Agir sur les facteurs d’apparition de l’autisme
“Il y a certainement des facteurs environnementaux qui sont impliqués, pendant la grossesse.”
(Y. Ben-Ari)
La recherche sur l’autisme ne s’arrête pas seulement à la compréhension des symptômes et à leur prise en charge par des méthodes comportementales ou psychanalytiques. Un autre axe important de recherche sur l’autisme concerne ses causes génétiques et environnementales. En agissant directement en amont des symptômes, au niveau de ses possibles causes, les chercheurs espèrent pouvoir traiter l’autisme ou en diminuer la prévalence. Ces pistes de recherche ne s’opposent en rien aux méthodes précédentes, elles les complètent même, car elles cherchent principalement à prévenir l’apparition de l’autisme ou à en avoir une meilleure connaissance au niveau biologique.
Plusieurs centaines, voire milliers de gènes ayant un rapport avec l’autisme ont été identifiés par les généticiens. Ces recherches permettent d’avoir une meilleure connaissance scientifique de l’autisme. Cependant, agir sur ces facteurs, grâce à la thérapie génique, par exemple , pour résoudre le problème de l’autisme est complètement illusoire.
La grossesse est pour le fœtus une période d’extrême vulnérabilité. Les pesticides, les métaux lourds, les gaz d’échappement, le tabac ou bien l’alcool peuvent alors agir sur le développement de l’enfant et augmenter les risques de développer des troubles appartenant au spectre autistique. On peut cependant réduire ces risques au minimum en se prémunissant des agressions extérieures pour protéger au mieux le développement de l’enfant.
Agir sur les mécanismes d’apparition de l’autisme : la proposition de Neurochlore
D’autres travaux de recherche ont pu déterminer certains mécanismes d’apparition des troubles autistiques sans présumer des influences qu’a pu subir le fœtus. En effet, les travaux du professeur Ben-Ari ont montré que l’on pouvait relier le taux de chlore dans les neurones et l’apparition des troubles autistiques. Il semblerait que la chute du taux de chlore dans les neurones du bébé qui se produit normalement lors de l’accouchement ne se soit pas produite chez les personnes atteintes de troubles autistiques. Le taux de chlore élevé dans les neurones pourrait donc bien être l’un des mécanismes biologiques responsable de l’autisme. Le professeur Ben-Ari propose donc de traiter les enfants autistes avec un diurétique (la bumétanide) permettant de diminuer le taux de chlore dans les neurones. Il développe actuellement un médicament à base de bumétanide par le biais de sa société Neurochlore. Un premier essai clinique réalisé sur 54 enfants a déjà montré que les troubles du comportement diminuent lorsque les enfants autistes suivent un traitement à la bumétanide. Cependant, si le traitement s’arrête, les symptômes reviennent. D’autres essais sont en cours pour confirmer ces résultats. Le professeur Ben-Ari explique que ce n’est qu’un moyen de diminuer les troubles pour que l’on puisse scolariser les enfants. L’école et la socialisation des enfants autistes ont un tout aussi grand rôle à jouer dans la diminution des troubles. Encore une fois, cette proposition de traitement par des diurétiques ne s’oppose pas aux diverses méthodes comportementales ou psychanalytiques qui ont été évoquées avant. En effet, elle vient s’ajouter à un panel de moyen de traitement ou de prise en charge.
“Ce n’est pas un traitement miracle, ça ne va pas guérir tout, ça va réduire certains aspects”
(Y. Ben-Ari)
“Je pense, qu’in fine, ce qui va résoudre le problème de l’autisme, ce n’est pas nous avec nos essais et théories, c’est l’école, la société. Il faut remettre les enfants le plus vite possible dans la société. Notre médicament peut aider à relever les activités aberrantes et à leur permettre de rentrer à l’école ou dans la société. Pas plus.”
(Y. Ben-Ari)
Aller à « Adapter la société à l’autisme ? La Neurodiversité »