Laurence Parisot, présidente du Medef (Mouvement des Entreprises de France), convertie aux quotas, est catégorique : les femmes n’y arriveront jamais sans ce « coup de pouce indispensable » qu’est le quota.

C’est en effet un constat bien réel que les femmes sont sous-représentées dans les hauts métiers d’affaires et dans les Conseils d’administration (cf schéma ci-dessous). Aujourd’hui, de nombreux gouvernements instaurent des quotas afin d’obtenir une plus grande mixité au sein des Conseils et combler cet écart. Les quotas imposés représentent la loi et semblent ainsi être un moyen rapide et efficace pour obtenir davantage de femmes dans les Conseils.

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Ceci est encourageant pour l’égalité des sexes, mais la mise en place de tels quotas est un débat chronique en matière de gouvernance d’entreprise avec des arguments intéressants des deux côtés et auprès des deux sexes.

Les adversaires des quotas se drapent dans les valeurs de l’égalité républicaine et la dignité des femmes. Dans un récent sondage sur le sujet en Allemagne, les femmes cadres ont massivement répondu non aux quotas, désireuses d’être recrutées sur leurs seules compétences. Cathy Kopp, directrice des ressources humaines d’Accor, hostile aux quotas, se souvient des « minorité-quotas » lors de son expérience américaine chez IBM, et leur difficulté pour ne pas dire impossibilité à asseoir leur légitimité.

En reprenant l’exemple des conseils d’administration, on peut se demander si la mise en place de quotas est la meilleure solution envisageable. En effet, les quotas peuvent être source de discrimination contre des hommes compétents en course contre des femmes pour un même poste. De plus, ces quotas risquent de nuire à la crédibilité des femmes administratrices qui peuvent être considérées à un tel poste grâce à leur sexe et non pour leurs compétences et leur mérite. Enfin, ces quotas n’affecteront pas certains des obstacles principaux des femmes face au monde du travail comme les questions de garde d’enfants. Il faudrait donc, en plus d’introduire des objectifs propres à chaque entreprise, changer la vision sur la femme « mère de famille » afin de leur permettre une meilleure conciliation entre travail et vie familiale.

L’exemple Suédois montre au contraire  une réussite sans les quotas : d’autres voies ont été utilisées notamment avec le code dit de « bonne gouvernance d’entreprise » pour régler l’équilibre hommes-femmes. Sur une base volontaire, et sans sanction prévue, chaque entreprise  s’auto-régule et confère des droits aux actionnaires et aux médias de demander des comptes aux entreprises.

 Le débat ne s’apaise pas vraiment une fois la loi de 2011 adoptée. Les pro-quotas soulignent que la seule annonce de la loi sur les conseils d’administration a entraîné des nominations massives de femmes (50% durant les douze derniers mois), ce qui les a brusquement fait monter de 10 à 15% des Conseils d’Administration (CA). Les anti-quotas font valoir qu’on a surtout nommé des « femmes de… », multiplié les mandats de femmes déjà en place et nommé des femmes de 12 ans plus jeunes en moyenne que les hommes nommés à la même période : femmes moins expérimentées, en position d’infériorité, moins susceptibles de faire valoir leur point de vue.

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( Parmi les nommées, beaucoup de  « femmes de … »)

A travers ce site, vous serez amenés à mieux comprendre les clés de cette controverses, les causes, les conséquences et les divergences d’opinions qui s’y rapportent. Nous n’avons pas pour but de prôner une politique de quota, mais de décrire ce qui a marqué ces dernières années en matière de représentation féminine, des postes les plus simples à ceux de chefs d’entreprises.

On pourrait croire d’après les arguments exposés dans cette présentation, qu’il ne s’agit que d’une simple question binaire, du type « quotas ou pas ? ». Pourtant, la question du quota englobe bien plus que cela, et c’est précisément l’objet de notre étude de controverses.

En quoi l’outil socio-politique qu’est le quota montre déjà une certaine représentation des femmes sur la scène publique ?

La complexité de la question peut être observée dans la cartographie ci-dessous, laquelle permet de constater qu’il existe une multiplicité de domaines concernés par la question du « quota » et des « femmes ».

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Des quotas liés – ou excluant – à de nombreuses autres notions (1983-2014)

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