cartographie – les théoriciens
Son ouvrage de 2010 fonde le concept de l’économie collaborative. Le terme apparaît peu après dans la presse française. Rachel Botsman prévoit que l’économie collaborative prendra une importance considérable dans les années à venir (« I believe we are at the start of a collaborative revolution that will be as significant as the industrial revolution »), et s’est auto-proclamée « the global thought leader on the collaborative economy », mais n’a pas forcément de position ou revendication sur le sujet : elle ne fait que penser et constater un mouvement spontané. Pour elle, l’économie collaborative ne détruira pas le capitalisme, quelle que soit l’importance qu’elle prend, et pourrait même le servir. Fondatrice du site http://www.collaborativeconsumption.com/, elle publie fréquemment dans des journaux et revues de première importance, comme The Wall Street Journal, Harvard Business Review, The Economist, The New York Times, ou encore The Guardian.
Quelques citations
« Économie collaborative : économie construite sur des réseaux d’individus et de communautés connectées, par opposition à des institutions centralisées, et qui transforment la manière dont nous produisons, consommons, finançons et apprenons » ( « An economy built on distributed networks of connected individuals and communities versus centralized institutions, transforming how we can produce, consume, finance, and learn », Botsman R., 2013, The sharing economy lacks a shared definition)
« Il y a une tension inhérente à rappeler que des business multimilliardaires comme Airbnb et Uber sont fondés sur le partage » (cité par Faure G., 2014)
« Plus un site est important, plus il se protège de la concurrence et des régulations » (cité par Bosdecher L., 2013)
Publications
- What’s mine is yours: The rise of collaborative consumption (HarperCollins, 2010)
Diplômé de la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie (économie) et de la Fletcher School of Laws and Diplomacy de L’Université de Tufts (affaires internationales), il fonde en 1977 la Foundation on Economic Trends, think tank basé à Washington critiquant la mondialisation et le poids des multinationales. Dès la fin des années 1990, il prévoit qu’Internet et les nouvelles technologies auront un rôle considérable dans l’expansion du capitalisme, et envisage une très forte expansion de l’économie collaborative, qui remettra en question l’hégémonie du capitalisme comme seul système. Il travaille depuis 2012 avec la région Nord-Pas-de-Calais pour appliquer son concept de « Troisième Révolution Industrielle », qui pour lui est la seule solution à la crise écologique des prochaines années, et implique une forte décentralisation des moyens de production (d’énergie notamment).
Quelques citations
« Je prévois que dans les 25 prochaines années, 80% des véhicules vont disparaître grâce au covoiturage et à l’auto-partage. » (Husson L-E., 2015).
« En effet, ce que nous observons c’est l’émergence d’un système hybride avec d’un côté l’économie de marché, dit capitalistique, et de l’autre l’économie de partage, fondée sur les biens et services quasi-gratuits. Je considère que d’ici 35 ans, ce système dual sera arrivé complètement à maturité. » (Husson L-E., 2015)
« [En Allemagne,] nous n’utiliserons alors [en 2040, si l’objectif d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables à cette date est atteint] plus de pétrole ni de nucléaire. Et tout ça avec l’idée de partager, pas de faire des profits. » (Husson L-E., 2015)
Publications
- The End of Work: The Decline of the Global Labor Force and the Dawn of the Post-Market Era (Putnam Publishing Group, 1995) [Préfacé dans son édition française par Michel Rocard]
- The Age Of Access: The New Culture of Hypercapitalism, Where All of Life is a Paid-For Experience (PPG, 2000)
- The Third Industrial Revolution. How Lateral Power is Transforming Energy, the Economy, and the World (Palgrave Macmillan, 2011)
- The Zero Marginal Cost Society : The internet of things, the collaborative commons, and the eclipse of capitalism (PM, 2014)
Ancien PDG du groupe de conseil Ten, puis délégué interministériel à l’économie sociale, Hugues Sibille préside aujourd’hui le Labo de L’Économie Sociale et Solidaire, un think tank dont l’objectif est de “faire connaître et reconnaître l’économie sociale et solidaire, [comme] respectueuse de l’Homme et de l’environnement”. Il défend l’économie sociale et solidaire, dont il vante les mérites face à l’économie traditionnelle “financiarisée”. En particulier, il insiste sur les bienfaits sociaux et environnementaux de la première par rapport à la seconde. Il souligne en outre la distinction entre économie collaborative, économie de partage, et économie sociale et solidaire, dont les objectifs sont fortement différents. Pour lui, l’économie collaborative s’inscrit dans la droite lignée du capitalisme, dans la mesure où les biens ne sont mis en commun par l’intermédiaire qu’afin d’accroître la richesse de celui-ci (c’est le cas d’Airbnb, Uber ou BlablaCar par exemple), tandis que l’économie sociale et solidaire est fondée sur l’utilité sociale, la coopération et la solidarité.
Quelques citations
« Il faut se rappeler que la finalité d’Airbnb, ça n’est pas de mettre en relation un jeune Parisien et un jeune New-Yorkais. Sa finalité, c’est de gagner du fric. »
« Je dénonce une certaine confusion de langage subtilement entretenue. Les gens utilisent de manière synonyme, économie collaborative, économie du partage et économie sociale et solidaire. C’est une erreur : ce ne sont pas les mêmes finalités. »
Publications
- La voie de l’innovation sociale, (rue de l’Échiquier, 2011)
- Démocratiser l’économie, le marché à l’épreuve des citoyens (Grasset, 2010)
OuiShare est une association loi 1901 fondé en janvier 2012 à Paris. Elle organise chaque année l’événement OuiShare Fest, qui porte notamment sur l’économie collaborative. Elle peut être considérée à certains égards comme un think tank. L’association se définit comme « une communauté, un accélérateur d’idées et de projets dédié à l’émergence de la société collaborative » et s’est donnée pour vocation d’« accélérer la transition vers une économie plus collaborative ». Elle publie des articles via son site web OuiShare Magazine sur http://magazine.ouishare.net/fr. Son porte-parole est Arthur de Grave, rédacteur en chef de OuiShare Magazine.
L’association défend l’économie collaborative comme une solution au chômage de masse (Gauthey M-A., 2015). Elle considère le salariat comme condamné et appelle à des mécanismes politiques et économiques décentralisés, basés sur les initiatives citoyennes, qu’elle pense trouver dans l’économie collaborative.
Quelques citations
« La plupart des décideurs cherchent à maintenir sous perfusion le salariat, faute d’autres modèles » (Arthur de Grave dans Pialot D., 2015)
« Mieux vaut appréhender les nouvelles formes de travail, plus indépendantes et instables, et trouver une protection sociale adaptée au travail de demain » (dans Pialot D., 2015)
« Il y a mille manières d’agir en citoyen et de mener des actions qui ne soient ni 100 % lucratives, ni 100 % associatives » (Arthur de Grave dans Pialot D., 2015)
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