Les récentes polémiques semblent effacer la responsabilité des véhicules essence dans la pollution de l’air. En 2016, les ventes de véhicules essence représentaient 49% des ventes totales. Selon Danielle Auroi, député européenne,

« nous nous focalisons […] sur le « Dieselgate ». Mais l’on oublie complètement que l’essence est aussi concernée »

L’essence, bonne élève ?

Selon un expert en dépollution, les véhicules essence vendus en 2016 sont meilleurs pour la qualité de l’air que les véhicules diesel lors d’une utilisation réelle, hors cycle d’homologation. Mais ils présentent des inconvénients. Si le diesel est connu pour ses émissions importantes en NOx, l’essence l’est moins pour ses émissions de monoxyde de carbone (CO) mais aussi depuis peu en particules fines. Pourtant, il faut garder à l’esprit que le monoxyde de carbone est un gaz mortel, source de nombreuses intoxications domestiques. Pourtant, la norme Euro 6 autorise les véhicules essence à en émettre deux fois plus que les véhicules diesel.

« Il ne faut pas laisser croire que l’essence serait plus vertueuse que le diesel. »

affirme Delphine Batho dans un rapport de l’AN.

Des normes différentes

Les normes européennes établies actuellement ne sont pas identiques pour l’essence et le diesel, bien qu’elles tendent à s’égaliser. C’est le souhait de l’organisation européenne T&E, qui affirme qu’ « il faut des normes exigeantes, les mêmes pour l’essence et pour le diesel »

Dans un rapport de l’Assemblée Nationale, Delphine Batho montre une volonté franche d’une égalité des normes.

« Il n’est pas possible que les normes ne soient pas les mêmes pour le diesel et pour l’essence. Il n’est pas normal qu’un véhicule diesel soit autorisé à émettre plus de NOx qu’un véhicule essence et, réciproquement, que les véhicules essence […] soient autorisés à émettre dix fois plus de particules que le diesel. »

Le point des particules fines émises par les véhicules essence est particulièrement important : en respectant la norme Euro 6b, la masse autorisée est inférieure pour les moteurs essence, mais le nombre de particules qui peuvent être émises est quant à lui dix fois plus élevé. Des particules très fines peuvent donc être émises en grand nombre.

Des filtres à particules sur les véhicules essence

Les moteurs à essence récents sont équipés d’un système d’injection directe, et certains d’un mode de « turbo-injection ». La généralisation de ces technologies vise à réduire la consommation, mais entraîne en contrepartie une plus grande émission de particules fines. Ainsi peut-on observer la corrélation entre consommation et émissions polluantes. Ces nouvelles émissions de particules fines ont déjà poussé certains constructeurs comme PSA et Volkswagen à prévoir l’intégration des filtres à particules (FAP) sur leurs futures voitures, alors que ceux-ci sont obligatoires depuis 2011 sur les véhicules diesel. Essence et diesel sont intimement liés : on assiste à l’utilisation de technologies initialement développées pour le diesel sur des véhicules essence.

Va-t-on vers un Essencegate ?

Sources :

Caradisiac.com. (2016, octobre 26). Le moteur essence, autant coupable que le diesel dans la pollution aux particules fines. Consulté à l’adresse

Derek Perrotte. (2016, octobre 20). La bataille s’engage sur la pollution des voitures… essence. Les Echos

Différence entre injection directe et indirecte (2017, mars 18). Fiches-auto.fr

Laurent Martinet. (2015, septembre 29). Derrière le scandale Volkswagen, celui de la consommation d’essence? L’expansion

N° 4375 – Proposition de résolution européenne de Mme Danielle Auroi appelant à une réforme radicale de l’élaboration et du contrôle des normes régissant l’industrie automobile européenne. assemblee-nationale.fr

N° 4390 – Rapport de Mme Delphine Batho sur la proposition de résolution européenne de Mmes Danielle Auroi, Delphine Batho et M. Jean-Paul Chanteguet appelant à une réforme radicale de l’élaboration et du contrôle des normes régissant l’industrie automobile européenne (n°4375). assemblee-nationale.fr