Méthodes comportementales pour adapter l’autiste à la société
“Les structures innovantes, ce sont les prises en charge éducatives et comportementales que nous avons défendues”
(M’Hammed Sajidi)
Une première approche du problème de l’autisme est d’adapter l’enfant autiste à la société en traitant directement les troubles autistiques à l’aide de méthodes comportementales. La recherche, dans ce cas-ci, s’intéresse à comprendre le comportement de l’enfant autiste et à le corriger afin qu’il s’insère plus facilement dans la société. Le rôle de l’école est fondamental dans l’application de ces méthodes. En effet, elles doivent être appliquées à tout instant, en particulier dans le milieu scolaire qui permet de développer la communication et les interactions avec les autres. Les méthodes les plus connues sont les méthodes TEACCH et ABA, qui sont recommandées en France par la HAS (Haute Autorité de Santé) et plébiscitées par beaucoup de parents. Elles n’incluent cependant aucune démarche explicative concernant l’apparition des symptômes. Par ailleurs, un réel débat scientifique existe quant à leur efficacité.
La méthode TEACCH propose d’aider les autistes à mieux appréhender l’espace et le temps en les structurant de manière visuelle.
Méthode TEACCH : pour en savoir plus »
La méthode TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication handicaped CHildren) est développée depuis les années 60 dans l’université de Caroline du Nord aux Etats-Unis. Elle donne une grande importance au fonctionnement des enfants autistes qui est le plus souvent caractérisé par une prévalence du visuel sur l’auditif, par une attention particulière aux détails ou encore par des difficultés d’attention ou de conceptualisation du temps. La méthode TEACCH propose d’aider les autistes à mieux appréhender l’espace et le temps en les structurant de manière visuelle. Concrètement, dans l’univers scolaire par exemple, cela consiste à délimiter des zones dans la classe, chacune consacrée à une activité unique (le goûter, la lecture, l’écriture ou le jeu), à l’aide de supports visuels comme des tapis de couleurs différentes, des meubles qui délimitent l’espace ou des pictogrammes. Des supports visuels comme des frises sont également à utiliser pour aider l’enfant autiste à concevoir le déroulement du temps et l’enchaînement des activités. Grâce aux différents repères visuels, l’enfant peut rentrer dans des routines qui facilitent les activités quotidiennes aussi bien à l’école qu’à la maison. La participation des parents à la mise en place de cette méthode est impérative. En effet, c’est eux qui sont garants de son application à la maison. L’université de Caroline du Nord propose une certification à la méthode TEACCH ouverte à tous pour une somme minimum de 1000$, sans compter les frais des 5 jours de scolarité. Si cette méthode compte des réussites, il reste encore des études à faire pour prouver rigoureusement son efficacité. En effet, en France, la HAS lui a associé le grade C, c’est à dire que son efficacité reste à prouver scientifiquement (faible niveau de preuve).
- Page de la méthode TEACCH sur le site de la fédération québécoise de l’autisme
Page de la méthode TEACCH du site d’une psychothérapeute
Article scientifique (en anglais) sur l’efficacité de la méthode TEACCH
La méthode ABA est un programme dont l’objectif est la modification du comportement ainsi que l’acquisition de compétences.
Méthode ABA : pour en savoir plus »
“La méthode ABA pose de surcroît des problèmes éthiques ; c’est la méthode la plus agressante parmi celles qui sont proposées actuellement.”
(J.C. Maleval)
Elle se fonde sur l’idée que les comportements humains sont calibrés par leurs conséquences directes. Elle se compose de deux types d’enseignement différents. Tout d’abord, l’enseignement « structuré » durant lequel l’enfant autiste répète des exercices/gestes de la vie de tous les jours jusqu’à ce qu’il réussisse. Les bonnes réactions sont récompensées (bonbon, jouet, félicitations, bisous,…) tandis que les mauvaises sont ignorées et corrigées de manière neutre (sans récompense ni punition). Ensuite vient l’enseignement « incidental », qui consiste à récompenser tout comportement/réaction correcte dans la vie de tous les jours (et plus seulement dans les séances d’exercices). Dans cette méthode toutes les activités quotidiennes (se laver les dents, se laver les mains,…) sont décomposées en étapes qui sont enseignées les unes après les autres, selon le même principe de récompense. La méthode ABA s’occupe également du développement et comportement verbal. Chaque consigne donnée à l’enfant est au début énoncée avec un geste, un mime de ce qu’il y a à faire, puis l’objectif est, au fur et à mesure des essais, d’« estomper » ces consignes afin que seule reste la demande orale. Cette méthode a pour inconvénient d’être très lourde : elle demande 30 à 40h d’accompagnement par semaine. Par ailleurs, on lui reproche d’être trop mise en avant (en France notamment) par rapport à sa réelle efficacité. Pour finir, elle est également critiquée car elle s’apparente à du conditionnement. Son efficacité est plus reconnue que celle de la méthode TEACCH. En effet, elle a été notée avec le grade B de la HAS, qui garantit une présomption scientifique d’efficacité.
- Site français promouvant la méthode ABA
Article – LeMonde.fr – Mise en garde contre la méthode ABA par Laurent Mottron
Méthodes psychanalytiques
“Si nous continuons à nous battre dans des conditions difficiles, c’est parce que nous sommes convaincus que l’approche psychanalyse possède une pertinence concernant le travail avec des autistes. Ce qui ne veut pas dire que c’est la seule approche pertinente : d’autres techniques obtiennent également des résultats. […]La sagesse serait de laisser la possibilité du choix.”
(J.C Maleval)
La psychanalyse propose aussi, quant à elle, des solutions au problème de l’autisme. Elle est extrêmement décriée par le gouvernement, la HAS, et certaines associations qui en font leur bête noire et l’excluent totalement du débat sur l’autisme. Par exemple, personne n’avait été invité aux 2ème rencontres parlementaires sur l’autisme du 8 avril 2015 pour défendre le point de vue de la psychanalyse sur la question. La plus grande majorité des psychanalystes se défend de toute connaissance sur les causes de l’autisme. Les méthodes qu’ils proposent se basent sur des études du fonctionnement des enfants autistes. Par exemple, une méthode fondée sur l’affinité autistique des enfants (objet spécifique sur lequel l’enfant se focalise, par exemple les films Disney ou les fleurs) a obtenu des résultats encourageants. Ainsi la scolarisation des enfants autistes et l’application des méthodes TEACCH ou ABA par exemple n’est pas l’unique solution pour prendre en charges les troubles autistiques.
–> Aller à « Considérer les mécanismes d’apparition des troubles ainsi que les causes éventuelles »