Magasins spécialisés contre buralistes : qui doit vendre?

A l’heure d’aujourd’hui, il n’y a pas de restriction sur la vente des cigarettes électroniques. L’enjeu est pourtant de taille car les volumes concernés ne cessent de croître. Les principaux acteurs de cette vente sont les buralistes qui ont su s’adapter aux changements du marché en proposant rapidement ce nouveau produit et les vendeurs spécialisés qui fleurissent actuellement un peu partout. On en compte plus de 2000 en France selon le site VapoGuide[1] alors qu’il n’était que quelques centaines il y a un an. Comment peut on envisager l’évolution de la vente de la cigarette électronique entre ces deux acteurs?

 

Chaque acteur tente de légitimer sa position en mettant en avant les raisons qui doivent lui permettre d’obtenir le monopole.

 

La confédération des buralistes demande à ce que le Gouvernement aille jusqu’au bout de la logique de réglementation en confiant la vente de la cigarette électronique à un réseau déjà agréé : les buralistes. Cette affirmation découlerait d’abord du caractère même de la cigarette électronique; celle-ci s’apparente fortement aux cigarettes que l’on connaît, par son nom, sa forme, la gestuelle associée, la clientèle visée et la présence possible de nicotine. De plus, selon les textes actuels, la cigarette électronique est un produit qui devrait être assimilé au tabac. La définition de ce type de produit est donné par l’article L.3511-1 du Code de la Santé publique précisant que sont considérés comme produits assimilés au tabac « des produits destinés à être fumés même s’ils ne contiennent pas de tabac». Or en poursuivant cette logique, les seuls établissement qui peuvent vendre de façon réglementée ce produit sont les débitants de tabac[2].

 

Selon les vendeurs spécialisés, les buralistes n’ont pas plus de légitimité à vendre des cigarettes électroniques qu’eux à vendre des cigarettes classiques. Les deux produits sont totalement différents. Leur composition est différente et les effets sur la santé qui justifiaient le monopole de vente sur la cigarette ne sont pas démontrés. Certains vendeurs pensent qu’il faudrait une législation qui impose aux vendeurs d’e-cigarettes d’être spécialisés pour expliquer à un client comment le produit fonctionne: manipulation de la batterie, remplissage des e-liquides, présentation de tous les modèles. Ils mettent en avant le service qui accompagne la vente dans leurs magasins; ils font notamment essayer le produit au consommateur. Ainsi, ils suggèrent que les débitants de tabac aient au moins une formation quant à l’utilisation et la façon de vendre un tel dispositif. Dans l’état actuel des choses, les  vendeurs spécialisés se disent donc plus compétents pour vendre ce nouveau produit. La formation qu’ils pratiquent auprès des clients permet en plus d’éviter les problématiques de mésusages du produit.

Peut-on imputer la dangerosité de la cigarette électronique à un mésusage ?

Par ailleurs, certains vendeurs mettent en avant la qualité de leur produit (lien normes qualités européennes?) qu’ils garantissent parfois plusieurs mois et émettent pour certains des réserves quant à la qualité des produits vendus par d’autres enseignes. [3]

 

Le CACE qui est un regroupement de revendeurs de cigarettes électroniques va bien également dans ce sens en militant pour la professionnalisation du réseau de distribution et une amélioration de l’information à destination des nouveaux consommateurs. [4]

 

D’autres acteurs se sont prononcé sur le sujet de cette compétition.

 

La ligue contre le cancer n’a pas apprécié l’utilisation par certains vendeurs autopsie_meurtrierspécialisés de leur affiche “autopsie d’un meurtrier” qui signifierait que la ligue donne son aval à la vente et à l’utilisation de la cigarette électronique alors que celle-ci émet encore quelques réserves sur le développement brutal d’un nouveau produit apparenté au tabac. Par ailleurs, la ligue critique la prétendu formation de certains vendeurs qui ne sont manifestement pas au courant des doses de nicotines à prescrire. Si la ligue ne donne pas plus de détails sur le lieu ou doit être vendu la cigarette électronique, elle souhaite un plus grand encadrement de cette vente par les autorités. [5]

 

D’une manière générale, les professionnels de santé demandent un encadrement plus important de la vente mais ne tranchent pas sur la compétition entre buralistes et vendeurs spécialisés.

 

Cependant, tous les acteurs s’accordent pour dire que l’implantation rapide de nombreux magasins n’est pas viable et que le marché imposera prochainement la fermeture de bon nombre de ces enseignes.

Bibliographie :

[1] VapoGuide, Annuaire des boutiques d’e-cigarettes [en ligne], in Site de l’Annuaire des magasins de Vapote, 2014. Disponible sur : http://www.vapoguide.fr/annuaire/

[2] Confédération des buralistes, Pour une cigarette électronique chez les buralistes [en ligne], in Site de la Confédération des buralistes, 2013. Disponible sur : http://www.buralistes.fr/actualites/pour-une-cigarette-electronique-chez-les-buralistes

[3] Interview d’un vendeur de cigarettes électroniques

[4] Site du CACE. Disponible sur : http://www.e-brumair.com/

[5] Interview de la ligue contre le cancer

Image disponible sur:

http://vadeker.net/humanite/apercu/autopsie_d-un_meurtrier.html