
Dans son mémoire, L.COLLEE met en évidence la question de la conservation des données [1] :
Les données, une fois publiées, peuvent rester là littéralement pour l’éternité même lorsque l’utilisateur les aura supprimées du site original et même en cas de disparition du réseau. Il peut exister des copies sur d’autres sites tiers (y inclus les services d’archive et les fonctions de cache fournies par des moteurs de recherche bien connus) ou même chez des utilisateurs. De plus certains fournisseurs de service refusent d’obéir rapidement (ou simplement d’obéir) lorsqu’il y a une demande d’effacement d’un utilisateur soit de ses données ou plus spécialement de son profil complet.
Toute information publiée sur un réseau social a une durée de conservation inconnue par l’utilisateur, et potentiellement infinie.Tout individu est donc confronté en permanence avec ses actions et des dires antérieurs, à tel point que, pour le président de la CNIL Alex Türk, toute perspective temporelle semble disparaitre[2] :
Le droit à l’oubli devrait être un droit fondamental. Or, aujourd’hui, Internet provoque une dilatation du présent. On vit indéfiniment dans l’instant présent. Cela peut devenir oppressant, insupportable.
Les réseaux sociaux, censés permettent une communication efficace et quasiment instantanée, abolissent paradoxalement la distance entre passé et présent. Tout utilisateur doit gérer et assumer l’effet à long terme de son propre comportement.
[1] COLLEE, Laurent. Sécurité et vie privée sur les réseaux sociaux p.37
[2] ALIX, Christophe. Réseaux sociaux et vie privée : entretien avec Alex Türk, président de la CNIL, 19 février 2009