La députée Marie -Jo ZIMMERMANN
Natacha : Dans un premier temps parlez nous de vous, nous avons pu constaté que vous avez travaillé au sein de l’Observatoire de la Parité …
Marie-Jo Zimmermann : J’étais rapporteur au sein de l’observatoire de la parité pendant 7 ans, j’ai fait 2 mandats, c’est à dire que normalement, quand l’Observatoire a été créé en 95, le rapporteur peut être nommé 2 fois de suite, donc moi j’ai fait 2 mandats de 3 ans plus un mandat d’un an parce que on ne trouvait pas de personne qui pouvait me succéder.
N : D’accord, et donc quel était votre rôle au sein de cette institution ?
MJ Z : D’abord pour démarrer, ce que je voudrais vous dire c’est un, que je ne suis pas un produit des quotas, c’est ce qui me donne aussi une liberté de parole par rapport aux quotas, je suis ici du scrutin uninominal à 2 tours, ma première élection c’est d’être élue députée. Et c’est une des élections des élections les plus difficiles, ou non il y en a une plus difficile c’est celles pour les conseillers généraux, enfin dans l’ancien mode pas avec les binômes aujourd’hui, députée il faut déjà passer l’obstacle de l’investiture d’un parti, mais c’est sur que le fait de ne pas être un produit des quotas j’ai aujourd’hui une possibilité de défendre les quotas parce que mon expérience maintenant de 16 ans de mandat parlementaire me fait dire que malheureusement si on ne passe pas par les quotas a un moment donné on trébuche et les femmes ne sont pas là.
Alors ça c’est le premier point, deuxième point donc mon expérience de rapporteur de l’Observatoire de la Parité, alors là aussi ce qu’il faut savoir c’est que, vous regardez tous les rapports que j’ai fait à partir de 2003, en général, quel était mon travail ? Mon travail ça été de d’abord récolter le maximum de données de toutes les élections qui avaient précédés ma nomination. Ensuite chaque fois qu’il y avait une élection, que ce soit des élections municipales, régionales, législatives, cantonales, les deux jours qui suivaient je récoltais des informations. Et à la suite de ses informations le constat a été très simple, c’est que dans les scrutins de liste il n’y avait pas de problème les femmes étaient là, mais dans les scrutins uninominaux malheureusement elles n’y étaient pas. En 2004 ce qui a été extraordinaire, un des scrutins qui m’a beaucoup marqué c’est celui des sénatoriales parce que dans le scrutin des sénatoriales, pour lequel j’avais fait un guide que j’avais publié en janvier 2009, quand vous faites les résultats des élections on voit dans les élections sénatoriales de 2004 que dans les scrutins de …..Parce que dans les élections sénatoriales vous avez soit des élections uninominales dans les départements de moins de 4 sièges, et de plus de 4 sièges on a la proportionnelle. La où on voit la différence qui est très nette c’est entre 95 et 2001 parce que on a eu la loi de 2000 qui ont instauré 3 sièges et on passe entre 95 à 14% de femmes à 27% en 2001, parce que la loi de 2000 a joué, ensuite on a un peu stagné en 2004 parce que bien entendu nous intelligent on est revenu à 4 sièges, et puis ensuite on est reparti en 2008 a 27%. Alors ce qui faut voir c’est qu’on a réinstauré je crois, il faudrait voir les élections de 2014, où la de nouveau comme on est remonté à 3 sièges en principe on va remonter pour les sénateurs. Donc ça c’était un aspect, on a aussi tous les autres scrutins de liste où on voit les femmes qui augmentent entre 79 et 2004, 2004 aux élections européenne vous avez 43% de femmes, alors qu’en 99, sans la loi vous n’en avez que 40. Et là il y avait déjà eu un effort. Ensuite les élections régionales, alors là aussi, là ce qui a d’extraordinaire c’est qu’en 98 sans la loi, vous avez 20% de femmes, en 2004, avec la loi, vous avez 47% et vous avez ensuite les vices président, alors en 2004 vous passez de 47% de femmes élues à que 37% de vice présidentes. Et en janvier 2007 j’ai fait passé un amendement demandant que même les exécutifs des conseils régionaux, des conseils municipaux de plus de 3 500 habitants soient paritaires. Pour 2008 il faut regarder sur le site de l’Observatoire.
Donc ce qu’on constate c’est que quand on impose un quota, il n’y a pas de problème, dès qu’on impose pas un quota automatiquement les hommes se débrouillent pour qu’il y ait moins de femmes. Ce qui étaient très net c’est que les élections municipales de 2001, en 2001 vous avez un scrutin qui est un scrutin de liste dans les villes de plus de 3500 habitants, mais par paquets de 6, 3 hommes 3 femmes. Et généralement vous regardez les listes de 2001 vous avez d’abord les 3 hommes ensuite les 3 femmes ce qui fait que vous n’avez pas la parité au bout du compte et alors les adjoints n’en parlons même pas. Conseil régional de 2004 c’est la même chose alors que c’est des conseils généraux de gauche, on peut imaginer qu’a gauche on est plus paritaire, en fait quand la loi ne l’impose pas, on n’a pas les vices présidence qui sont paritaires. Donc c’est comme ça qu’en janvier 2007 j’ai réussi à faire passer cet amendement dans la loi de janvier 2007.
N : Mais il y a quand même des aléas …
MJ Z : A quoi ?
N : À ces lois, on peut penser que l’on ne prend pas les femmes pour leurs compétences mais parce que ce sont des femmes et que des quotas ont été instaurés …Il peut y avoir des défauts aux quotas non ?
MJ Z : Vous avez quel âge ?
N : 19 ans !
MJ Z : Je pense qu’il faut que vous fassiez très très attention, parce que rien n’est jamais acquis dans la vie, si vous voulez je crois qu’il faut vraiment faire de la pédagogie sur le fait que l’on ne prend pas une femme parce que … Si vous voulez le problème de la compétence, est ce qu’on le pose quand on fait une liste, que ce soit aux niveau des régionales ou aux municipales, on ne pose jamais la question de la compétence d’un homme. Pourquoi on pose la question au niveau de la compétence d’une femme ? Quand j’ai fait voté ma loi des 40% dans les conseils d’administration, j’avais été en Norvège, et le ministre norvégien, que j’avais rencontré à l’époque, m’avait dit vous savez il faut qu’on arrive à faire sortir de la tête des femmes qu’on les prend parce que ce sont des femmes, il faut arrêter de dire que les femmes ne sont pas compétente. Les femmes ont une autre façon d’appréhender le pouvoir, mais elles ont autant de compétences. Je vais vous dire une chose, si elles n’avaient pas autant de compétences, je peux vous assurer que quelque part les quotas ne serait absolument pas nécessaire, parce que c’est justement parce qu’elles ont des compétences qui a si vous voulez une espèce de peur de les voir arriver dans les lieux de pouvoir, parce que lorsqu’une femme arrive dans un lieu de pouvoir, elle est là, elle gère son système d’une façon tout à fait remarquable, et très souvent je dirais avec beaucoup plus de méthode qu’un homme. Parce que une femme a peut être une autre façon de réfléchir, si vous voulez le cerveaux d’une femme, et ça c’est pas moi qui le dit, gère 3, 4 choses en même temps. Un homme le tps de faire une deuxième chose en même temps il faut qu’il réfléchisse, alors qu’une femme a cette faculté de gérer beaucoup mieux. Si vous voulez, quand au début quand j’essayais de faire passer ma loi, je disais toujours « je ne sais pas si vous savez mais un homme il nait administrateur, une femme elle le devient ». Et on pose la question de la compétence quand on veut faire rentrer des femmes dans les CA, on pose la question de la formation des administrateurs quand on veut faire rentrer des femmes, et c’est là si vous voulez où je crois que les quotas c’est qqch qui est un mal nécessaire, pour 2 raisons :
- première raison et bien on a des quotas, il faut les respecter, la loi demande de les respecter, sinon il y a des sanctions, donc il faut respecter la loi et on impose des quotas et on se pose même pas de questions de savoir si c’est bien ou pas bien.
- Deuxièmement, le fait d’imposer des quotas fait revenir sur un mode de fonctionnement, sur des acquis de fonctionnement et fait réfléchir sur la formation. En Norvège par ex c’est à partir du jour où on a mis des femmes qu’on a recommencé à former ou commencé plus exactement à former des administrateurs. Et les formations elles étaient mixtes. Donc ça prouvait bien qu’on ne peut pas être administrateur de père en fils, mais administrateur c’est aussi des compétences qu’on doit avoir. Et quand on nommait un homme a un CA, on ne demandait pas les compétences qu’il avait on le nommait parce que c’était lui, parce que voilà il y avait une tradition. Une femme, quand tout au début du travail que je faisais sur la loi, moi j’ai eu des chasseurs de tête en face de moi qui me disait mais de toute manière on ne trouve pas de femmes. Sauf qu’aujourd’hui, je regardais les statistiques des femmes dans les CA on est pratiquement à 30. Le bout de la loi c’est 2017, on est en 2014, même pas à la fin de 2014 et on est déjà a 28,9%. Donc ça veut dire que quand on a la volonté de chercher on trouve, et les femmes sont compétentes, sans aucun problème. Donc moi je dis que le quotas c’est un mal nécessaire, c’est qqch qui permet peut être de renouveler parce que le fait de sortir des femmes faut sortir des hommes, voilà, et c’est le moment aussi peut être de changer le mode de fonctionnement d’un CA. Le CA c’est je dirais le cœur battant d’une entreprise, donc c’est dans le cœur battant qu’il faut qu’il y ait un autre mode de fonctionnement.
N : Mais on aurait pas pu instaurer d’autres moyens moins contraignants ?
MJ Z : Lesquelles ?
N : Inciter les entreprises .. ?
MJZ : On en serait encore 2 siècles après à l’incitation
N : Ou des quotas temporaires ?
Non mais je vais vous dire il faut être clair, vous savez, la première loi sur l’égalité professionnelle, 1972, l’égalité salariale, à travail égal, salaire égal. 83, la loi Roudy de l’égalité professionnelle, 2001 la loi Guenisson, 2006 la loi Hammelin ?. Quand on fait le bilan de tous ça, et moi j’étais à la délégation aux droits des femmes donc les bilans je les ai fait, si on ne contraint pas, vous savez les bonnes paroles, les belles promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Partant de là, c’est sympathique de dire mais on aurait pu faire autrement, sauf que depuis 72, ça fait quand même attendez on pensait encore vraiment pas à vous ça c’est sur, donc ça veut dire que je crois qu’aujourd’hui le temps est venu d’imposer. Quand on ne comprend pas naturellement et bien il faut imposer.
N : Et pourquoi cette barre des 40%, comment avez vous choisit ?
Oui, parce que même la dans la dernière loi sur l’égalité de Madame Belkasem, mes collègues de la délégations ont souhaité monter à 50. Alors 50 ça donne une rigidité alors que 40 ça donne une modulation, je dirais que, bon moi aussi au départ je vous cache pas que j’estimais que la parité c’est 50/50, c’est le ministre Norvégien également qui m’a expliqué que 40 ça donnait une souplesse dans le système qui faisait qu’on peut très bien un jour se retrouver avec 40% d’hommes et 60% de femmes.
N : C’est comme cela que se construit un quota …
MJ Z : Absolument
N : Nous avons également vu dans vos rapports que vous avez interrogé des syndicats, des représentants d’entreprises, et nous nous demandions si les sociologues du genre faisaient aussi partie du débat étant donné que l’on a vu qu’ils ont travaillé à ce sujet
MJ Z : Les sociologues de qui ?
N : Les sociologues du genre
MJZ : Qu’est ce que c’est que ça ?!
N : Ce sont des sociologues qui se sont intéressé à la question des quotas pour les femmes et on se demandait si leur voix était importante dans la controverse ou non.
MJ Z : Vous avez des noms ?
N : Catherine Achin … Je n’ai pas beaucoup de noms en tête, mais ce n’est pas grave …
MJZ : Non non, je vous pose la question volontairement, parce que je crois qu’il faut qu’on fasse très attention aujourd’hui aux expressions. Parce que je dirais que, si vous voulez bon moi j’ai jamais été je dirais dans la philosophie de sociologue du genre et compagnie sauf que quand je fais ce travail je le fait à partir de statistique à l’observatoire de la parité, à partir de rapport également à la délégation aux droits des femmes, cad le bilan d’une loi, et quand je vois que par ex en 2003 vous avez allez bien 70 à 80 % des entreprises qui ne respecte pas le rapport de situation comparé j’ai pas besoin pour avoir un sociologue que genre pour me dire … Autant moi je comprend très bien la problématique de l’égalité entre les hommes et les femmes mais je crois si vous voulez que moi toute les constatation que j’ai posé ce sont des constatations qui ont été faites à partir de chiffres, dans une élection municipales quand vous avez 30% de femmes en 2001 qui sont conseillères municipales, que vous tombez à 20% d’adjointe moi je vous pose la question pourquoi on est pas à 30 ? Quand en 2008, là la loi heureusement elle est passé par dessus car celle de janvier 2007 a fait appliqué le fait que y avait des adjoints c’était paritaire, et en 2003 d’ailleurs au bénéfice du 49,3 on a mis les scrutins européens, municipaux, régionaux, tout à la parité stricte comme ça on discute pas, terminé. Parce que je suis du genre, quand ça va pas bon je tape sur la table et puis en tant que législateur…Vous savez votre temps législatif il est court, et le mien était encore beaucoup plus court parce qu’à droite on est pas forcément paritaire.
Si vous voulez à partir du moment où dans les chiffres vous voyez que c’est pas naturel, donc automatiquement euh … Et en plus je sais que les femmes sont compétente, donc là il faut légiférer, et je vous dit le temps législatif il est court. Bon il a été court pour moi parce que 10 ans c’est rien dans une vie parlementaire, 10 ans c’est rien pour passer une loi, parce que passer une loi je vais vous dire c’est pas forcément évident, et d’autant plus que la loi des 40% j’ai été obligée de réformer la constitution, cad de passer un amendement dans la réforme constitutionnelle pour pouvoir continuer à légiférer.
N : L’assemblée a t-elle d’autres projets pour les femmes ? Parce que tout à l’heure vous nous parliez du projet de la ministre Najat Vallaud Belkasem, qu’est ce que vous en pensez ?
MJ Z : Vous l’avez vu la loi qui a été votée ?
N : Oui, qu’est ce que vous pensez de ça, est ce que vous pensez que ça va dans le bon sens ?
MJ Z : Naturellement, tous ce qui va vers l’égalité va dans le bon sens.
N : Même si cela n’impose pas de quotas comme votre loi.
MJ Z : Mais vous n’avez pas besoin de poser de quotas puisqu’ils sont là, l’essentiel c’est qu’ils ont pas été enlevé donc ça prouve bien si ils n’ont pas été enlevés qu’ils sont nécessaire. Sinon ils auraient été enlevés.
N : Mais justement, votre loi se « limite » bien que cela soit déjà énorme, aux CA, mais est ce que vous pensez qu’il faut étendre cela à d’autres sphères ?
MJ Z : Mais tout à fait ?
N : Parce que à ce niveau seul les femmes qui ont fait des hautes études, qui bénéficient de ça, je veux dire que des femmes lambda dans la vie de tous les jours, dans leur travail de tous les jours ne bénéficie donc pas de ces quotas …
MJZ : Non mais attendez la femme lambda elle a la loi sur l’égalité professionnelle, je dirais qu’il y a une loi qui a été votée en 83 et qui a été votée en 2001, et qui a été un tout petit peu modifié en 2006 ce qui a été une erreur d’ailleurs, mais même celle que Najat est en train de faire voter en ce moment, c’est une loi où on met l’accent sur la rapport de situation comparé, où notamment…Vous savez ce que c’est le rapport de situation comparé ? Non, d’accord, qu’est ce que c’est le rapport de situation comparé, dans une entreprise de plus de 50 personnes vous avez l’obligation de faire un rapport, on met au moment de l’embauche l’évolution de carrière, les propositions de formation, vue professionnels, vie familiale, on le met sur un tableau et on voit si on gère a égalité un homme et une femme. Et si les entreprises ne le font pas, elles sont pénalisées a 1% de la masse salariale. Donc ne dites pas que rien n’a été fait sur la femme lambda, je vais vous dire en plus dans la loi des 40% vous avez un article 8 qui vous met en évidence le fait que tous les ans les entreprises doivent faire un rapport sur la politique d’égalité dans l’entreprise, donc fatalement la femme lamda sera concernée par ça.
Margaux : J’ai une question à vous poser, quand on compare avec la Norvège qui a instauré aussi un régime de quotas, ils n’ont pas instauré pour les petites et moyennes entreprises donc pour les entreprises familiales parce que forcément il y a moins d’employés, est ce que vous pensez qu’il serait bon de faire des quotas pour les …
MJZ : Oui, mais je pense que ça va se faire
M : Ou dans le secteur privée ?
MJZ : Mais le secteur privée est concerné, et la loi Sauvadet ça été le secteur public, en mars 2012 vous avez la loi Sauvadet qui a appliqué les 40% dans la fonction publique, territoriale, hospitalière et compagnie, donc la preuve que les quotas c’est pas tout à fait idiot
M : D’accord donc même pour les petites entreprises il faudrait…
MJZ : Moi je dirais que dans toutes les entreprises où il y a un conseil d’administration moi je pense que ça serait pas inutile, alors peut être pas dans les petites entreprises avec des pénalités, mais l’incitation oui. Parce que je suis très favorable à la présence des femmes parce que les femmes soulèvent au CA des problèmes que les hommes ne font pas, et moi je vois aujourd’hui les femmes qui sont dans les CA me relatent le changement de fonctionnement d’un CA depuis que la loi a été votée.
M : Vous avez dit vous même que pour qu’une femme rentre un homme doit partir, est ce que vous pensez…
MJZ : La première étape ça été de rajouter, bon aujourd’hui à mon avis il faudrait qu’il y en ait qui partent.
M : Mais est ce que vous ne pensez pas que au lieu d’intégrer les femmes ça va plutôt provoquer un rejet …
MJZ : Ca on s’en fou, alors ça, non mais attendez, est ce qu’à un moment ou un autre qqu’un se pose la question quand on est obligé de dire « ba écoutez il n’y a pas de place pour vous ». Personne ne se pose la question. Donc attendez excusez moi mais il y a une loi il faut l’appliquer.
N : Mais les femmes vont pas subir ses tensions au sein de l’entreprise ?
MJZ : Ba écoutez ce n’est quand même pas non plus des midinettes, voilà, écoutez …
N : Après c’est ce qu’on entend nous, c’est ce qu’on a pu lire dans nos recherches…
MJZ : C’est à dire ?
M : On a lu pas mal d’articles scientifiques en fait, qui posaient les problèmes, les limites des quotas, se que ça pouvait engendre, et justement il y avait se point là avec la discrimination des femmes dans l’entreprise.
MJZ : Alors là je vais vous dire, ceux qui écrivent des articles ils sont très sympathique sauf que je suis pas convaincu que les femmes qui sont dans cette situation apprécierait, pas du tout. Je veux dire, le misérabilisme sur les femmes, les femmes n’apprécient pas.
N : Dans tous les travaux que vous avez faits pour votre loi de 2011 sur les quotas, quels étaient les acteurs contre que vous avez pu rencontrer, est ce qu’il y a des gens qui se sont positionnés contre ces quotas ?
MJZ : Ah ba attendez, c’est normal, à partir du moment où vous bousculez des habitudes, c’est tout à fait normal que vous ayez qques difficultés à faire passer les choses, et les regrets que j’ai pas ex dans la dernière lois sur l’égalité, c’est qu’on ait pas fait passé d’amendements sur la représentation des femmes dans les syndicats. Parce que je crois que c’est là aussi si ça ne va pas. Moi je vous cache pas que si vous avez vu ma proposition de loi initiale, qui était dans les conseils d’administration, dans les organisations syndicales, et aux élections prudhommales, vous verrez que ma volonté était effectivement de féminiser un maximum les instances où il y a un dialogue qui se fait par rapport à la politique d’égalité.
M : Mais selon vous quels étaient les acteurs prépondérants qui étaient contre vous ?
MJZ : Ca été les chez d’entreprises, ça été les PDG, mais qui aujourd’hui sont obligé de reconnaître que ça pas été non plus la fin du monde bien au contraire, et très souvent aujourd’hui les uns et les autres me disent ça été une chance je dirais, à un moment où qque part les entreprises étaient déjà en difficultés, l’apport de nouvelles personnes a redonné une autre dynamique donc l’effet n’est pas trop négatif.
N : Nous avons vu qu’une directive a été votée le 20 novembre 2013 au Parlement européen…
MJZ : Oui, insuffisante. Je lui ai dit à Reading, c’est quelqu’un que je connais bien, et d’ailleurs j’ai tjrs pas compris pourquoi elle a cédé. Parce que je crois que 30% c’est symbolique. 40% je pense que c’est qqch qui donne le coup supplémentaire pour fonctionner correctement.
N : Mais pensez vous que c’est tout de même bien que l’on légifère au niveau européen ou il faut mieux rester au niveau national…
MJZ : Le problème se n’est pas légiférer au niveau européen, c’est qu’à partir du moment où un pays comme la France a légiféré a 40, j’aurai espéré que l’Europe légifère à 40, et je l’ai dit à Reading.
N : Seriez vous pour le schéma inverse, promouvoir la place des hommes dans des métiers dit de femmes ?
MJZ : Bon mon dernier rapport ça été de faire un rapport sur les femmes dans tous les métiers, moi je vais vous dire, personne n’empêche un homme d’être sage femme, personne n’empêche un homme d’être secrétaire de direction, ça me dérange pas beaucoup mais faire la promotion non mais attendez j’ai déjà assez de travail à faire la promotion des femmes.
N : Avez vous qque chose à ajouter ?
MJZ : Oui que vous auriez intérêt les unes et les autres, alors j’ai pas entendu les 3 autres, mais vous auriez intérêt à défendre l’égalité, parce que …
N : Ah oui, mais nous on a fait un peu exprès par rapport à ce qu’on a lu, personnellement je n’ai pas encore d’avis net sur la question mais…
MJZ : Ba vous auriez intérêt à en avoir, parce que dites vous bien que les combats des uns et des autres ont mené, rien n’est acquis dans la vie. Et je crois qu’il faut que vous fassiez très attention dans votre génération. La génération des 30 40 a compris. Cad que se battre vraiment, dans leur vie professionnelles, j’en rencontre suffisamment, et je dirais que c’est essentiellement pour elle que je me suis beaucoup battue sur la loi des 40%. Mais je crois que dans votre génération faut vraiment que vous vous secouiez parce que rien n’est acquis.
N : Oui on le voit ces derniers temps, avec l’IVG…
MJZ : Ce n’est pas là dessus, je dirais que ce n’est que le haut de l’iceberg, mais le reste, attention, attention. Je vais vous dire, tout à l’heure quand vous m’avez posé la question des compétences des femmes etc, je crois qu’il faut que vous soyez convaincues d’abord de vos compétences et non pas être suffisantes, orgueilleuses et compagnie, c’est pas ça, c’est le fait de dire, vous regardez les résultats du BAC, regardez dans les sections scientifiques, il y a plus de femmes que d’hommes qui ont le bac donc faites très attention.
Voyez, je vous donne un exemple, je suis en train de terminer ma liste pour les municipales sur Metz, les hommes pas de problèmes, j’en trouve à la pelle, là j’ai une jeune femme chez d’entreprise, qui est une femme remarquable, présidence du CJD, elle est prête à venir mais elle me dit il faut que je vous pose des questions…Un homme jamais il me pose une question, jamais. Elle c’est une jeune chef d’entreprise, qui a 2 enfants qui sont élevés, donc elle a plus de charge de famille, elle a juste son entreprise, mais elle a peur de ne pas être à la hauteur. Un homme jamais, jamais, ils se battent pour être dans les 10 premiers, alors que bon il y a 55 personnes sur la liste, y a 54 places. Elle je lui propose d’être adjointe, parce que je pense qu’elle a les compétences. Une femme se pose tjrs la question. C’est pour ça que la loi est faite aussi. C’est un moment donner lui dire : stop mtn on y va.
M : Est ce que c’est parce qu’on a le gout de bien faire ou de mieux faire ?
MJZ : Oui, et la peur de commettre des erreurs. Et c’est pour ça tout à l’heure quand vous m’avez posé la question de la compétence, c’est qqch euh, il faut être très prudent parce que si vous voulez, vous savez quand vous êtes en entretien d’embauche avec qqu’un il faut faire très attention parce que la petite faille vous la trouvez tout de suite, un homme n’aura jamais une question comme ça, il ne se posera jamais la question de la compétence. Et là par exemple quand on vient de légiférer sur les congés paternité, je vois que dans mon groupe parlementaire ça été la révolution. Et bien moi je dis non, pq une femme doit avoir cet handicap du congé parental et l’homme ne doit pas l’avoir. Mon mari était ingénieur, et bien c’est vrai que je ne le voyais pas élevé les enfants. Mon fils a une donne situation au Luxembourg, et bien je suis convaincue que il prendra son congé parental quand il y aura le deuxième, à c’est sur il est en plein dans la période entre 30 et 40 ans où on fait sa carrière, mais ma belle fille aussi !
N : La question de la compétence, c’est vraiment parce que on l’a lu …
MJZ : Et oui parce que c’est toujours l’argument !
N : C’est ce qui revient à chaque fois
MJZ : Et je crois qui faut vraiment tordre le coup à ça, bien mettre l’accent sur le fait que, quelqu’un qui a fait polytechnique, que ça soit une homme ou une femme. Moi j’ai vu des femmes polytechnicienne au moment où j’ai fait voter ma loi, vraiment brillantes, sortant dans la botte de leur école. A 40, 42 ans des hommes qui étaient loin derrière dans le classement avaient des situations largement supérieures! Et c’est ces femmes là qui m’ont données encore plus la volonté de me battre, parce que c’est pas tolérable ça.
A l’époque je me souviens j’avais rencontré 2 polytechniciens, une fille et un garçon, tout les 2 sortant de la même promo : un partant directeur de la com dans une grosse boite nationalisé, la fille pareil : 20% d’écart de salaire à l’embauche. C’est pas tolérable. Alors que la fille était devant lui en classement de fin d’étude. On rêve ! Quand une fille est en entretien, celui de tous les ans, je vois ma fille est cadre dans la fonction publique, mais tous les ans sont patron lui demande quand est ce qu’elle a envie d’avoir un enfant. J’ai quand même une fille qui a une mère qui s’est défendue là dessus, alors que moi j’ai jamais été concernée, étant enseignante, mais j’ai quand même une fille qui a été affolée pour son entretien parce que il fallait quelle annonce qu’elle allait se marier. Ca c’est pas tolérable ! Ca montre bien que aujourd’hui encore, il ne faut lâcher sur rien. Et les compétences vous avez autant de compétences sinon plus que les hommes.
N : Donc ces quotas vous voulez les instaurer pour un peu changer les mœurs.
MJZ : Absolument, c’est ça, c’est vraiment, je dirais le quotas c’est vraiment pour imposer qqch qui ne vient pas naturellement.
Margaux : Et outre l’argument de l’incompétence, il y a aussi l’argument de la maternité, vous n’avez pas peur que l’on atteigne jamais le taux de quotas parce que les hommes auront tjrs peur d’embaucher des femmes.
MJZ : A bah ça de toute les façons il faut faire évoluer les mentalités ce qui n’est pas évident
M : Ne faudrait il pas voter d’autres lois concernant la maternité … ?
MJZ : Ca y ait c’est fait, vous avez le congé de paternité.
MJZ nous demande de lui envoyer des infos sur sociologues du genre puis ajoute :
J’ai vraiment eu la conviction que, du moment où j’étais dans un lieu de pouvoir il fallait que je fasse avancer les choses. Une loi pour la voter, il y a un temps législatif, il n’est pas long et ce temps là il faut l’utiliser au maximum, donc je ne vais pas commencer à me poser la question sur la discrimination et tout ça, j’estime que c’est une justice à rendre aux femmes, qu’on ne pose plus la question des compétences, la question de si, de ça, et à partir du moment où une femme pose une candidature, si elle a un CV qui tiens la route, voilà. On va pas se poser la question, si elle a se CV, elle l’a fait son CV, elle l’a pas volé.
M : Est ce qu’on a une véritable transparence sur les inégalités de salaires dans les entreprises ?
MJZ : Normalement on devrait en avoir, mais je ne suis pas convaincue. C’est à dire que le rapport de situation comparé doit le donné, c’est là où je tire mon chapeau à Belkasem qui aujourd’hui sanctionne. Et elle a raison.