Statistiques ethniques : utiles, inutiles ou dangereuses ?

Quelles méthodes ? Entre QCM et dissertation… (suite et fin)

Comment garantir une certaine crédibilité et une certaine légitimité aux statistiques ethniques ?

Pour l’intégralité des acteurs, les statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. doivent être régulée par un organisme public afin de garantir la meilleure objectivité possible. Aujourd’hui, c’est le cas en France, puisque l’INSEEINSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
Chargé de la production, de l’analyse et de la diffusion des statistiques officielles en France.
, et la CNILCNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés
Autorité administrative indépendante exerçant ses missions en vertu de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978
déterminent ensemble la possibilité de faire ce genre de statistiques, ainsi que leur légitimité comme étant « d’intérêt public ». Plus précisément aujourd’hui, dès qu’un institut privé veut faire ce genre de statistique, il doit s’entretenir avec l’INSEEINSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
Chargé de la production, de l’analyse et de la diffusion des statistiques officielles en France.
, afin que son étude soit classée comme étant « d’intérêt public ».

La LICRA
licra
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme est l’une des organisations les plus anciennes du terrain associatif français. Créée en 1926, la Ligue s’est beaucoup élargie depuis et veille au respect de la valeur fondamentale de la République qui est la laïcité.
préconise un rôle central à jouer par ces organismes publics pour éviter un quelconque manque d’objectivité, puisque « du moment qu’elles sont strictement encadrées » (Sabrina Goldman
goldman
Née en 1980, avocate au barreau de Paris, déléguée exécutive chargée des relations avec les associations à la LICRA. Sabrina Goldman occupe une position qui résume bien la LICRA : les statistiques ethniques sont trop susceptibles, dans notre société, de donner lieu à des dérives et à des utilisations abusives pour être autorisées.
) par ceux-ci, l’objectivité est respectée au mieux.

Sur ce point, Kamel Hamza
hamza
Elu municipal UMP de la Courneuve. Fondateur de l’ANELD. Né en 1968 à Aubervilliers, Kamel Hamza grandit à la Courneuve : lui-même issu de la diversité, les zones et les sujets sensibles lui sont bien connus. En 2011, il fonde l’ANELD, une association de jeunes élus qui plaide, entre autres, en faveur des statistiques ethnique dans une optique, pourquoi pas, de discrimination positive.
la rejoint en affirmant que

«
C’est de la statistique publique. Mais il faut que ce soit fait par des organismes crédibles. Il ne faut pas que n’importe qui arrive et dise je fais de la statistique sur mon voisin de palier. Il faut que ça reste de la statistique publique, c’est-à-dire que contrôlée et validée par des institutions, sinon ce n’est plus de la statistique ethniqueStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus., ça devient de la statistique raciste.
»

Les démographes comme Michèle Tribalat
tribalat
Démographe à l’INED, Michèle Tribalat se démarque nettement de son milieu professionnel par son regard sur l’immigration, réaliste pour certains, trop négatif pour d’autres. En 1976, elle est recrutée par l'INED, dont le conseil scientifique veut pousser la recherche sur les flux migratoires : ce sera son domaine d'activité. Elle est favorable aux statistiques ethniques.
ou Parick Simon
simon
Né en 1964, Patrick Simon est un socio-démographe français l’INED, tout comme Michèle Tribalat. Il travaille sur les phénomènes de discriminations ethniques en France. Largement solidaire de Michèle Tribalat, il dénonce l’invocation de la « tradition française » par ceux qui font du blocage des statistiques ethniques.
trouvent cependant que la législation actuelle est trop ferme, et qu’elle empêche de faire des études sociologiques convenables. A tel point que la législation en devient « ridicule » pour Michèle Tribalat
tribalat
Démographe à l’INED, Michèle Tribalat se démarque nettement de son milieu professionnel par son regard sur l’immigration, réaliste pour certains, trop négatif pour d’autres. En 1976, elle est recrutée par l'INED, dont le conseil scientifique veut pousser la recherche sur les flux migratoires : ce sera son domaine d'activité. Elle est favorable aux statistiques ethniques.
:

«
La demande d’accord de la CNILCNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés
Autorité administrative indépendante exerçant ses missions en vertu de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978
doit avoir lieu. Alors on est tombé d’accord sur une formule assez ridicule. Le test était anonyme mais la personne interrogée devait signer. Il n’y a rien de moins anonyme que çà ! Ce n’était même pas des questions obligatoires : On ne pouvait même pas poser de questions sur la religion. On devait mettre « vous n’êtes pas obligé de répondre etc. …
»

La tendance générale pour accorder une crédibilité et une légitimité est donc d’obliger ceux qui font les statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. à passer par l’INSEEINSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
Chargé de la production, de l’analyse et de la diffusion des statistiques officielles en France.
et la CNILCNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés
Autorité administrative indépendante exerçant ses missions en vertu de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978
, mais ceux qui sont les mieux placés pour réaliser ces statistiques, à savoir les démographes, trouvent que la législation dénue toute « statistique ethniqueStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. » de sens, car l’éventail des possibilités est trop restrictif.

Et pourtant, la controverse continuera d’exister sur la question de légitimité de ces statistiques ethniquesStatistique ethnique n.f. : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus. au vu du grand nombre d’acteurs entrant en jeu.

«
La légitimité elle est construite par une appropriation par les différents acteurs de la société, les institutions, les décideurs politiques, la société civile, les institutions à statistiques, donc cela fait beaucoup de gens, donc cela ne se décrète pas, cela se construit avec le temps.
»

Patrick Simon
simon
Né en 1964, Patrick Simon est un socio-démographe français l’INED, tout comme Michèle Tribalat. Il travaille sur les phénomènes de discriminations ethniques en France. Largement solidaire de Michèle Tribalat, il dénonce l’invocation de la « tradition française » par ceux qui font du blocage des statistiques ethniques.


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Les points de controverses

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