Et aux yeux des consommateurs ?

Suite à la médiatisation du scandale Volkswagen, une méfiance s’est peu à peu installée chez les consommateurs, à la fois vis-à-vis des normes et des constructeurs.

Scandale Volkswagen et chute des ventes de diesel

En premier lieu, suite aux révélations de fraude de la part de Volkswagen, une méfiance s’est peu à peu installée vis-à-vis de la marque, puis du diesel en général. Pour Volkswagen, l’image du groupe allemand a été ternie par l’utilisation du logiciel de triche, admise assez rapidement par le constructeur. La conséquence pour Volkswagen fut une chute ponctuelle des ventes en décembre 2015, la première du groupe en 13 ans. Cependant, cette chute fut de courte durée, compensée par des ventes considérées comme « exceptionnelles » en 2016.

Cependant, selon un expert de conception de systèmes de dépollution d’un industriel automobile français, « depuis le scandale Volkswagen, le diesel a pris cher ». Le secteur diesel a connu une crise de confiance, et les consommateurs ont privilégié l’essence, selon lui. Cette méfiance se traduit notamment dans les enquêtes d’opinion et semble profiter en priorité aux véhicules hybrides.

Quelles actions peuvent-ils entreprendre?

Tout d’abord, il convient de rappeler que le dieselgate est une affaire mondiale, et que par conséquent l’affaire évolue différemment suivant les territoires. Aux Etats-unis, où la justice est très sévère en matière de fraude, l’action des consommateurs n’est pas spécialement nécessaire dans la mesure où l’action de l’Etat punit déjà suffisamment le constructeur pour la « tromperie morale » faite aux acheteurs. Une amende de plusieurs milliards de dollars a été imposée au constructeur Volkswagen suite à la révélation des logiciels fraudeurs sur le territoire américain.

En Europe, la sanction n’est pas du tout aussi simple à fixer. Tout d’abord, il n’existe pas de « justice européenne » qui permette de prendre des mesures fortes contre le groupe allemand: chaque pays membre est très attaché à son propre système judiciaire et il est donc presque impossible que tous s’accordent de façon à punir les fraudeurs à l’échelle européenne.

Actuellement en France, l’enquête a seulement lieu au pénal car les procédures au civil ne sont possibles que pour des associations de consommateurs habilitées: les consommateurs ne sont donc pas représentés, à part ceux qui ont eux-mêmes porté plainte contre Volkswagen. Dans le cas particulier de la France, le « préjudice moral » n’a aucun poids au tribunal, ce qui complique l’action des consommateurs ainsi que leur indemnisation. La seule action de consommateurs qui peut avoir du poids dans cette affaire est l’action de groupe (originaire des Etats-unis, connue sous le nom de class action), qui permet à un grand nombre de personnes de porter plainte contre un individu ou une entreprise pour obtenir indemnisation.

Logo de l’association de consommateurs CLCV

Aujourd’hui, ce type d’action est quasi inexistant en France mais est déjà employé contre Volkswagen notamment dans d’autres pays de l’Union, comme le Portugal ou l’Italie.

En France, des particuliers, comme l’élu écologiste Pierre Serne, ont déposé plainte au pénal devant le procureur de la République, entraînant l’ouverture d’une information judiciaire pour « tromperie aggravée ». D‘autre part, l’association CLCV a déposé plainte au pénal pour « tromperie sur la marchandise et pratique commerciale déloyale ».

En outre, des sites internet proposent de conduire des actions en justice au nom des consommateurs qui le souhaitent, ainsi que des négociations avec le groupe allemand pour obtenir des indemnisations. Ces sites prélèveraient alors une «commission » sur les réparations perçues par les consommateurs.

Comment restaurer la confiance ?

Pour restaurer la confiance des consommateurs, des industriels ont mis en place des tests en « usage réel », réputés très stricts. Les résultats sont ensuite publiés (en conditions réelles et en conditions d’homologation classiques) comme marque de transparence. Les industriels espèrent aussi montrer des gages de bonne foi et retrouver la confiance des consommateurs. Ces résultats sont cependant des mesures de consommation (émission de CO2) et non des mesures de polluants (NOx), ce qui peut porter à confusion.

Par ailleurs, les constructeurs placent beaucoup d’espoir dans les nouveaux cycles RDE et WLTP qui entreront en vigueur en Septembre 2017. Ils espèrent regagner la confiance des consommateurs grâce à un processus d’homologation plus réaliste et donc des valeurs d’émissions plus proches de la réalité. Ainsi plusieurs ont déjà fait des mesures selon la procédure WLTP, et mènent des campagnes d’information via leur site internet pour expliquer le WLTP et ses avantages. On peut par exemple siter Opel qui propose plusieurs articles et vidéos sur le WLTP, la consommation des véhicules, etc. Le tout surmonté du slogan :

“Plus de transparence sur la consommation plus près de la vie réelle”

 

Nos sources :

Eric Houguet. (2015, décembre 9). Crise de confiance dans l’automobile : le Diesel discrédité ! La Tribune Auto

Rejoignez notre class action européenne contre Volkswagen ! Weclaim.com

Entretien CLCV