C’est la crise


Espoir des 2°C et prévisions

Dans Tout peut changer  toutpeutchanger  , l’essayiste et journaliste canadienne Naomi Klein nous met face à l’urgence du dérèglement climatique, et de ses conséquences. Elle cite Lonnie G. Thompson, professeur à l’université d’Etat de l’Ohio et spécialiste de la fonte des glaciers.   « A l’instar des autres scientifiques, la plupart des climatologues sont du genre flegmatique. Nous ne sommes guère portés sur l’envolée lyrico-apocalyptique. En général, nous sommes beaucoup plus à l’aise à travailler dans nos laboratoires ou à recueillir des données sur le terrain qu’à donner des interviews à des journalistes ou à témoigner devant des commissions parlementaires. Dès lors, pourquoi des climatologues parlent-ils haut et fort des dangers du réchauffement planétaire ? La réponse, c’est que nous sommes aujourd’hui pratiquement tous convaincus que ce réchauffement représente un danger réel et immédiat pour la civilisation. »  

Et les données ne font que confirmer son propos et celui des multiples voix nous prévenant de ce qu’il n’est plus possible d’empêcher. Plus seulement des scientifiques, mais aussi les institutions officielles, telle la Banque Mondiale. Qui dans   un rapport de 2012 « En approchant et dépassant les 2°C, le réchauffement planétaire risque de déclencher des phénomènes non linéaires irréversibles. Parmi ceux-ci, mentionnons la désintégration de la calotte glaciaire de L’Antarctique occidental, qui pourrait accélérer la hausse du niveau de la mer, et la dégradation à grande échelle du fleuve Amazone, lequel aurait un effet dévastateur sur les écosystèmes, les cours d’eau, l’agriculture, la production d’énergie et les moyens de subsistance des populations. De tels phénomènes, qui pourraient contribuer à leur tour au réchauffement planétaire au cours du XXIème siècle, auraient un impact sur tous les continents. »  , explique que l’objectif de stabilisation de la hausse de la température à 2°C (de plus qu’à l’ère industrielle), objectif fixé à la conférence de Copenhague de 2009, est loin d’être une assurance de limiter les dégâts.

Aujourd’hui, nous en sommes à +0,8°C. On pourrait penser que nous en sommes encore loin de dépasser les 2°C. Malheureusement, un autre extrait du rapport éteint cet espoir :

 « au train où vont les choses, le monde sera plus chaud de 4°C [à la fin du siècle] et sera marqué par des vagues de chaleur extrême, un déclin des réserves mondiales de nourriture, la perte d’écosystèmes, l’appauvrissement de la biodiversité et une hausse du niveau de la mer qui mettra des vies en danger. (…) De plus, il n’existe aucune certitude que l’adaptation à un monde plus chaud de 4°C soit possible ».

Selon les mesures envisagées, la hausse de la température d’ici la fin du siècle est donc variable, mais toujours catastrophique, et jamais inférieure à +2°C. Ainsi le GIEC envisage-t-il différents scénarios d’optimisme décroissant dans son cinquième rapport sur le changement climatique et ses conséquences, publié entre fin 2013 et 2014. Les nouveaux scénarios fixent a priori différents niveaux de déséquilibre énergétique et leur niveau de concentration en GES (gaz à effet de serre) compatible. A partir de ces concentrations sont déterminés des scénarios d’émission de GES qui en retour permettent de calculer des scénarios socio-économiques compatibles.

Par exemple, le scénario RCP 2.6 correspond à un important effort de réduction des gaz à effets de serre, d’où une augmentation ne dépassant pas ou à peine les 2°C. En revanche, le scénario RCP 8.5 correspond à la continuation des émissions actuelles (c’est-à-dire peu de mesures contraignantes). Ce dernier scénario est considéré comme le plus probable par le GIEC ; il aboutirait à une augmentation de 6°C.

Qu’est-ce que des tels chiffres peuvent signifier de concret ?


Ce que nous apprennent les climatologue :

Toujours selon les données collectées par le GIEC, on apprend que les conséquences de ces deux petits degrés supplémentaires sont, entre autres : la hausse du niveau de la mer pourrait être plus importante que prévue, menaçant une personne sur dix dans le monde ; les évènements météorologiques exceptionnels se multiplieront et seront plus intenses (sécheresses, pluies diluviennes…) ; le volume de la cryosphère est en diminution permanente, et qui s’accélère avec les années.

Surtout, le rapport du GIEC fait le point sur l’origine de ces changements. Si les simulations climatiques prouvent qu’entre 1400 et 1950 les variations de température peuvent être expliquées par les éléments naturels (éruptions volcaniques ou variations solaires), elles prouvent également que les variations post 1950 ne peuvent être expliquées seulement si on inclut les activités anthropiques, qui sont de plus le principal facteur de variations. Les simulations de 1995 évaluaient la certitude de la responsabilité humaine à 50%. Depuis le 5ème rapport, on en est à 95%.


La raison principale tient dans l’augmentation des gaz à effet de serre :

Depuis la révolution industrielle au XVIIIème siècle, les activités humaines émettent des gaz à effet de serre supplémentaires. Ceci s’accumulent dans l’atmosphère, et retiennent davantage de chaleur qu’à l’état naturel, à l’origine d’un effet de serre additionnel et indésirable. Ces émissions ont augmenté de 70% entre 1970 et 2004, et continuent d’augmenter, car aux pays occidentaux il faut ajouter la prise en compte des nouveaux pays industrialisés qui contribuent grandement aux émissions (Chine et Inde en particulier).

courbe carbone

Les principaux gaz à effet de serre sont : le  CO2  Dioxyde de carbone qui représente 77% des émissions de GES d’origine humaine (Il résulte essentiellement de la combustion des énergies fossiles (transport, industrie, agro-alimentaire, habitat, etc.) et du changement d’utilisation des sols (agriculture et déforestation)) ; le  méthane  principalement émis par le secteur agricole (rizières, élevage des ruminants, déjections animales) ; le  protoxyde d’azote  surtout produit par le secteur agricole (épandage d’engrais azotés sur les sols) et certaines industries chimiques ; les  gaz fluorés  qui n’existent pas à l’état naturel (On les trouve dans les systèmes de réfrigération et de climatisation, dans les aérosols et les mousses isolantes et dans certains procédés industriels) .


 

Le CO2, cet ennemi

La moyenne planétaire de rejet par habitant de CO2 est de 4,4 tonnes par an ; ce chiffre varie beaucoup selon les pays. Un français rejette environ 5,7 tonnes de CO2 par an et 8,6 tonnes équivalent C02, si l’on prend en compte les autres GES.

Or la Terre ne peut recycler naturellement qu’onze milliards de tonne de CO2 par an environ. Une population de sept milliards implique une réduction des rejets à 1,6 tonne de C02 par habitant.

Une population de 9 milliard implique une réduction des émissions par rapport à 1990 de 80% à 90%.

On en est loin.


Les sommets sur le climat

Réduire les émissions de gaz à effet de serre, définir l’économie verte, relever les défis émergents… Depuis 1972, avec le sommet de Stockholm, les Etats se réunissent régulièrement afin d’obtenir des accords plus ou moins contraignants pour améliorer la situation climatique. On se souvient de Kyoto (1997), et du protocole ratifié par 184 pays, mais pas les Etats-Unis et la Chine pour des raisons de développement économique. Il visait à réduire les émissions de GES. En 2009, la conférence de Copenhague fixait le fameux objectif des 2°C ; l’accord n’est pas juridiquement contraignant. La conférence de Lima, qui précède le COP 21 à venir à Paris, reste aussi dans les mémoires comme une réussite en demi-teinte, comme l’a déploré Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations unies pour le climat « Les gouvernements à Lima ont fait le strict minimum pour garder le processus de négociations multilatéral en vie, mais ils n’ont pas fait assez pour convaincre que le monde est prêt à adopter un accord sur le climat ambitieux et équitable l’an prochain à Paris ».

A la conférence de Durban (Afrique du Sud) en 2011, l’étudiante canadienne Anjali Appadurai déclarait à la conférence des nations unies sur le climat :

« Vous négociez depuis que je suis née. Pendant tout ce temps vous avez failli à respecter des objectifs, manqué des cibles et rompu des promesses. »

Restent les promesses de la conférence pour le climat de Paris.

Surtout, toutes les mesures prises par les Etats n’ont pas été abstraites ; et discrètement mais sûrement sont évoquées de multiples méthodes de lutte contre le climat. Cette publicité qui est accordée à ces idées (n’entendons-pas plus les militants écologistes durant les périodes de sommets ?) ou à ces techniques leur permet d’accélérer leur mise en place et leur développement.

Tel est le cas du biochar, terme à la popularité croissante.

Citons ainsi Laurens Rademakers, dans une interview accordée à Mongabay : « Certains des plus influents climatologues et environnementalistes ont élevé la parole en faveur du biochar. Par exemple : James Hansen, de la NASA, l’homme qui a lancé aux Etats-Unis le débat sur le réchauffement climatique dans les annés 1980 ; James Lovelock, père de la théorie de Gaïa et gourou de l’écologie par excellence, ou Tim Flannery, la voix la plus entendue sur le climat en Australie. Richard Branson veut investir. Le biochar a été à l’agenda des conférences sur le climat (Bali, Copenhague).  Le président des Maldives a dit que le biochar est le seul moyen d’empêcher son pays de sombrer. En bref, il y a une attention croissante pour le biochar, mais cela reste un concept récent. Nous devons lui laisser du temps, et le tester en profondeur ».


Nous savons pourquoi le débat autour de l’utilisation du biochar a lieu : ses défenseurs prennent comme argument la lutte contre l’état actuel alarmant de notre planète. Il faut désormais comprendre pourquoi le biochar pourrait-il être une solutionflèche

Les vertus de cette terre sont souvent discutées voire réfutées…mais pourquoi ?