Une méfiance ancrée dans les mentalités
Que ce soit dans les médias ou dans l’opinion publique, on rencontre une certaine méfiance de la population à l’égard des Roms.
Beaucoup de clichés et de poncifs très anciens entourent ces populations. La plupart d’entre eux remontent au Moyen-Âge. Les Tziganes et les Gitans étaient vus comme des « voleurs de poules et d’enfants ». Leur communautarisme paraissait suspicieux, tout comme leurs coutumes, étranges aux yeux des européens et français catholiques. Cette défiance peut aussi s’expliquer selon Samuel Delepine , par l’imbroglio qui entoure la provenance de ces différents groupes. En effet se mêlent en France des Gitans, des Tziganes, des gens du Voyage ou encore des Roms, tous regroupés de manière confuse sous le terme « Roms ». Ce flou sociologique a conduit à de nombreux amalgames et renforce la méfiance à l’égard de ces populations.
Le comportement communautaire de certaines familles Roms et leur refus d’envoyer leurs enfants à l’école sont souvent interprétés comme une volonté de non-intégration à la société de leur pays d’accueil. Manuel Valls a notamment déclaré que les Roms « ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ». Lisa Taoussi du CNDH-Romeurope a une interprétation tout-à-fait différente. Pour elle il ne s’agit pas d’une volonté de ne pas s’intégrer mais d’un abandon de la lutte pour l’intégration par des familles qui ont rencontré trop d’échec. Elle s’étonne même du courage et de la persévérance de certaines familles face aux expulsions.
Peur des Roms
Aujourd’hui dans les agglomérations et les villes, l’image des Roms est encore associée à la mendicité, par ailleurs les accusations de vols et d’autres méfaits sont nombreuses.
À l’image de ces accusations, en mars 2019, un scandale a éclaté en banlieue parisienne. Des personnes auraient aperçu une camionnette blanche, avec des Roms à bord qui sillonnaient les rues pour enlever des enfants.
« De fait, le mythe increvable de la camionnette et des Roms voleurs d’enfants a refait surface dans plusieurs départements d’Île-de-France »
De la rumeur au lynchage anti-Roms, Mouloud L. (2019, 28 mars). l’Humanité
Ces informations ont été relayées par de nombreux individus sur les réseaux sociaux où ils ont laissé libre cours à leur colère contre ces exactions. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre grâce à l’immédiateté de Snapchat, Facebook et Twitter. Sur les vidéos relayées on voit des personnes isoler des camionnettes blanches et les violenter, les tweets quant à eux incitent à la violence et à la haine contre les Roms.
Des riverains, excédés par ce qu’ils ont pris pour des éléments de preuve, ont donc décidé d’attaquer des camps de Roms en représailles. Ces violences inouïes ont notamment ciblé des populations vivant à Bobigny d’après l’article du Monde: Agressés après des rumeurs d’enlèvements d’enfants, les Roms de Bobigny vivent dans la peur (2019, 29 mars).
Cependant la Police Nationale avait annoncé le soir même que ces rumeurs étaient fausses et infondées ; mais les nouvelles s’étaient déjà propagées et certains tweets ont déclaré que la Police mentait pour protéger les Roms. Ces personnes ont donc décidé de faire justice eux-mêmes.
Dès le lendemain de nombreux journaux ont essayé d’étouffer la polémique en soutenant que ces rumeurs étaient totalement fausses.
La justice est intervenue puisque certains des agresseurs ont été condamnés à 18 mois de prison ferme.
Une population fragile
Selon le sociologue Samuel Delepine, les Roms font partie des populations les plus stigmatisées parce que les clichés sont les plus tenaces. De plus les perpétrateurs des actes de violence semblent vraiment désinhibés, comme s’ils se sentaient protégés parce que leurs victimes étaient justement Roms.
Il existe des associations de défense des Roms, elles prennent la défense de ces populations en essayant de leur apporter une aide financière, médicale et sociale afin d’améliorer leur quotidien et la qualité de leur séjour dans leur pays d’acceuil. Le CNDH-Romeurope par exemple, un collectif de telles associations, attribuent les méfaits commis par certains Roms à la grande précarité dans laquelle ils vivent et au manque d’implication des collectivités locales et territoriales.
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